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Affaire Clearstream

De Villepin à l'épreuve d'un ancien maître espion

Article publié le 05/10/2009 Dernière mise à jour le 06/10/2009 à 21:14 TU

Dans le procès Clearstream, le général Philippe Rondot, ancien espion, et l'un des témoins-clé de cette affaire, a livré un témoignage qui contredit sérieusement pour la première fois l’ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, soupçonné d'avoir participé à une machination visant entre autres, le président de la République Nicolas Sarkozy.

Dominique de Villepin, à son arrivée au tribunal, le 5 octobre 2009.(Photo : Martin Bruneau/AFP)

Dominique de Villepin, à son arrivée au tribunal, le 5 octobre 2009.
(Photo : Martin Bruneau/AFP)

Avec Franck Alexandre, au Palais de justice de Paris

On ne l’avait pas encore vu, ni entendu, Philippe Rondot. Le général qui fête aujourd’hui ses 73 ans a conservé une allure martiale. « Officier de renseignement, pas espion », précise-t-il d’emblée. Il parle lentement, chaque mot compte et face au tribunal, il réitère fidèlement les propos tenus devant les juges d’instruction. Son témoignage, s’il n’enfonce pas complètement Dominique de Villepin, est néanmoins très dérangeant pour sa défense.

Exemple avec la fameuse réunion du 9 janvier 2004, dans le bureau de Dominique de Villepin. On demande au général d’enquêter sur les listings Clearstream sur instruction du président de la République, ce que Villepin a toujours nié. « Mais comment peut-on imaginer qu’un militaire puisse se prévaloir d’instructions du chef de l’Etat si c’était faux », rétorque Rondot.

Le témoignage du général met aussi en évidence le fait que de Villepin a suivi de très près l’affaire Clearstream, beaucoup plus qu’il ne l’a reconnu à l’audience. Il apparaît aussi que le nom de Nicolas Sarkozy est apparu très tôt, dès le 9 janvier 2004, ce que Villepin a toujours nié. Rondot, qui se décrit comme un militaire, fidèle et loyal, ne veut pas passer pour un « pied nickelé de l’espionnage ». « Dans cette affaire, j’ai été instrumentalisé, dit-il, on s’est servi de moi, mais je n’ai pas un QI de pétoncle ».

En juillet 2004, lorsqu’il est persuadé que les fichiers sont truqués, il informe sa hiérarchie et de Villepin, qui lui dit : « Si nous apparaissons le président et moi, nous ‘sautons’ ».

Autre affirmation embarrassante pour l'ex-chef de la diplomatie française: le général Rondot assure que Dominique de Villepin lui a demandé en mars 2004, d'intervenir pour faire libérer le mathématicien Imad Lahoud -autre inculpé dans le procès et faussaire présumé des listings-, qui avait été placé en garde à vue pour une affaire annexe d'escroquerie. Dominique de Villepin conteste cette version et affirme ne pas connaître Imad Lahoud.

Le général Rondot était à l'époque en contact avec Imad Lahoud, qui lui avait assuré qu'il pourrait aider la France dans la traque d'Oussama ben Laden, le chef du réseau terroriste al-Qaïda.

Alors, comment les avocats de Dominique de Villepin ont-ils l’intention de sortir leur client de ce mauvais pas d’aujourd’hui ?  On sait que le général notait tout dans ses célèbres petits carnets. Les avocats de l’ex-Premier ministre font valoir que ce sont de simples notes de travail et que ce n’est pas le reflet de la réalité. Mais très service-service, le général rappelle : « Comme à la guerre, ce sont des carnets de marche, je note tout ce que j’entends » et il noircit donc des petits carnets qui sont bien gênants pour Dominique de Villepin.