par Dominique Raizon
Article publié le 05/02/2008 Dernière mise à jour le 07/02/2008 à 17:26 TU
Récemment, dans le journal brésilien Gazeta Mercantil, Achim Steiner, directeur général du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), révélait que « les termites hébergent des bactéries capables de transformer de manière efficace et économique les déchets de bois en sucres pour la production d'éthanol ».
Ecoulement d'eau sur les rochers. Au fond à droite, on aperçoit une termitière.
(Photo : IRD)
Depuis la nuit des temps, les populations autochtones tirent partie de la qualité de la terre des termitières : riche en minéraux et en matière organique, ils l’exploitent comme engrais, en pratiquant l’épandage sur les champs cultivés ; dotée de propriétés analogues à l’argile blanche ou au kaolin, cette même terre est utilisée comme cataplasme, pour ses vertus reminéralisantes et détoxifiantes, propre à soulager les douleurs articulaires, réparer des fractures osseuses et soigner des troubles digestifs.
Mais ce que l’on sait moins c’est l’intérêt que représente ces constructions élaborées par des insectes sociaux ingénieurs et bâtisseurs. Depuis la nuit des temps, l'esthétique des termitières inspirent les hommes et, depuis quelque trois décennies, les architectes s'intéressent au fonctionnement naturel de cet écosystème, construisant « des bâtiments qui, selon leur structure, s'avèrent consommer de 50% à 90% moins d'énergie qu'un bâtiment classique équivalent », explique Maximilien Quivrin.
Entomologiste
« Les insectes sociaux, qui ont le plus inspiré les hommes, sont les abeilles et les termites. »
Conformation des édifices et résistance étonnante du matériau d'une part, exposition optimisée au soleil selon un axe nord-sud et maintient d’une température constante à l’intérieur de la termitière, grâce à un système sophistiqué de ventilation des galeries, d'autre part ... : la structure des imposantes termitières-cathédrales, savamment désignées macrothermes, intéresse de près architectes et entomologistes.
« Des architectes se sont inspirés des termitières-cathédrales pour mettre au point un système de climatisation passive. »
Réalisé en 1996 par l’architecte Mike Pearce, l’Eastgate building, à Harare (Zimbabwe) a été construit sur ce principe : de nombreuses cheminées créent un courant d’air rafraîchissant et rend inutile toute climatisation électrique dans ce pays où la température journalière peut dépasser les 35°C.
En Angleterre, le centre des impôts de Nottingham et le Queen’s house building de l’université de Leicester, également, et là dans le but de maintenir une température constante, sans subir les variations climatiques, en sachant préserver la chaleur par temps froid.
La terre même de la termitière, qui compose le dôme extérieur des nids, possède des propriétés de résistance exceptionnelle pour un matériau élaboré à température ambiante, explique Maximilien Quivrin : « Il apparaît que les sucres non dégradés, présents dans les déjections des termites jouent un rôle très important dans la cohésion des éléments de ce ciment. Les ingénieurs espèrent percer le secret de ce « béton organique » pour créer un matériau de construction plus écologique ».
De la terre, de l'or et des diamants ...
Par ailleurs, à l’instar de sourciers capables de détecter de l’eau souterraine, les cultivateurs africains peuvent, en tenant compte de la couleur de certaines termitières et de leur emplacement, déterminer la richesse du sol. Ainsi, les termitières-cathédrales à plusieurs clochetons, souvent adossées à un arbre, se révèlent être souvent bâties sur des terrains ferrugineux. Mais les termitières sont également observées de près par les orpailleurs …
« En échantillonnant la terre prélevée sur les termitières, les ingénieurs orpailleurs peuvent estimer la richesse d'un filon aurifère. »
« Dans certains cas, les termitières peuvent même indiquer des gisements de diamants importants: dans les années 1970, la plus importante mine de kimberlite a été créée à Jaweng (Botswana), suite à des analyses de termitières », ajoute l'entomologiste ...
A: lamelle d'argile; B: base; C: cavité centrale; F: champignons spongieux; G: galerie souterraine; PA: piliers d'argile; R: cellule royale; S: amas de particules filandreuses.
(Graphique : Grassi B. e Sandias A/ Domaine public)
(*) L'expression « bio-carburant » -du grec bios, qui signifie « vie, vivant »- signifie que ce carburant est obtenu à partir de matériaux organiques. Le bio-éthanol est obtenu par fermentation de sucres par des levures et peut remplacer partiellement ou totalement l’essence.
Pour en savoir plus :
- La citadelle assiégée, film de Philippe Calderon, produit par les Films du rêve - France. Prix du public au festival du film international du film de l'insecte (cliquez ici) et (ici)
- Site de l’Opie (cliquez ici) et (ici)
- Site de l'Institut de recherche et développement (cliquez ici)
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