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Israël / Gaza / ONU

Offensive « Plomb durci » : l'Etat hébreu et le Hamas rejettent le rapport Goldstone

par Franck WEIL-RABAUD

Article publié le 16/09/2009 Dernière mise à jour le 16/09/2009 à 21:07 TU

Des crimes de guerre ont été commis par l'armée israélienne et par les islamistes du Hamas durant l'opération militaire menée par l'Etat hébreu à Gaza en décembre dernier. C'est la conclusion d'une commission d'enquête de l'ONU, qui fait déjà l'objet de vives critiques.
Au nord de la bande de Gaza, dans le camp de réfugiés de Jabalia, les vestiges d'un immeuble détruit lors de l'offensive israélienne "Plomb durci".(Photo : Mahmud Hams / AFP)

Au nord de la bande de Gaza, dans le camp de réfugiés de Jabalia, les vestiges d'un immeuble détruit lors de l'offensive israélienne "Plomb durci".
(Photo : Mahmud Hams / AFP)

Le gouvernement israélien a vivement critiqué les conclusions de ce rapport. Pour Ygal Palmor le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, la commission d'enquête a délibérement ignoré le contexte.

Il déclare que « même si les crimes contre l’humanité sont évoqués en ce qui concerne le Hamas ; le Hamas n’est d’abord presque pas mentionné par son nom. Il est presque absent du rapport et aucune mesure n’est exigée contre ceux qui auraient commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité du côté palestinien. Ce rapport ignore entièrement la situation que le Hamas a imposée à Gaza, d’abord aux Palestiniens, ensuite aux Israéliens, dans le sud d’Israël et affirme qu’Israël a agi sans la moindre raison ».

Le Hamas de son côté cherche du soutien pour faire condamner l'Etat hébreu comme l'explique son porte-parole Taher Al Nounou : « Notre Premier ministre a parlé au secrétaire général de la Ligue arabe. Il a promis d’évoquer ce rapport international aux Nations unies et au Conseil de sécurité et de plaider pour la comparution des responsables israéliens devant la Cour pénale internationale ».

Pour l'avocat Patrick Baudoin, président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme, ce rapport mérite pourtant d'être pris en compte. Maître Baudoin affirme que « le rapport conclut à l’existence de crimes internationaux très graves. Il est indiqué que cela ne peut pas rester sans suites. On ne peut pas rester dans l’impunité. Et le rapport dit fort justement qu’il appartient aux justices nationales de faire ce travail ; autrement dit : d’une part, à la justice israélienne et d’autre part aux Palestiniens. Le rapport propose quelque chose de nouveau qui est de dire : Nous nous proposons une période probatoire de six mois. Nous impartissons aux deux parties, le soin de mener des enquêtes et d’engager des poursuites, pendant ce délai de six mois. S’il n’y a aucune action ni du côté palestinien ni du côté israélien, nous proposons que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale pour qu’elle-même diligente une enquête et engage des poursuites » .

La saisie éventuelle de la CPI aurait, selon Yagal Palmor, des conséquences négatives sur le plan international : « Si cette démarche prévaut à Genève, si le Conseil de sécurité est saisi, cela voudrait dire qu’aucun pays, ne serait capable de se défendre du terrorisme ou d’autres menaces, où que ce soit : ni la France, ni les Etats-Unis, ni la Russie, aucun pays au monde. Les conclusions et les recommandations de cette commission sont tellement extrémistes qu’elles rendraient impossibles à l’avenir toute intervention de qui que ce soit, où que ce soit, pour se défendre ». 

L'Etat hébreu entend désormais convaincre ses alliés d'empêcher la justice internationale de lui demander des comptes pour les actions menées par son armée à Gaza en décembre dernier.