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Niger / Référendum

Le taux de participation en question

par  RFI

Article publié le 05/08/2009 Dernière mise à jour le 05/08/2009 à 14:52 TU

On ne devrait connaître que dans quelques jours le résultat du référendum constitutionnel organisé mardi au Niger. Le taux de participation reste inconnu au lendemain de ce scrutin controversé. Quelque six millions d'électeurs nigériens étaient appelés à se prononcer pour ou contre une nouvelle Constitution. Un texte qui permettrait au président Tandja de rester à son poste encore trois ans, alors que sous la Constitution actuelle, son deuxième et dernier mandat doit terminer en décembre prochain. Une nouvelle Constitution qui permettrait aussi à Mamadou Tandja de se représenter autant de fois qu'il le voudrait. Dans le camp présidentiel, on espérait une participation de 75% au vote d'hier. Un chiffre qui sera difficile à atteindre au regard de la faible mobilisation constatée par la presse internationale sur place. Une faible mobilisation contestée cependant par les autorités. Quelques incidents ont été signalés dans le courant de la journée de vote, mais dans l'ensemble, le déroulement du scrutin a été pacifique.

A gauche, un panneau officiel pro-referendum, à droite, l'opposition nigérienne en Côte d'Ivoire, début juillet.(Photos : AFP / Montage : RFI)

A gauche, un panneau officiel pro-referendum, à droite, l'opposition nigérienne en Côte d'Ivoire, début juillet.
(Photos : AFP / Montage : RFI)

Le gouvernement n’a fourni pour le moment aucun chiffre sur le taux de participation mais il affirme qu’il sera élevé. Les médias indépendants qui ont circulé toute la journée d’hier dans les bureaux de vote disent exactement le contraire.

Dans les bureaux de vote, visités à plusieurs reprises dans la journée de mardi, il était pourtant bien difficile de rencontrer les électeurs. Aucune file d’attente à l’extérieur, aucun regroupement à l’intérieur des bureaux. Les policiers, ou les gardes républicains déployés pour l’occasion, ont la plupart du temps surveillé des cours d’écoles totalement désertes. En sillonnant les quartiers, il était aisé de constater qu’un grand nombre de citoyens de la capitale avaient choisi de rester à la maison.

L’enjeu de ce scrutin référendaire c’est justement le taux de participation. Un taux très faible mettrait en échec le discours des autorités qui, depuis des mois, font valoir que ce référendum est voulu par le peuple nigérien et non pas par le chef de l’Etat. Pour imposer sa nouvelle constitution, qui permettra au président de se maintenir au pouvoir, Mamadou Tandja a du éliminer tous ceux qui ont tenté de faire obstacle à son projet. Ainsi l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle ont été dissoutes.

Les principaux partis politiques, les syndicats mais aussi de nombreuses organisations de la société civile, avaient appelé à boycotter ce référendum et avaient demandé à leurs partisans de faire barrage au scrutin. Ils ont été entendus au moins sur un point. Le scrutin, placé sous haute surveillance dans la capitale, s’est déroulé dans le calme et sans incident.

Mohamed Ben Omar, porte-parole du gouvernement nigérien, a sillonné une cinquantaine de bureaux de vote à Niamey. Il estime la participation très élevée dans la capitale. Selon lui, les résultats provisoires permettront une estimation plus précise de la participation à l'échelle du pays. 

Mohamed Ben Omar, porte-parole du gouvernement nigérien

«... j'ai constaté l'affluence... et les chiffres qui sont en ma possession me confortent dans l'idée que le taux de participation est très fort...»

05/08/2009 par Léa-Lisa Westerhoff

 

Des procédures de vote confuses

Recrutés pour la plupart dans les partis de la mouvance présidentielle, les agents électoraux n’ont pas tous respecté les mêmes procédures pour faire voter les électeurs. Est-ce par manque de formation et d’information ? En tout cas dans certains bureaux les listes d’émargement ne présentent aucune trace, aucune preuve du passage des électeurs. Celui qui vote n’appose ni signature, ni empreinte digitale. C’est le président du bureau qui se contente d'inscrire dans la marge, une croix, devant le nom des inscrits. Dans ces conditions, il est bien sûr possible de cocher autant de noms que l’on veut.

Autre cafouillage constaté dans les trois bureaux de vote du secteur IV du quartier très populeux de Boukoki. Dans le premier bureau, la liste des inscrits ne correspond ni au numéro du bureau ni même au quartier. Les citoyens qui viennent voter sont donc inscrits sur une liste additive. Dans le bureau suivant, la liste ne comporte que 38 inscrits, alors que dans celui d’à côté on en compte 500. Le fait que ce scrutin référendaire soit organisé par le seul pouvoir et sans présence d’observateurs étrangers prête le flanc à toutes les suspicions.