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Chine

Sévère reprise en main d'Urumqi par l'armée

Article publié le 09/07/2009 Dernière mise à jour le 09/07/2009 à 07:30 TU

La province du Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine est toujours en proie à de vives tensions. Le bilan officiel fait toujours état de 156 morts, mais le Congrès mondial des Ouïghours avance le chiffre de 600 à 800 personnes tuées dans des émeutes entre ethnies Han et Ouighour. Ce jeudi matin, à Urumqi, un retour au calme semble se dessiner. Les soldats ont dressé des barricades. Les forces de sécurité sillonnent la capitale. Et quelques commerces ont rouvert leur porte.

L'armée chinoise a repri le contrôle de la ville d'Urumqi ce jeudi 9 juillet.(Photo : Reuters)

L'armée chinoise a repri le contrôle de la ville d'Urumqi ce jeudi 9 juillet.
(Photo : Reuters)


Avec notre envoyé spécial à Urumqi, Marc Lebeaupin

Très clairement les autorités ont sonné mercredi soir la fin de la récréation. Dans une conférence de presse qui s’est déroulée dans un grand hôtel d’Urumqi, le maire de la ville et le premier secrétaire du Parti communiste ont reconnu qu’il y avait eu des exactions des deux côtés. Mais la plus grande partie de la population a fait preuve de retenue et la situation est à présent maîtrisée.

Ce matin je me suis rendu dans le quartier de la grande mosquée et j’ai pu constater encore une très importante présence de la police et des unités paramilitaires. Mais les gros barrages étaient levés et les carrefours n’étaient plus bloqués comme mercredi. Mais surtout la population est de retour. Les échoppes, les magasins de souvenirs, les petits restaurants ont rouvert leur porte ce jeudi matin.

Une situation presque normale, si ce n’était la présence toujours massive de ces forces de l’ordre et aussi ce sentiment assez confus que les gens continuent de s’observer avec méfiance. J’ai essayé par exemple d’interviewer un vieil homme ouïghour, j’ai senti aussitôt le regard agacé des Chinois Hans autour de nous et le vieil homme a refusé de parler. Encore de la résistance, il faut dire que les bilans sont là : plus de 1 000 blessés et plus de 1 400 arrestations à la suite des émeutes de dimanche dernier qui ont fait officiellement 156 morts.

Ouïghours :  une haine viscérale des Hans

Bien évidemment ces événements n’auront pas amélioré les relations des deux communautés han et ouïghoure. Des relations déjà très crispée. Dans un commentaire recueilli mercredi par une agence de presse, un Han affirme par exemple que les Ouïghours sont « gâtés comme des pandas », l’animal fétiche de la Chine. Quand ils volent, violent ou assassinent personne ne dis rien.

On se demande tout de même dans quelle mesure ce témoin n’inverse pas un peu les rôles. Dans cette province à l’origine ouïghoure, la population locale est devenue très minoritaire, surtout dans les grandes villes. A Urumqi, ville de 2 millions d’habitants presque totalement sinisée, les Ouïghours ne sont plus que dix pourcent de la population. Leurs quartiers historiques sont progressivement rasés.

Des jeunes Ouïghours nous ont expliqué également qu’ils n’avaient pas accès à de nombreuses fonctions. Tous les chauffeurs de taxis sont chinois, les commerces sont chinois, et ce que dénoncent surtout les organisations humanitaires, ce sont les campagnes de stérilisation des femmes ouïghoures qui contribuent également à affaiblir cette population et à provoquer de très fortes tensions dans cette région isolée du Xinjiang.