Après s’être doté de pouvoirs exceptionnels, le chef de l'Etat Mamadou Tandja a pris une ordonnance qui permet de sanctionner les médias « sans mise en demeure préalable ». Les journaux ou les radios qui publieraient ou diffuseraient des informations de nature à porter atteinte à la sécurité de l'Etat ou à l'ordre public seront ainsi sanctionnés. Le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Daouda Diallo, va donc avoir les coudées franches. Cette décision du président Tandja - qui veut rester au pouvoir à la fin de son second quinquennat fin décembre - suscite des critiques dans les milieux journalistiques de Niamey.
Le site internet du Républicain Niger
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Lorsqu’un organe de presse publie un article ou diffuse une émission de nature à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ou à l’ordre public, le président du CSC peut prendre toute mesure conservatoire sans mise en demeure préalable », a indiqué, jeudi, la radio d’Etat à Niamey. Le président Tandja, qui a convoqué un référendum le 4 août prochain pour changer la Constitution, a pris cette mesure en vertu des «
pouvoirs exceptionnels » qu’il s’est arrogés pour gouverner par ordonnances et décrets. Autre nouveauté : le président du CSC va pouvoir prendre ses décisions tout seul, en toute liberté. Jusqu’ici, le CSC prenait ses décisions par consensus ou à la suite d’un vote de ses onze membres.
Pour les représentants de la profession, cette mesure vise à museler les médias privés, au moment où le président Tandja cherche à rester au pouvoir. Abdourahamane Ousmane, président du Réseau des journalistes pour les droits de l'homme (RJDH) et président de la Maison de la presse de Niamey, craint que les prochains jours soient difficiles, avec le risque « d’une fermeture en cascade des organes de presse ». Selon lui, « tous les journalistes du Niger sentent une épée de Damoclès suspendue sur leurs têtes ».
Abdourahamane Ousmane
Président du Réseau des journalistes pour les Droits de l'homme
« Tous les journalistes du Niger sentent une épée de Damoclès suspendue sur leurs têtes ».
Pour les autorités, cette mesure vise à « prévenir d’éventuels dérapages » sans mettre en cause le principe de la liberté de la presse. Selon Mohamed Ben Omar, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement nigérien, sont actuellement appliquées dans le pays des « mesures de pouvoir exceptionnel qui tirent leur légitimité de la Constitution de 1999 ». Mais, selon lui, « on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs ».
Mohamed Ben Omar
Ministre de la Communication
« On ne peut pas faire des omelettes sans casser des oeufs ! »