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ONU

Contraste saisissant à la tribune de l'ONU

Article publié le 24/09/2009 Dernière mise à jour le 24/09/2009 à 07:46 TU

La tribune de la 64e Assemblée générale de l'ONU a offert mercredi de saisissants contrastes. En vedette, les discours d'un intarissable président libyen Mouammar Kadhafi, d'un président américain rassembleur, Barack Obama, qui faisait sa première apparition aux Nations unies, et d'un président iranien provocateur qui a suscité le départ de plusieurs délégations.

De notre envoyée spéciale à New York, Anne Corpet

Le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva lors de son discours à la tribune de l'ONU, à New York, le 23 septembre.(Photo : Mike Segar/Reuters)

Le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva lors de son discours à la tribune de l'ONU, à New York, le 23 septembre.
(Photo : Mike Segar/Reuters)

Comme chaque année, c’est le président brésilien qui a ouvert les débats. D’emblée, Luiz Inacio Lula da Silva a fait le procès d’un libéralisme excessif qu’il a rendu responsable de la crise économique. « Plus que la crise des grandes banques, c’est celle des grands dogmes qui a fait faillite, c’est un modèle déraisonnable qui a échoué, c’est l’idée absurde que les marchés peuvent s’autoréguler », a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva avant de dénoncer la frilosité des pays riches dans la voie des réformes. Comme il l’avait déjà fait l’année dernière, le président brésilien a plaidé avec force pour un nouvel ordre économique mondial.

L’appel d’Obama à la responsabilité de chacun

Le président américain, Barack Obama, à la tribune de l'ONU, le 23 septembre.(Photo : Mike Segar/Reuters)

Le président américain, Barack Obama, à la tribune de l'ONU, le 23 septembre.
(Photo : Mike Segar/Reuters)

Lui succédant à la tribune, Barack Obama faisait, lui, sa première intervention devant les Nations unies. « Nous partageons un avenir commun », a entamé le président américain. Dans une claire allusion à la politique de George Bush et aux réactions hostiles qu’elle a suscitées vis-à-vis de l’Amérique, Barack Obama a invité les membres de l’Assemblée à tourner la page et à œuvrer pour une meilleure coopération internationale. « Ceux qui critiquaient le cavalier seul des Etats-Unis ne peuvent aujourd’hui rester les bras croisés et attendre que les Etats-Unis résolvent seuls les problèmes du monde. », a-t-il lancé.

Le président américain a fixé quatre priorités pour l’avenir : la non prolifération nucléaire et le désarmement, la promotion de la paix et de la sécurité, la préservation de la planète, une économie globale qui offre des opportunités à tous. « Ces défis, a précisé le président américain, ne pourront être relevés que si tous les pays assument leurs responsabilités. » 

Au lendemain du sommet tripartite sur le Proche-Orient, le président américain a par ailleurs répété qu’il était déterminé à obtenir une reprise des négociations, et ce sans aucun préalable.

La diatribe fleuve de Kadhafi

Le leader libyen Muammar Kadhafi lors du sommet des Nations unies, le 23 septembre 2009.<em>(Photo : Ray Stubblebine / Reuters)</em>

Le leader libyen Muammar Kadhafi lors du sommet des Nations unies, le 23 septembre 2009.
(Photo : Ray Stubblebine / Reuters)

Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi prenait, lui aussi, la parole pour la première fois devant l’Assemblée générale de l’ONU. Pendant plus d’une heure et demie -le règlement rappelé à l’ouverture de l’Assemblée générale accorde un quart d’heure à chaque intervenant- le président libyen s’est livré à un réquisitoire en règle contre les Nations unies, dénonçant en particulier la domination des membres  permanents du Conseil de sécurité. «Le veto est contraire à la Charte de l'ONU, l'existence de membres permanents est contraire à la Charte », a-t-il assuré en brandissant le texte fondateur des Nations unies.

Volontiers provocateur, Mouammar Kadhafi a parfois surpris son auditoire par d’étonnantes saillies : « Si les talibans veulent établir un Etat religieux, comme le Vatican, c'est d'accord. Le Vatican constitue-t-il un danger pour nous ? Non ! Pourquoi ne pas laisser les Afghans avoir leur Vatican ? », s'est-il ainsi interrogé.

Parmi les autres propositions du bouillant colonel, le déménagement du Conseil de sécurité de l’ONU à Syrte, sa ville natale, ou la comparution devant la Cour internationale de justice des responsables de la guerre en Irak. Au terme d’un discours fleuve parfois décousu, émaillé de références historiques variées, le président libyen a quitté la tribune le poing levé, sur la formule révolutionnaire : « Hasta la victoria siempre »

Les provocations d’Ahmadinejad

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lors de son discours à la tribune de l'ONU, à New York, le 23 septembre.(Photo : Mike Segar/Reuters)

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lors de son discours à la tribune de l'ONU, à New York, le 23 septembre.
(Photo : Mike Segar/Reuters)

Le président iranien a dû patienter jusqu’en fin de journée pour monter à son tour à la tribune. Comme l’année dernière, Mahmoud Ahmadinejad a annoncé la chute prochaine des « puissances dont la volonté est de dominer le monde ». « Le capitalisme est au bout du chemin », a-t-il estimé. « Nous assistons à la fin d’un système qui permet aux dictateurs d’être présentés comme des démocrates. »

Fidèle à ses dérapages, Mahmoud Ahmadinejad a teinté son discours de relents antisémites, et provoqué le départ de plusieurs délégations, dont celle de la France et des Etats-Unis.

Tout au long de l’après-midi devant le siège des Nations unies, des manifestants ont protesté contre sa venue, brandissant le portrait de Neda, l’étudiante tuée dans les rues de Téhéran, lors des manifestations de contestation du scrutin présidentiel du 12 juin dernier.

Manifestation des Iraniens contre la venue du président Ahmadinejad, devant le siège de l'ONU à New York, le 23 septembre.(Photo : Natalie Behring/Reuters)

Manifestation des Iraniens contre la venue du président Ahmadinejad, devant le siège de l'ONU à New York, le 23 septembre.
(Photo : Natalie Behring/Reuters)