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Niger

L'opposition réclame la démission du président Tandja

par  RFI

Article publié le 27/06/2009 Dernière mise à jour le 27/06/2009 à 20:40 TU

Mamadou Issoufou.(Photo : AFP)

Mamadou Issoufou.
(Photo : AFP)

Situation très tendue ce samedi au Niger. L'opposition réclame la démission du président Mamadou Tandja et parle d'un « coup d'Etat ». Vendredi 26 juin, le président, dont le second mandat doit s'achever à la fin de l'année, a décidé d'utiliser l'article 53 de la Constitution. En clair, il s'octroie des pouvoirs exceptionnels et gouvernera désormais par ordonnance et par décret. Son but affiché : se maintenir au pouvoir à tout prix. Face à lui, tous les partis de l'opposition, regroupés au sein du FDD, le Front de défense de la démocratie, demandent à tous les Nigériens de se mobiliser en utilisant, « tous les moyens légaux pour faire échec à cette entreprise de liquidation de la démocratie ».

Dans une déclaration lue ce samedi devant la presse par son chef de file, Mamadou Issoufou, le FDD, le Front pour la défense de la démocratie, dénonce ce qu’il qualifie de coup d’Etat perpétré par le président Mamadou Tandja. Le FDD appelle alors tous les Nigériens à faire « échouer immédiatement cette entreprise de liquidation de l’Etat de droit et de la démocratie ».

Il lance un appel aux forces de défense et de sécurité « pour qu’elles refusent d’obéir aux ordres d’un homme qui a fait l’option délibérée de violer la loi ». Et ceci, en référence à deux articles de la Constitution nigérienne.

D’abord le premier : l’article 13, qui dit que « nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal ». Et le second : l’article 115, qui stipule que « les arrêts de la Cour constitutionnelle lient tous les pouvoirs publics et toutes les autorités administratives, civiles, militaires, ainsi que toutes les juridictions du pays ».

L’opposition estime par ailleurs que le président de la République n’a pas de légitimité pour exercer le pouvoir exceptionnel qu’il s’est donné vendredi 26 juin. Par conséquent, elle exige sa démission immédiate. En tout cas, pour le FDD, Mamadou Tandja « est à partir d’aujourd’hui en état d’empêchement absolu ».

Afrique : Constitutions amendées, mandats présidentiels

Le président nigérien Mamadou Tandja, qui s'est octroyé des « pouvoirs exceptionnels », n'est pas le premier en Afrique à avoir voulu amender la Constitution pour rester au pouvoir : la limitation du nombre des mandats présidentiels a été supprimée dans plusieurs pays du continent.

Dernier en date, l'Algérie, où le Parlement a supprimé en novembre 2008 la limitation du nombre de mandats présidentiels. Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a donc pu être réélu le 9 avril dernier pour un troisième mandat.

Au Cameroun, le nombre de septennats était limité à deux. La révision constitutionnelle d'avril 2008 a offert au président Paul Biya  la possibilité de se représenter en 2011. C'est le cas aussi du président tchadien Idriss Deby Itno, autorisé à la suite d'un référendum controversé, de briguer un troisième mandat en 2006. 

Des amendements de la Constitution, on en compte également en Guinée en novembre 2001 et au Togo en décembre 2002. Dans le premier pays, le général Lansana Conté (mort en décembre 2008), qui était au pouvoir depuis 1984, avait organisé un référendum lui permettant de briguer un nouveau mandat en 2003. La réforme a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, porté le mandat présidentiel de cinq à sept ans et supprimé la limite d'âge du titulaire du poste, auparavant fixée à 70 ans.

Un tel amendement avait permis aussi à feu le président Gnassimbé Eyadema, à la tête du Togo depuis 1967, de remporter l'élection de juin 2003. Du côté de la Tunisie, le président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, en est à son quatrième mandat. La Constitution révisée, il y a sept ans, l'autorise d'être de nouveau candidat en octobre prochain, d'autant plus que l'âge limite pour postuler à la magistrature suprême a été repoussé de 70 à 75 ans.

Enfin, d'autres chefs d'Etat africains ont tenté sans succès des modifications similaires pour rester au pouvoir, comme le Zambien Frédérick Chiluba ou encore le Malawite Bakili Muluzi.