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Guinée

Conakry compte ses morts

par  RFI

Article publié le 30/09/2009 Dernière mise à jour le 30/09/2009 à 08:51 TU

Conakry est depuis hier une ville morte après la répression lundi d’une manifestation de l’opposition. Mais la violence est toujours présente dans la capitale guinéenne : trois jeunes ont encore été tués mardi par des soldats. Le bilan officiel des violences fait état de 57 tués mais l'organisation guinéenne de défense des droits de l'homme avance 157 morts et plus de 1 200 blessés. Le chef de la junte, Moussa Dadis Camara a proclamé deux jours de deuil national. Il a également interdit tout regroupement, promettant que les fauteurs de trouble et les commanditaires seraient sévèrement punis.

La police guinéenne arrête un manifestant le 28 septembre 2009 devant le stade de Conakry.(Photo : AFP)

La police guinéenne arrête un manifestant le 28 septembre 2009 devant le stade de Conakry.
(Photo : AFP)

Les quartiers chauds de Conakry ont été littéralement quadrillés par les soldats ce mardi. Les bérêts rouges du bataillon aéroporté ainsi que la police se sont déployés sur les axes de Hamdallaye, Bambeto et Cosa. Les militaires veillaient à disperser tout attroupement, parfois sans hésiter à tirer. Selon les témoins, au moins 3 personnes ont été tuées dans la journée, dont un adolescent abattu d'une balle dans le dos.

Témoignage d'un habitant de Conakry

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Plusieurs témoins affirment aussi que des soldats ont continué à piller des boutiques. Mamady Kabah, qui dirige la branche guinéenne de la Raddho, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, affirme que des femmes détenues dans les camps militaires et les commissariats ont été violées.

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L'Organisation guinéenne des droits de l'homme dénonce le fait que des blessés de l'hôpital Donka et des femmes violées qui étaient soignées au centre de santé de Ratoma ont été enlevés par des soldats. Quant aux opposants, ils accusent la junte d'avoir fait enlever les corps dans les morgues, la nuit dernière, afin de masquer l'ampleur du massacre.

Enfin, le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, a rendu visite aux blessés dans deux hopitaux de Conakry. Il devait aussi se rendre dans la soirée chez certains opposants. Manifestement, il souhaite calmer la colère des Guinéens.

Une armée incontrôlable

La Guinée a beau être dirigée depuis 25 ans par des militaires, l'armée est devenu le corps malade du pays.

Les viols et les meurtres commis lundi au stade du 28-Septembre par les soldats, les pillages et les exactions que subissent régulièrement les Guinéens de la part des hommes censés assurer la sécurité des citoyens, traduisent le lent pourrissement d'une institution où sévissent l'indiscipline, l'anarchie et la violence.

Depuis les dernières années du régime Conté, les soldats bénéficient d'une impunité totale. Les massacres de 2007 n'ont donné lieu à aucune enquête sérieuse et aucune sanction. Avec l'arrivée de la junte au pouvoir, cette impunité s'est doublée d'un sentiment de toute puissance. Il n'existe actuellement aucun contre-pouvoir efficace face à la junte.

Mais tous les corps de l'armée ne sont pas à blâmer. Les opposants passés à tabac lundi ont reconnu le rôle modérateur joué par certains responsables, ainsi que par la gendarmerie. C'est en fait le BATA, le bataillon des troupes aéroportées, le bouclier de la junte, qui s'est rendu coupable des plus graves exactions.

Depuis le coup d'état de décembre dernier, l'armée est aux mains d'un groupe de caporaux et de capitaines qui ont grandi dans la haine de leurs supérieurs. Le manque de respect et l'indiscipline viennent d'abord du sommet.

 

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