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France-Sénégal
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Le Lion a marabouté le coq
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Le défenseur sénégalais Ferdinand Coly passe devant le Français Thierry Henry, au sol. Le collectif des Lions de la Teranga a fait merveille. © AFP
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L’équipe de France ne s’attendait pas à un tel scénario: être battue d’entrée de jeu par une équipe néophyte. Et pourtant, les champions du monde en titre se sont inclinés, à la régulière, face à un Sénégal qui a joué à merveille son rôle de challenger.
Dans la foulée de l’épopée camerounaise à la Coupe du monde 90, l’équipe du Sénégal marchera-t-elle dans les traces de son aînée, passer le premier tour, aller en huitième puis en quart de finale ? Comment ne pas y songer après le succès remporté à Séoul devant les champions du monde français qui rappelle curieusement celui du Cameroun devant l’Argentine il y a douze ans à Milan. Même détermination, même solidarité, même sérieux, même intelligence de jeu. Plus que la performance individuelle de chacun des joueurs sénégalais, c’est d’abord leur collectif qui a fait merveille et la pertinence des choix tactiques.
Bruno Metsu en alignant, sur le modèle de l’équipe de France, une formation en 4-5-1 avec un seul attaquant de pointe, El Hadji Diouf, avait clairement décidé de laisser jouer l’adversaire et de concentrer sa startégie sur un milieu de terrain renforcé dans lequel les Français viendraient en quelque sorte s’enliser. C’est exactement ce qui s’est produit. Si les camarades de Marcel Desailly ont eu plus souvent le contrôle du ballon, ils n’ont jamais su en faire bon usage, se jetant constamment dans l’entonnoir, ne parvenant jamais à élargir leur champ d’action sur les ailes. Et force est de constater que pendant quatre-vingt dix minutes ils se sont révélés totalement impuissant, attendant par exemple de longues minutes avant de porter le danger devant la cage de Tony Sylva, par ailleurs remarquable tout au long de la rencontre.
Des Sénégalais concentrés et sérieux
Laisser venir les Français à eux, les obliger à opérer loin de leur ligne de but pour mieux déborder leur défense sur des contre-attaques de Khalilou Fadiga et El Hadji Diouf; c’est ce qu’ont fait à la lettre les protégés de Metsu. Mieux, ils se sont créé les premières occasions de but, d’abord sur une coup franc initial de Khalilou Fadiga, puis sur un remarquable débordement d’El Hadji Diouf suivi d’un centre en retrait sur Fadiga qui aurait mérité un meilleur sort. Il faudra attendre la vingt-deuxième minute pour voir une première tentative des Bleus repoussée par le poteau. Un échec de Trezeguet, véritable symbole de l’impuissance française dans cette partie. L’unique but de ce match d’ouverture interviendra peu de temps après, centre de Diouf pour Pape Bouba Diop qui trompait irrémédiablement Fabien Barthez.
Un score de 1 à 0 à la mi-temps pour des Sénégalais parfaitement concentrés et extrêmement sérieux. Un score qui n’évoluera pas dans la seconde moitié de la rencontre, même si par deux fois la barre transversale allait trembler, côté français à la 64è minute sur une tentative du très bon technicien Fadiga, puis deux minutes plus tard, côté sénégalais cette fois sur une tentative de Thierry Henry. A l’issue de cette rencontre extrêmement décevante pour lui, tant par le résultat que par la manière, Roger Lemerre vantait les qualités de vitesse et de spontanéité déployées par les Lions de la Teranga. Deux vertus étrangement absentes dans les rangs de l’équipe de France au diapason de ses très médiocres sorties préalables devant la Belgique et la Corée du Sud. La cote de l’équipe de France effectue au soir de ce match une chute vertigineuse. Jamais une équipe battue lors de la première journée n’est devenue championne du monde. Seules l’Angleterre en 1966 et l’Italie en 1990 s’en était sorties à leur avantage après un résultat nul initial respectivement face à l’Uruguay et la Pologne.
Les marabouts sénégalais peuvent pavoiser. Ceux qui croient à leur pouvoir magique leur rendront hommage. Les Lions ont bien marabouté le coq gaulois…
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Gérard DREYFUS 31/05/2002
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