par Dominique Raizon
Article publié le 28/03/2007 Dernière mise à jour le 28/03/2007 à 17:01 TU
Une enquête commandée à l’institut TNS Healthcare par l’IVS, révèle qu’au cours des six derniers mois, 53% des Français ont éprouvé le besoin de s’allonger durant la journée, que 17% des Français interrogés somnolent et s’endorment dans de multiples circonstances et que 28% des personnes de 15 ans et plus souffrent d’au moins un trouble du sommeil. Le manque de sommeil apparaît logiquement comme la première cause de la fatigue ressentie par les personnes interrogées, avant les conditions de travail, deuxième cause pour 35% des individus, selon le rapport.
Dormir plus ? Peut-être. L’étude révèle qu’en un demi-siècle les Français ont perdu en moyenne une heure et demie de sommeil, à raison de 7 heures et 10 minutes par jour. Mais, soulignent les spécialistes : «Il n’y a pas de durée type. La durée est propre à chaque individu, et elle est variable selon l’âge». Dormir mieux ? Sans doute, car «les personnes interrogées éprouvent une certaine difficulté à dormir suffisamment par rapport à leur propre besoin estimé». Ce faisant, les spécialistes conseillent à tout un chacun de respecter sa propre horloge biologique autant que des horaires de coucher et de lever réguliers, soulignant que «le manque de sommeil peut se rattraper sur le court terme», ce qui n’est pas le cas lorsque les carences s’accumulent.
Bientôt la sieste dans les entreprises ?
Une étude menée auprès de 1 000 salariés, en Grande-Bretagne, a révélé que 53% des femmes et 35% des hommes éprouvent des coups de fatigue après la pause déjeuner. La même étude estime que la baisse de productivité coûte 6,2 milliards d’euros par an aux entreprises. Conseiller de récupérer dans les bras de Morphée quand le besoin se fait sentir, c’est bien. Donner les moyens de le faire en toute légalité, c’est mieux. Le 29 janvier dernier, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, accordant sa confiance aux études scientifiques menées sur ce sujet, a émis l’idée d’une sieste possible au travail.
«Une sieste courte est bénéfique pour la vigilance et la sécurité au travail. (…) C’est pourquoi je souhaite lancer une expérimentation avec des entreprises volontaires», a déclaré le ministre français. Selon Xavier Bertrand, si l’expérience s’avérait concluante, le concept pourrait alors être étendu à toutes les sociétés, tandis qu’en Europe, seule l’Italie se distingue des autres pays, en tolérant quelques minutes de repos sur le lieu de travail. Aux Etats-Unis, la discussion sur la sieste revient régulièrement alimenter les débats entre experts médicaux et chefs d'entreprise, ces derniers imputant en grande majorité le besoin de sieste à une faiblesse professionnelle d’employés peu courageux.
L’apnée du sommeil : elle peut être mortelle
L’irritabilité et le manque d’énergie sont citées comme conséquences principales de la fatigue, respectivement par 30% et 29% des personnes interrogées qui, à tort, peuvent alors être tentées par des somnifères, le soir, et des excitants, la journée. Mais avant de soigner l’effet, il faut diagnostiquer la cause. La lassitude et l’irascibilité sont l’expression de carences de sommeil. Lors de consultations spécialisées, les médecins peuvent diagnostiquer un symptôme de dépression, une anémie, ou bien encore une apnée du sommeil. L’apnée nocturne se manifeste par des arrêts respiratoires et peut être mortelle : «On estime que 4 % de la population souffrent de ce syndrome, mais le chiffre exact serait plus proche de 8 %. Les apnées touchent autant de monde que des maladies chroniques tel que l'asthme ou le diabète ! », signale le Pr. Jean-Louis Racineux, responsable du département de pneumologie au Centre hospitalier universitaire d'Angers, et qui est l'un des organisateurs de la Journée nationale d'apnées du sommeil.
L’hygiène du sommeil fait désormais partie des problèmes de santé publique, en France. Le gouvernement a décidé de mettre la main au portefeuille en consacrant pour l’année à venir cinq cent mille euros au développement de centres du sommeil et quatre à six cent mille euros à la recherche. Il existe actuellement quelque quarante-trois Centres du sommeil répartis dans trente-quatre villes de l’Hexagone dans lesquels, les bilans personnalisés et les diagnostics précis sur les causes des troubles du sommeil du patient permettent de mieux traiter le handicap. Une campagne de sensibilisation, prévention et éducation devrait prochainement être lancée par l’IVS sur le thème «Dormir plus en France».