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Angolagate

En attendant le verdict

par  RFI

Article publié le 27/10/2009 Dernière mise à jour le 27/10/2009 à 04:30 TU

Après 8 mois de procès, on devrait connaitre cet après-midi le verdict dans l'affaire de l'Angolagate. Sur le banc des accusés, 42 personnalités dont Pierre Falcone, l'homme d'affaires français et son associé, l’Israélien d’origine russe Arcadi Gaydamak. Tous deux ont vendu entre 1993 et 1998 des armes à l’Angola en enfreignant la législation française sur ce type de commerce. Avec eux, ils entraînent devant la justice, anciens ministres et hommes politiques français qu’ils auraient corrompus pour faciliter leur business. Les armes devaient permettre au gouvernement angolais de lutter contre l'Unita, la rébellion angolaise.

Pierre Falcone (G), l'homme d'affaires français et son associé Arcadi Gaydamak (D), l’Israélien d’origine russe.(Photo : Joel Saget /AFP)

Pierre Falcone (G), l'homme d'affaires français et son associé Arcadi Gaydamak (D), l’Israélien d’origine russe.
(Photo : Joel Saget /AFP)

Ne cherchez pas des ressortissants angolais sur le banc des accusés, il n'y en a pas. Au Palais de justice, cette affaire ne s'appelle même pas l'Angolagate, mais le procès Brencon, du nom de la société française qui a vendu les armes au gouvernement angolais.

Quatre cent vingt chars, six navires de guerres, 12 hélicoptères: la guerre civile en Angola fut un juteux trafic qui rapporta à Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak près de 800 millions de dollars. Pour mettre de l'huile dans les rouages, les deux associés n'ont pas hésité à verser de nombreux pots de vin au tout Paris des années des années 90. Parmi les prévenus on retrouve des personnalités comme l'ancien ministre Charles Pasqua, l'écrivain Paul-Loup Sulitzer, l'ex préfet Jean Charles Marchiani ou encore Jean Christophe Mitterrand, le fils du président défunt.

Mais aucune révélation n'a émergé des cinq mois d'audience. La défense ne cessant de marteler que l'Etat français savait et qu'il a laissé faire.

Le principal suspect Pierre Falcone, patron de Brencon, risque officiellement 6 ans de prison en ferme. Et même s'il est condamné, l'homme d'affaire français ne purgera pas sa peine. Le président Dos Santos, qui était déjà à la tête de l'Etat angolais aux moments de ces ventes d'armes, lui a donné un poste au sein de la représentation de l'Angola auprès de l'Unesco. Il jouit ainsi d’une opportune immunité diplomatique. Arcady Gaydamak, réfugié en Israël, n'a jamais mis les pieds à son procès.

L'accusation a requis 18 mois ferme contre Marchiani et  Sulitzer, ou encore un an de prison ferme contre le fils Mitterrand.

L'Eldorado angolais séduit la France

Lorsqu'en mai 2008 à Luanda, Nicolas Sarkozy demande à son homologue angolais de «tourner la page du passé» et qualifie l'affaire de «malentendu», c'est qu'il espère bien développer des relations économiques lucratives avec l'Angola. L'Angola qui est l'un des plus importants producteurs de pétrole du continent et dont la croissance est - jusqu'à la récente crise - exponentielle. Or la France, sixième partenaire économique de Luanda, espère bien profiter de l'eldorado angolais.