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Chine

L'armée quadrille le centre d'Urumqi

Article publié le 08/07/2009 Dernière mise à jour le 08/07/2009 à 17:34 TU

Dans le Xinjiang l'armée est fortement mobilisée. Elle a littéralement envahi la ville d'Urumqi ce mercredi après trois jours d'émeutes interethniques entre les Ouïghours, principale communauté musulmane de la région et les Hans, ethnie majoritaire en Chine. Selon des sources officielles il y a aurait 156 morts et plus de 1 000 blessés. Un bilan humain qui s'élève à 400 morts si l'on en croit les chiffres avancés par la dissidente ouïghoure en exil, Rebiya Kadeer. De nouvelles scènes de violence sont encore signalées ce mercredi à Urumqi, mais sans doute rien de comparable avec ce qui s'est passé hier.

Des soldats et des policiers chinois ont pris position sur la place principale de la ville d'Urumqi dans le Xinjiang en Chine, le 8 juillet 2009.(Photo : Reuters)

Des soldats et des policiers chinois ont pris position sur la place principale de la ville d'Urumqi dans le Xinjiang en Chine, le 8 juillet 2009.
(Photo : Reuters)




Avec notre envoyé spécial à Urumqi, Marc Lebeaupin

Plusieurs incidents sont signalés ce mercredi à Urumqi ; des événements dont ont été témoins des journalistes de l'Agence France-Presse. Près de la place du Peuple, dans un secteur pourtant très contrôlé par l'armée, un groupe de l'ethnie han, a tabassé un homme à terre.

Un peu plus loin, une vingtaine de personnes, appartenant toujours à l'ethnie majoritaire en Chine, ont également pourchassé et brutalisé un membre de la communauté ouïghoure. La police a fini par intervenir et a emmené la victime. Un troisième incident a encore fait deux blessés. Dans tous les cas, aucune interpellation des auteurs de ces violences n'a été observée.

Mais sans faire preuve d'une véritable volonté de dissuasion vis-à-vis de ces violences contre les Ouïghours, la présence militaire massive a tout de même fait baisser la tension.

Autour de la grande mosquée d'Urumqi, des dizaines de blindés et des transports de troupes étaient alignés. Tous les carrefours étaient contrôlés par l'armée. Et surtout, on ne voyait plus comme hier, mardi 7 juillet, des bandes arpentant les rues de la ville en brandissant des barres de fer ou des armes rudimentaires.

Les autorités semblent décidées à freiner les actes de vengeance contre la population ouïghoure, retranchée dans ses quartiers.

 

Jean-Luc Domenach

Directeur de recherches au CERI, le Centre de recherches et d'études internationales

« La différence, c’est que cette fois-ci ils ont compris, il faut bien le dire, que les Ouïghours qui sont les malheureux dans cette affaire-là, ont été ceux qui ont causé le maximum de morts. Ils ont joué un rôle beaucoup plus positif à l’égard de la presse, à l’égard de l’information et maintenant, ils ont même envoyé leur police armée contre les manifestants chinois. »

08/07/2009 par Caroline Paré


Le président Hu Jintao quitte en urgence le sommet du G8

Jamais un dirigeant chinois n'avait décidé de remettre en cause un déplacement à l'étranger pour une question de sécurité intérieure. C'est dire si à Pékin on prend très au sérieux la situation au Xinjiang, une région stratégique, en plein coeur de l'Asie centrale.

Cette attitude montre que les autorités chinoises ont besoin de leur chef. Qu'aucune décision importante ne peut se prendre sans le principal responsable du parti communiste, seul trait d'union entre le pouvoir civil et militaire. En revenant à Pékin, Hu Jintao veut donc affirmer trois choses : qu'il est effectivement le patron, que la Chine contrôle la situation et, qu'au plus haut sommet de l'Etat on souhaite, coûte que coûte, préserver la société harmonieuse.

A la fin des années 1980, Hu Jintao était secrétaire du Parti communiste du Tibet et n'a pas hésité à réprimer dans le sang plusieurs manifestations. Aujourd'hui, on imagine mal, le président chinois tenter de changer de stratégie. Ces vingt dernières années, c'est la force et la répression que les autorités ont choisies.

RFI