Somalie

L'allégeance des jihadistes à al-Qaïda

par  RFI

Article publié le 22/09/2009 Dernière mise à jour le 23/09/2009 à 00:02 TU

Vidéo visible sur le site de l'organisation américaine NEFA Foundation.
(Source : http://www.nefafoundation.org)

Les shebabs somaliens se mettent au service d'Oussama Ben Laden. Dans une vidéo diffusée à la fois sur internet et en version CD dans les rues de Mogadiscio, l'émir des shebabs, le cheikh Muktar Abu Zubaïr  fait clairement allégeance au réseau terroriste al-Qaïda et demande à Oussama Ben Laden de guider la milice radicale sur la voie du Jihad. Depuis le début de l'année, al-Qaïda a fait plusieurs appels du pied en direction de la Somalie et Ben Laden a consacré l'un de ses messages à ce pays.

La vidéo a fait le tour des forums jihadistes. Des copies sur disque ont été distribuées à Mogadiscio. On y voit des scènes de combat et d'entraînement dans les rues de la capitale somalienne, le tout entrecoupé de discours d'Oussama Ben Laden. On y entend aussi l'émir des shebabs, cheikh Muktar Abu Zubaïr, faire allégeance à al-Qaïda.

Dominique Thomas, spécialiste d'al-Qaïda à l'Ecole des hautes études en science sociale (EHESS) explique qu’ « il n’y a pas nécessairement allégeance puisque le nom ne change pas. Ils auraient pu par exemple s’appeler "al-Qaïda en Somalie". Mais il s’agit là d’un message envoyé à l’attention d’al-Qaïda pour montrer qu’aujourd’hui, les shebabs sur le plan purement doctrinal se reconnaissent dans le discours d’al-Qaïda. C’est la procédure utilisée par des groupes locaux pour se donner d’abord une exposition médiatique puisque justement, via internet et l’appartenance à al-Qaïda, cela suscite forcément un intérêt des médias. Il faut savoir qu’al-Qaïda historique a fait plusieurs discours spécifiques sur la Somalie. Il y a donc bien eu des tentatives d’OPA d’al-Qaïda sur la question somalienne, avec, au sein de cette mouvance, la volonté d’étendre son discours à l’ensemble du monde musulman. Force est de constater que depuis un certain nombre d’années, ils sont parvenus à essaimer leur discours à défaut d’une politique de recrutement massif, et c’est là toute la force d’al-Qaïda ».

Une opération marketing

Si l'allégeance à al-Qaïda offre une visibilité plus grande aux miliciens shebabs, la Somalie n'a pas encore le pouvoir d'attraction de l'Afghanistan ou de l'Irak auprès des djihadistes internationaux. Ce qui est certain, c'est que cette opération de marketing aura aussi pour effet d'accroître la vigilance des puissances occidentales et notamment des Etats-Unis qui ont abattu la semaine dernière, en Somalie, un ressortissant Kenyan, Saleh Ali Saleh, membre d'al-Qaïda.

Selon Dominique Thomas, « il y a toujours eu beaucoup de difficultés pour les combattants étrangers de s’intégrer dans les rangs des jihadistes en Somalie, en raison du contexte local très difficile dû aux divisions tribales et à la complexité des multiples factions au sein de la mouvance somalienne. Ceci explique qu’il n’y ait pas eu de départs massifs de combattants étrangers vers la Somalie comme il y en a eu vers l’Irak et l’Afghanistan, ou même en Tchétchénie et en Bosnie. Mais, si dans un avenir proche, les shebabs mettaient vraiment en place une communication et se présentaient comme un groupe salafiste jihadiste avec la doctrine d’al-Qaïda, ils pourraient recevoir l’appui de combattants étrangers. Ce type de fusion entre la mouvance d’al-Qaïda d’une manière générale et ce mouvement des shebabs est possible ».