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France

Banques Populaires-Caisses d’Epargne: un mariage forcé

par Myriam Berber

Article publié le 31/07/2009 Dernière mise à jour le 31/07/2009 à 15:21 TU

A l’issue des assemblées générales des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne, le groupe BPCE, deuxième banque française, a été créé, vendredi 31 juillet 2009, scellant le rapprochement des deux réseaux. Une naissance au forceps après dix mois de péripéties marquées par une guerre de chefs, les pertes financières de Natixis et la nomination controversée de François Pérol.

La fusion des deux groupes mutualistes, Banques Populaires et Caisses d’Epargne, va créer le deuxième groupe bancaire français derrière Crédit Agricole-Crédit Lyonnais.

La fusion des deux groupes mutualistes, Banques Populaires et Caisses d’Epargne, va créer le deuxième groupe bancaire français derrière Crédit Agricole-Crédit Lyonnais.

 
La future banque BPCE a été officiellement portée sur les fonts baptismaux ce 31 juillet 2009, lors des assemblées générales des actionnaires des Banques Populaires et Caisses d’Epargne. C’est le dernier épisode d’un feuilleton à rebondissements. La première étape du rapprochement a eu lieu en 2006, date de la création de la banque d’affaires Natixis, filiale commune aux deux groupes.

Mais la crise financière a précipité l’union. Les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne révèlent un bilan 2008 catastrophique avec des pertes respectives de 468 millions d’euros et 2 milliards d’euros. Un déficit historique dû avant tout à la mauvaise situation de Natixis qui a enregistré 2,8 milliards de pertes, situation plombée par des actifs douteux. A cela s’ajoute, pour les Caisses d’Epargne, 752 millions d’euros de pertes dues à l’initiative malencontreuse d’un de ses traders au mois d’octobre.

L’Etat s’invite à la noce

La crise oblige les deux groupes à faire appel à l’Etat qui promet 5 milliards d’euros d’argent public. Mais cette aide a un prix. Les deux banques mutualistes se voient contraintes d’organiser leur fusion. Mais les équipes des bleus (les Banques Populaires) et des rouges (l’Ecureuil) qui ne partagent pas la même culture d’entreprise, n’arrivent pas à s’entendre, notamment sur la répartition des pouvoirs dans le futur groupe.

L’Etat fait alors irruption et reprend en main les négociations. En octobre 2008, le processus de rapprochement est entériné à l’Elysée. Mais aucun leadership ne se dégage. D’un côté, Charles Milhaud, PDG des Caisses d’Epargne, est écarté du pouvoir, après la découverte de l’affaire du trader. De l’autre, Philippe Dupont qui cumulait la présidence des Banques Populaires avec celle de Natixis, est également écarté lorsqu’apparaît l’ampleur des pertes de la banque d’investissement.

L’Etat pourra détenir 20% des parts de BPCE

Pour asseoir son contrôle, l’Elysée décide de nommer le patron du nouvel ensemble en la personne de François Pérol, ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée. Le parachutage d’un des plus proches conseillers de Nicolas Sarkozy suscite alors une vive polémique dans le monde politique et syndical. François Pérol est en effet celui qui, au nom de l’Etat, a travaillé au montage de la fusion, a reçu les dirigeants des deux groupes. D’où la réaction de l’opposition qui dénonce un conflit d’intérêts.

Dans la foulée, l’Etat s’impose comme un actionnaire incontournable, en injectant quatre milliards d’euros de fonds propres dans les deux banques avant leur fusion. L’Etat s’est également engagé à acquérir trois milliards d'euros d’actions de préférence (sans droit de vote) émises par BPCE. Il pourra détenir, à terme, jusqu'à 20% du capital du nouveau groupe bancaire.