par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 09/06/2008 Dernière mise à jour le 10/06/2008 à 14:55 TU
« Jusqu'à la fin des années 90, on savait que les océans absorbaient un tiers des émissions humaines de CO2 présent dans l'atmosphère mais on voyait plutôt cela comme une bénédiction car c'était autant de CO2 en moins dans l'air », explique Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche à l'observatoire.« Puis, poursuit-il, des chercheurs ont découvert que la croissance des organismes marins à squelette calcaire était affectée négativement par cette acidification et on a commencé à se dire que l'absorption de CO2 par l'océan n'était pas si anodine que ça ».
La partie la plus importante du programme Epoca va tenter de préciser les réponses biologiques des zooplancton, phytoplancton, algues, mollusques et autres coraux au phénomène d'acidification et d'évaluer leur capacité d'adaptation. « Peut-être le constat ne sera-t-il pas uniquement négatif. Une étude a déjà prouvé que la croissance des plantes marines est stimulée par l'augmentation du CO2 dans l'eau », remarque Lina Hansson, manager d'Epoca.
Tous les partenaires du projet se réunissent, pour la première fois le 10 juin 2008, à Nice (sud-est), afin de planifier les différentes étapes de 'expérimentation. « Un premier aspect va consister à décrire le niveau d'acidification des océans aujourd'hui et dans le passé en remontant plusieurs milliers d'années en arrière et cela dans trois zones : Méditerranée, Atlantique, Arctique », détaille Jean-Pierre Gattuso.
Inclure ce phénomène dans les négociations de l'après Kyoto
« On pense pouvoir obtenir des données anciennes en prélevant des carottes de sédiments au fond des mers. Chaque couche de sédiments correspondant à une période donnée, on va estimer le niveau du pH au moment où les coquilles calcaires ont été fabriquées », poursuit-il.
Outre les études en laboratoire, les chercheurs vont également mener des expériences en milieu naturel, dont la plus emblématique se déroulera en juin 2009 au Spitzberg. Des sacs pouvant contenir plusieurs m3 d'eau vont être immergés dans les eaux froides de l'Arctique, qui absorbent davantage de CO2 que les eaux plus chaudes. Leur contenu sera soumis à différentes modifications du pH pour reproduire les conditions de pH passées et simuler celles à venir.
L'Union européenne (UE) qui finance à hauteur de 6,5 millions d'euros cette campagne d'un budget total de 16,5 millions d'euros sera destinataire des résultats et n'entend pas les oublier au fond d'un tiroir. « Nous allons tenter d'identifier des seuils critiques de Ph à ne pas franchir sous peine de bouleverser l'écosystème des océans », explique Jean-Pierre Gattuso. L'UE veut inclure ce phénomène dans les négociations de l'après Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pour en savoir plus :
Site de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer)
Site en anglais de l'Atlas des océans (cliquez ici)
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