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Paléontologie

Un coelacanthe dans des filets de pêche indonésiens

par Dominique Raizon

Article publié le 25/05/2007 Dernière mise à jour le 25/05/2007 à 15:10 TU

Un coelacanthe couvert d’écailles bleues tachetées de blanc.(Photo : AFP)

Un coelacanthe couvert d’écailles bleues tachetées de blanc.
(Photo : AFP)

Rare, mais encore de ce monde, le coelacanthe a traversé trois cent cinquante millions d’années. Un pêcheur indonésien en a pris un dans ses filets, la semaine dernière. Grâce aux différents fossiles retrouvés, on sait que l’espèce est apparue il y a au moins 350 millions d’années. Plus de deux cents spécimens ont été pêchés au large des Comores et en Indonésie, ces soixante-dix dernières années. Ces poissons d’un autre âge passionnent les chercheurs. Gaël Clément, paléontologue, chercheur au Museum d’histoire naturelle, à Paris, a scanné un spécimen capturé en 1960.
Reconstruction du coelacanthe. (Photo : AFP)
Reconstruction du coelacanthe.
(Photo : AFP)

Il vit dans l’eau, comme un poisson. Il a des nageoires comme un poisson, mais il a aussi un poumon médian dégénéré. Il ne se déplace pas comme un poisson. Qu’est-ce que c’est ? Un coelacanthe. Le 19 mai 2007, au large des côtes de la province de Sulawesi du Nord, un pêcheur indonésien et son fils ont pris dans leur filet ce poisson primitif. Ils ont gardé chez eux, pendant une heure, l’animal au gabarit imposant (1,31 mètre de long et 51 kilogrammes) puis, ils l’ont placé dans un parc en bord de mer, où il a survécu environ 17 heures. Ceci intrigue les scientifiques car, en principe, «retiré de son habitat naturel, à une soixantaine de mètres de fond, les coelacanthes ne peuvent pas, normalement, vivre plus de deux heures», selon le professeur Grevo Gerung, de l’université de Sam Ratulangui. Comment se l’expliquer ?

Gaël Clément

Chercheur au Museum d’histoire naturelle à Paris

«Le coelacanthe meurt lorsqu'on le pêche, même si on le laisse en milieu marin...»

Coelacante en 3D G. Clément, MNHN, avec le logiciel MIMICS 10.11
Coelacante en 3D
G. Clément, MNHN, avec le logiciel MIMICS 10.11

Allure massive, taille imposante pouvant friser le 1,80 mètre pour quelque quatre-vingt dix kilos, le coelacanthe présente un faciès effrayant qui ressemble un peu à celui du mérou. Ce poisson carnivore vit aujourd’hui dans les grands fonds marins entre cent mètres et quatre cents mètres de profondeur, où il s’abrite dans les grottes volcaniques, ce qui ne fut pas toujours le cas. Il est couvert d’écailles bleues tachetées de blanc, sur trois rangées, qui l’habillent d’une espèce de cuirasse et lui confèrent l’allure d’une sorte de poisson tank. Gaël Clément a étudié au scanner un spécimen capturé en 1960.

Gaël Clément

Chercheur au Museum d’histoire naturelle à Paris

«Nous l'avons scanné et nous avons pu le modéliser pour le visualiser, ce qui nous a permis de voir qu'il avait un poumon.»

Coelacante en 3D G. Clément, MNHN, avec le logiciel MIMICS 10.11
Coelacante en 3D
G. Clément, MNHN, avec le logiciel MIMICS 10.11

Le plus récent fossile, découvert dans l’Hérault (sud de la France) (*), date d’il y a 70 millions d’années. Les spécialistes de la biologie évolutive ont longtemps pensé que l’espèce s’était éteinte à cette période, jusqu’à ce que, en 1938, soit capturé un coelacanthe au large des côtes d’Afrique du Sud puis ... près de deux cents, soit au large des Comores, soit au large de l’Indonésie.

Gaël Clément

Chercheur au Museum d’histoire naturelle à Paris

«On pensait que les coelacanthes avaient disparu en même temps que les dinosaures mais il semble que non...»

(*) La région où a été découvert le fossile, à Cruzy, appartenait, à l’époque du crétacé supérieur, à une très grande île, située dans la mer de Théthys. Le crétacé est une période géologique qui s'étend de -145,5 à -65,5 millions d'années.