par RFI
Article publié le 30/09/2009 Dernière mise à jour le 30/09/2009 à 08:51 TU
La police guinéenne arrête un manifestant le 28 septembre 2009 devant le stade de Conakry.
(Photo : AFP)
« La situation est calme mais les gens ont peur »
Plusieurs témoins affirment aussi que des soldats ont continué à piller des boutiques. Mamady Kabah, qui dirige la branche guinéenne de la Raddho, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, affirme que des femmes détenues dans les camps militaires et les commissariats ont été violées.
« Ils les ont déshabillées, les ont mises nues, et certaines ont été violées »
L'Organisation guinéenne des droits de l'homme dénonce le fait que des blessés de l'hôpital Donka et des femmes violées qui étaient soignées au centre de santé de Ratoma ont été enlevés par des soldats. Quant aux opposants, ils accusent la junte d'avoir fait enlever les corps dans les morgues, la nuit dernière, afin de masquer l'ampleur du massacre.
Enfin, le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, a rendu visite aux blessés dans deux hopitaux de Conakry. Il devait aussi se rendre dans la soirée chez certains opposants. Manifestement, il souhaite calmer la colère des Guinéens.
Une armée incontrôlable |
La Guinée a beau être dirigée depuis 25 ans par des militaires, l'armée est devenu le corps malade du pays. Les viols et les meurtres commis lundi au stade du 28-Septembre par les soldats, les pillages et les exactions que subissent régulièrement les Guinéens de la part des hommes censés assurer la sécurité des citoyens, traduisent le lent pourrissement d'une institution où sévissent l'indiscipline, l'anarchie et la violence. Depuis les dernières années du régime Conté, les soldats bénéficient d'une impunité totale. Les massacres de 2007 n'ont donné lieu à aucune enquête sérieuse et aucune sanction. Avec l'arrivée de la junte au pouvoir, cette impunité s'est doublée d'un sentiment de toute puissance. Il n'existe actuellement aucun contre-pouvoir efficace face à la junte. Mais tous les corps de l'armée ne sont pas à blâmer. Les opposants passés à tabac lundi ont reconnu le rôle modérateur joué par certains responsables, ainsi que par la gendarmerie. C'est en fait le BATA, le bataillon des troupes aéroportées, le bouclier de la junte, qui s'est rendu coupable des plus graves exactions. Depuis le coup d'état de décembre dernier, l'armée est aux mains d'un groupe de caporaux et de capitaines qui ont grandi dans la haine de leurs supérieurs. Le manque de respect et l'indiscipline viennent d'abord du sommet. |
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Entretien
par Christophe Boisbouvier
30/09/2009
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