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Somalie / UA

Double attentat islamiste contre la force de paix de l'Union africaine

par  RFI

Article publié le 17/09/2009 Dernière mise à jour le 18/09/2009 à 14:36 TU

Un homme est emmené d’urgence à l’hôpital après le double attentat à Mogadiscio, ce 17 septembre 2009.(Photo : Mustafa Abdi/AFP)

Un homme est emmené d’urgence à l’hôpital après le double attentat à Mogadiscio, ce 17 septembre 2009.
(Photo : Mustafa Abdi/AFP)

Vingt et une personnes, dont dix-sept soldats : c'est le nouveau bilan du double attentat-suicide du 17 septembre contre le quartier général de la force de paix de l'Union africaine en Somalie (AMISOM). Cette attaque meurtrière à la voiture piégée a été revendiqué par les islamistes radicaux shebab.

Selon le porte-parole de l'armée ougandaise, le numéro deux de l'Amisom, le général burundais Juvénal Niyonguruza, a trouvé la mort dans cet attentat. « Il était en train d'organiser une réunion de négociations entre factions rivales, quelqu'un en a apparemment profité pour s'infiltrer dans le quartier général avec une bombe », précise le porte-parole. L'officier burundais était sur le point d'achever sa mission à Mogadiscio, et devait faire sa passation de pouvoir avec son successeur.

Interrogé par l'AFP en mai dernier à Mogadiscio, ce dernier faisait déjà part des difficultés de la mission de l'Amisom : « Nous avons fait le sacrifice pour aider les Somaliens à reconquérir la paix. La paix viendra bien sûr, mais c'est un long processus».

Dans cet attentat également, le commandant de l'Amisom, le général ougandais Nathan Mugisha, a été blessé, légèrement, tandis que parmi les soldats blessés, six dans un état jugé très grave, ont été évacués à Nairobi ce jeudi soir, selon une source policière kényane. .

La vengeance des shebab

« L'explosion a été causée par une voiture piégée qui s'est faufilée dans un convoi de responsables somaliens devant participer à une réunion de l'état-major de l'Amisom. Le véhicule a explosé une fois dans le camp ougandais », selon le porte-parole de l'armée burundaise, le général Lazare Nduhayo.

Le gouvernement somalien « a condamné cette attaque suicide perpétrée par deux criminels utilisant des voitures volées de l'ONU », précisant que des responsables gouvernementaux figuraient parmi les blessés. 

Cette attaque, perpétrée au coeur même du quartier général de l'Amisom, a été revendiquée par les islamistes radicaux shebab. Il s'agit d'« une mesure de représailles après la mort du Kenyan Saleh Ali Saleh Nabhan », a affirmé à la presse le porte-parole des shebab, Ali Muhamud Raghe. En effet, ce responsable présumé d'Al-Qaïda dans la Corne de l'Afrique a été tué lundi 14 septembre au cours d'un raid héliporté des forces spéciales américaines dans le sud de la Somalie.

Les shebab, qui ont juré la perte du président somalien Sharif Cheikh Ahmed, souvent présenté comme un islamiste modéré, attaquent régulièrement l'Amisom, principal soutien militaire d'un gouvernement de transition très affaibli. L'Amisom, cette force sous-équipée déployée depuis mars 2007 à Mogadiscio, compte près de 5 000 hommes, Burundais et Ougandais sur les 8 000 initialement prévus.

Condamnations unanimes

L'attentat de ce jeudi a suscité la réprobation unanime de la communauté internationale. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a dénoncé « cet acte de terrorisme dans les termes les plus forts» contre la force de paix africaine en mission en Somalie. Le président de la commission de l'Union Africaine Jean Ping, a lui aussi condamné « cette attaque barbare » et a affirmé que l'UA poursuivrait « ses efforts visant à renforcer l'Amisom ».

La réaction de Jean Ping sur les attentats de Mogadiscio

« Je voudrais condamner avec la dernière énergie cette attaque lâche, perpétrée par des éléments déterminés à saper le processus de paix et de réconciliation en Somalie. »

17/09/2009

Dans un communiqué commun, l'Union européenne, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, six pays d'Afrique de l'Est), la Ligue arabe, la Norvège et les Etats-Unis, ont condamné ces attaques « lâches». De son côté, l'Ethiopie dont la capitale Addis-abeba abrite le siège de l'Union africaine, a dénoncé un acte « désespéré ».

Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement burundais

« Je ne pense pas que le Burundi retire ses militaires parce que, d’abord ils ont répondu à un appel de la communauté internationale, principalement de l’Union africaine. Et comme le Burundi a bénéficié de la générosité de la part de cette même communauté, au moment où le Burundi se trouvait dans les moments les plus durs, nous pensons que c’est le moment de rendre la monnaie à la communauté internationale, parce que si on nous avait laissé tomber, nous pensons que le Burundi serait pire que la Somalie. Donc, je ne pense pas que dans l’immédiat, le Burundi puisse penser à retirer ses troupes ».

Même si cela coûte des vies humaines au Burundi

« Il n’y a pas d’opérations sans risque. Mais l’essentiel, c’est de protéger au maximum, les troupes qui sont là, et que les Nations unies et l’Union africaine augmentent les moyens de défense et de protection pour ses contingents. Mais il est hors de question de laisser la place libre à ceux qui veulent faire de la Somalie, un champ de désolation ».