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Madagascar

Un gouvernement contesté

par  RFI

Article publié le 09/09/2009 Dernière mise à jour le 09/09/2009 à 19:52 TU

Le président malgache Andry Rajoelina (g) et son Premier ministre, Monja Roindefo (d).(Photo : Alexander Joe / AFP)

Le président malgache Andry Rajoelina (g) et son Premier ministre, Monja Roindefo (d).
(Photo : Alexander Joe / AFP)

Pour l'opposition malgache, « pas question de participer » au nouveau gouvernement « d’union ». L’homme fort de Grande Île Andry Rajoelina avait décidé, vendredi dernier, de maintenir son Premier ministre Monja Roindefo en poste, lui demandant de mettre en place un gouvernement d’unité nationale, ouvert aux autres mouvances. Il y a donc de nouvelles figures, on parle d’« ouverture », mais l’opposition conteste toujours la formation du nouveau cabinet qui a également été rejetée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Ce gouvernement compte 31 ministres, dont treize nouveaux membres. Les titulaires de 18 autres ministères - parmi lesquels ceux des Forces armées, des Affaires étrangères, de la Justice et de la Sécurité intérieure -, n'ont pas été changés.

Parmi les entrants, il y en a qui ne s’étaient pas affichés jusque-là comme des pro-Rajoelina, ce qui peut signifier une certaine ouverture. Toutefois, ce nouveau gouvernement n’est certainement pas un gouvernement de consensus. Les adversaires du régime actuel ne le reconnaissent pas et si on trouve, parmi les nouveaux ministres, des dignitaires des régimes précédents, c’est en leur nom propre qu’ils intègrent l’équipe du Premier ministre Monja Roindefo.

Pour eux, le régime d’Andry Rajoelina représente, aujourd’hui, le socle de la vie politique malgache sur lequel il faut s’appuyer pour aller de l’avant. Mais cette initiative ressemble à un passage en force, d’autant que, mardi, ont aussi été annoncés les noms de Rajemison Rakotoarison et de Jacques Sylla pour occuper les postes de vice-président de la transition et de président du Congrès, la chambre basse du Parlement. Alors, outre qu'il s'agisse de figures majeures de l’ère Ravalomanana - Jacques Sylla ayant carrément été Premier ministre pendant cinq années -, ce qui frappe c’est qu’Andry Rajoelina mette en place, sans aucun consensus, les institutions de transition. Ces institutions étaient prévues lors des accords conclus à Maputo le 9 août dernier, qui semblent aujourd’hui caducs. Et le pays s’expose à de lourdes sanctions internationales.      

Réunis mardi à Kinshasa, les chefs d’Etat des pays de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADEC) ont « condamné fermement » la décision d’Andry Rajoelina, qui « viole l’esprit des accords de Maputo ». Ils ont maintenu leur « décision de suspendre Madagascar jusqu'au rétablissement de l'ordre constitutionnel dans ce pays ». La France regrette que le nouveau gouvernement malgache, même s'il traduit un « effort d'ouverture », soit la conséquence d'une « décision unilatérale », a déclaré ce mercredi le ministère français des Affaires étrangères.

 

L'aide internationale gelée

 

Les grands bailleurs de fonds devraient confirmer le gel de leur aide à Madagascar, décidé en mars dernier lors de la prise de pouvoir d'Anj Rajoel. Après la Norvège, le Fonds monétaire, la Banque mondiale, les Etats Unis, l'Union européenne avaient pris la même décision. l'UE a ainsi suspendu les 630 millions d'euros qu'elle devait verser sur cinq ans au titre du fonds européen de développement.

Or Madagascar dépend à 70% de l'aide extérieure pour boucler son budget. En outre, le contexte économique n'est pas florissant depuis six mois pour la Grande Ile, du fait de la crise politique et du ralentissement mondial : la fréquentation touristique a chuté des deux tiers, et quelque 250 entreprises ont fermé leurs portes.

Le président de l'Autorité de transition et son ministre des Finances ont beau se montrer rassurants - selon eux le Trésor aurait de quoi financer les dépenses publiques pendant un an et demi, - il n'en demeure pas moins qu'Andry Rajoelina a fait un déplacement éclair à Bruxelles au début du mois de juillet pour tenter d'infléchir la position européenne. Et qu'il a publiquement reconnu que la dépendance de son pays vis à vis des bailleurs était un problème et qu'il faudrait trouver une stratégie pour en sortir.

RFI