par Dominique Raizon
Article publié le 26/01/2007 Dernière mise à jour le 26/01/2007 à 16:24 TU
«Au Japon, derrière le thon, se cache un véritable business. »
Sur la période 2003-2006, les scientifiques de la Commission internationale de conservation des thonidés d’Atlantique (Cicta) ont évalué les captures effectives de thon rouge méditerranéen à 50 000 tonnes, alors que l’exploitation était limitée par un quota de 32 000 tonnes. Face à cette surexploitation, une conférence internationale de cinq jours a été organisée à Kobé, à l’initiative des cinq organisations régionales du globe chargées de la régulation de la pêche (ORP*). Katsuma Hanafusa, un responsable de l’Agence des pêches japonaises, a déclaré que l’ensemble des participants avait admis «la nécessité critique de stopper le déclin des stocks de thon décimés et de ramener ces stocks à des niveaux durables».
Selon les scientifiques, le nombre actuel de prises de thon est trois fois supérieur à celui qui permettrait un renouvellement optimum de l’espèce et, si la pêche se poursuit à cette cadence, ils estiment que les stocks de thon pourraient rapidement se trouver en danger d’extinction commerciale. Les cinq gendarmes de la pêche au thon attribuent cette situation à l’engouement mondial pour la cuisine japonaise. Cette dernière fait largement appel au thon cru sous forme de sushis et de sashimi, des modes de préparation de poisson cru mariné et présenté roulé ou en lamelles.
«Notre objectif est de nous engager à respecter l’exploitation durable des ressources en thon et de prouver, tant chez nous qu’au niveau international, qu’il est possible de préserver [cette] pêche», a plaidé le directeur de l’Agence des pêches japonaises, Toshiro Shirasu, en ouverture de la conférence internationale. «Mais le véritable test sera de voir si les engagements pris à Kobé se traduiront vraiment par des actions concrètes», avait immédiatement souligné le délégué américain, David Balton. Or, en terme d’«actions concrètes», qu’a-t-il été décidé exactement après une semaine de débats ? Les organisations de défense de l’environnement déplorent un goût de trop peu. Elles auraient souhaité, à l’instar de WWF-France, une réduction du nombre de bateaux de pêche au thon autorisés dans chaque pays.
«Une liste noire commune des bateaux pratiquant une pêche illégale»
Le plan, adopté vendredi, prévoit d’améliorer la coordination entre les cinq organismes en matière de contrôle du commerce mondial du thon, au moyen de systèmes d’étiquetage ou encore de partages d’informations. Ce système permettra d'exiger non seulement des vendeurs, mais aussi des pêcheurs, qu’ils certifient l’origine des poissons pêchés. Les cinq organismes ont également prévu «la mise en commun des listes noires des bateaux accusés de pratiquer une pêche illégale». Pour autant, aucun système mondial de quotas n’a été adopté : «La conférence avait pour but de fixer une orientation générale. Si nous avions essayé d’inclure des objectifs chiffrés dans le plan, la négociation ne se serait jamais terminée», a ajouté Katsuma Hanafusa.
Avec un quart de la consommation mondiale de thon, les quelque 127 millions de Japonais se placent au premier rang. Le Japon a décidé, pour sa part, de réduire de moitié les prises des thoniers du pays, dès maintenant.-la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta)
-la Commission de conservation du thon rouge du sud (CCSBT)
-la Commission des pêches du centre-ouest de l’océan Pacifique (WCPFC)
-la Commission interaméricaine du thon tropical (IATTC)
-la Commission des thonidés de l’océan Indien (IOTC)
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