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Allemagne / Législatives

Paisible campagne

par Heike Schmidt

Article publié le 18/09/2009 Dernière mise à jour le 18/09/2009 à 19:06 TU

Peu de débats d’idées ni de joutes politiques passionnantes.  Rarement, une campagne électorale n'aura été si peu enthousiasmante en Allemagne. Après quatre années de partage de pouvoir, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates peinent à se démarquer les uns des autres. Que ce soit l’engagement en Afghanistan ou la politique familiale, les deux ont un parti pris pour une politique peaufinée en duo depuis 2005. En plus, depuis des semaines, les sondages donnent un tel avantage à la chancelière Angela Merkel (CDU) que la bataille semble être perdue d’avance pour son rival Frank-Walter Steinmeier (SPD). Toutefois, les jeux ne sont pas faits : à six jours du scrutin, un électeur sur deux se dit encore indécis.

A Berlin, une cycliste passe devant les affiches de campagne éléctorale d'Angela Merkel et de Frank-Walter Steinmeier. (Photo : AFP)

A Berlin, une cycliste passe devant les affiches de campagne éléctorale d'Angela Merkel et de Frank-Walter Steinmeier.
(Photo : AFP)


Conforté par sa grande popularité (53% à 59% voteraient pour elle si le scrutin se déroulait au suffrage direct), Angela Merkel plane paisiblement comme sur un nuage. Convaincue de pouvoir garder son domicile à la chancellerie de Berlin, elle se permet le luxe de rester au-dessus de la mêlée en esquivant avec malice toute attaque verbale de son adversaire Frank-Walter Steinmeier, l’actuel ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier.

Le besoin d’harmonie de « Mutti » (« maman ») comme disent certains, a par ailleurs fini par énerver ses partenaires bavarois : après le débat télévisé tout en rondeur avec Frank-Walter Steinmeier, les chrétiens sociaux de la CSU l’ont appelée à montrer un peu plus de verve et un profil plus clair pour éviter de faire croire qu’en réalité, elle voudrait bien continuer à gouverner avec les sociaux-démocrates.

En 2005, cette femme politique issue de l’ex-RDA avait encore osé proposer des réformes sociales douloureuses en demandant aux citoyens de faire des sacrifices afin d’assainir les finances de l’Etat. Mais ce choix ne lui avait pas permis d’obtenir une majorité absolue avec l’allié traditionnel de la CDU, les libéraux du FDP.

Rien ne doit effrayer l’électeur

Elle a retenu la leçon et opte, cette fois-ci, pour une attitude plus souple. Sur fond de la pire récession depuis la guerre, elle préfère rassurer les électeurs au lieu de prendre le risque de les effrayer avec une politique trop libérale. De meeting en meeting à travers le pays, elle se présente comme « la chancelière de tous les Allemands » avec un seul mot à la bouche : « cohésion ».

Les militants, eux, brandissent leurs pancartes avec le leitmotiv de la campagne : « wir » (« nous »). Son programme reste assez vague pour plaire au plus grand nombre : « Je veux que l’Allemagne demeure au XXIe siècle un pays innovant, créatif et qui garde confiance en lui-même », affirme-t-elle en annonçant fièrement que son gouvernement a réussi à faire baisser le chômage et en promettant des baisses d’impôts.

Pour l’heure, sa stratégie douce semble payer. Avec le soutien des libéraux (FDP), qui jouent souvent le rôle de faiseur de rois, Angela Merkel devrait être en mesure de former le futur gouvernement. Dans les sondages, elle est largement en tête depuis le début de la campagne, mais son avantage s’effrite ces derniers jours. Désormais, le score cumulé de la coalition « noire-jaune » des Unions chrétiennes (CDU/CSU) et du FDP ne dépasse plus les 50%, mais reste en dessous avec 48% à 49% dans trois différents sondages réalisés pour les chaînes de télévision ZDF, ARD et N24.

La gauche remonte la pente

Les sociaux-démocrates, en revanche, commencent à remonter la pente. Leur candidat, Frank-Walter Steinmeier, gagne deux à trois points dans les trois enquêtes et se trouve désormais à 25% ou 26% des intentions de vote. Cumulé avec le score des Verts, le partenaire de choix du SPD, la gauche atteint 35% à 37%. Si on y rajoute l’étoile montante de ses dernières semaines, les néo-communistes du « Die Linke », la gauche fait presque jeu égal avec la droite. Toutefois, tout au long de la campagne, le candidat social-démocrate a clairement exclu une telle coalition « rouge-rouge-vert ».

Les analystes politiques, sûrs d’une victoire claire du camp conservateur en début de campagne, font désormais preuve de prudence. Ils ont encore en tête la surprise de 2005. Dans la dernière ligne droite, le chancelier Gerhard Schröder (SPD) avait réussi à renverser la tendance. C’est sur le fil du rasoir qu’Angela Merkel avait pu finalement faire son entrée à la chancellerie, obligée toutefois de partager le pouvoir avec son ennemi politique, le SPD.