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MGM ? Moustique génétiquement modifié !

par Dominique Raizon

Article publié le 21/04/2009 Dernière mise à jour le 27/04/2009 à 19:14 TU

Aedes aegypti.(Source : Center for disease control and prevention/USA)

Aedes aegypti.
(Source : Center for disease control and prevention/USA)

Il n’existe pour l’heure ni vaccin ni traitement curatif pour lutter contre la dengue, une maladie infectieuse est transmise à l’homme par le moustique Aedes aegypti. Les moustiques deviennent de plus en plus résistants aux barrières chimiques de type répulsif et insecticides. Aussi les scientifiques sont-ils sur le point de tester, à l’île de la Réunion, un nouveau dispositif qui vise à faire décliner la population de moustiques agents transmetteurs de la dengue, Aedes albopictus. L’OMS a publié au mois de mars 2009 une étude portant sur la dissémination de moustiques génétiquement modifiés (MGM), rendus stériles par radiation chimique et destinés à s’accoupler mais pas à se reproduire.

Vecteur d’agent pathogène, le moustique du genre Aedes aegypti fait partie des insectes nuisibles pour la santé de l’homme. Les épidémies de dengue frappent chaque année quelque 100 millions de personnes et, quand il y a complication, la maladie peut alors évoluer vers une forme hémorragique potentiellement mortelle.

Le paludisme est transmis à l'homme par un moustique, l'anophèle femelle.(Photo : Institut Pasteur)

Le paludisme est transmis à l'homme par un moustique, l'anophèle femelle.
(Photo : Institut Pasteur)

Qu’il s’agisse du paludisme, de la dengue, ou de la filariose lymphatique -des maladies toutes transmises à l’homme par des moustiques- dans tous les cas de figure, « trois acteurs entrent en jeu dans le processus de transmission du virus, rappelle Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale chercheure à l’Institut Pasteur à Paris. Il y a d’une part le moustique, vecteur dans lequel se multiplie le virus ; le vertébré –homme ou animal à sang chaud- chez lequel se développe une phase d’amplification active du virus ; et le virus lui-même ».

Anna Bella Failloux

« L'homme n'était pas à l'origine l'hôte idéal du virus. Les virus étaient là bien avant nous; ils seront peut-être encore là après nous. La rencontre des deux partenaires s'est faite par hasard.»

21/04/2009 par Dominique Raizon

Le propos n’est pas de déclarer une guerre sans merci aux moustiques en vue de les détruire de manière radicale mais de protéger l'homme des maladies transmises par certaines populations de moustiques. Les dispositifs variés mis en place jusqu’à présent ne sont plus efficaces : les insectes se sont adaptés et sont devenus résistants aux répulsifs chimiques et aux insecticides aux molécules ciblées type DDT etc par exemple. Quant aux opérations de démoustication des zones infestées (réservoirs d’eaux, puits, marais), -en vue d’agir sur les gites larvaires et détruire les lieux de reproduction-, elles doivent être renouvelées de manière quasi constante pour être efficaces. Ces interventions sont onéreuses et les résultats insatisfaisants.

Traitement anti-moustiques contre la dengue qui sévit pendant la saison des pluies.(Photo : S. Honorine/RFI)

Traitement anti-moustiques contre la dengue qui sévit pendant la saison des pluies.
(Photo : S. Honorine/RFI)

Les scientifiques ont imaginé une nouvelle stratégie consistant à limiter le contact entre les trois partenaires en réduisant les densités de populations de moustiques. Chimiquement stérilisés en laboratoire, les mâles génétiquement modifiés sont alors disséminés dans la nature pour entrer en compétition avec des mâles sauvages ; fécondées par des mâles ayant subi une radiation, les femelles ne donnent plus naissance à une progéniture viable … La population naturelle de l’espèce porteuse du virus décline. Cette manipulation subtile s’est déjà montrée efficace sur d’autres insectes dans le cadre de lutte contre des insectes ravageurs.

Anna Bella Failloux

« Ce type de dispositif a déjà été mis en place pour lutter contre la mouche des fruits et d'autres anophèles. Il s'est avéré efficace»

21/04/2009 par Dominique Raizon

Le moustique du chikungunya (Aedes)© M. Dukhan / IRD

Le moustique du chikungunya (Aedes)
© M. Dukhan / IRD

Si la technique a fait ses preuves sur d’autres espèces, pourquoi tarder à l’utiliser pour Aedes aegypti ? « Pas assez de recul. Encore trop d’inconnues », répond Anna-Bella Failloux.

La prochaine étape consistera, d’ici à quelques mois, à effectuer des essais dans la nature sur des sites choisis et naturellement clos, par exemple des îles. Un assaut devrait être lancé prochainement à la réunion contre le moustique vecteur de chikungunya.

Anna Bella Failloux

« Dans un système insulaire, il est plus aisé de surveiller le mouvement des populations d'insectes. Mais en amont, avant de mettre en place un dispositif il faut faire une étude biologique de terain très importante. »

21/04/2009 par Dominique Raizon


* !  Le moustique du genre Aedes aegypti prolifère en milieu urbain et pique durant la journée. Les œufs peuvent rester en sommeil dans des réservoirs d’où l’eau s’est évaporée, par exemple dans des pneus, ceux-ci étant souvent expédiés dans le monde entier.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites

- de l'Organisation Mondiale de la Santé

- de l'Institut Pasteur à Paris

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Anna-Bella Failloux

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