par Dominique Raizon
Article publié le 21/04/2009 Dernière mise à jour le 27/04/2009 à 19:14 TU
Vecteur d’agent pathogène, le moustique du genre Aedes aegypti fait partie des insectes nuisibles pour la santé de l’homme. Les épidémies de dengue frappent chaque année quelque 100 millions de personnes et, quand il y a complication, la maladie peut alors évoluer vers une forme hémorragique potentiellement mortelle.
Qu’il s’agisse du paludisme, de la dengue, ou de la filariose lymphatique -des maladies toutes transmises à l’homme par des moustiques- dans tous les cas de figure, « trois acteurs entrent en jeu dans le processus de transmission du virus, rappelle Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale chercheure à l’Institut Pasteur à Paris. Il y a d’une part le moustique, vecteur dans lequel se multiplie le virus ; le vertébré –homme ou animal à sang chaud- chez lequel se développe une phase d’amplification active du virus ; et le virus lui-même ».« L'homme n'était pas à l'origine l'hôte idéal du virus. Les virus étaient là bien avant nous; ils seront peut-être encore là après nous. La rencontre des deux partenaires s'est faite par hasard.»
Le propos n’est pas de déclarer une guerre sans merci aux moustiques en vue de les détruire de manière radicale mais de protéger l'homme des maladies transmises par certaines populations de moustiques. Les dispositifs variés mis en place jusqu’à présent ne sont plus efficaces : les insectes se sont adaptés et sont devenus résistants aux répulsifs chimiques et aux insecticides aux molécules ciblées type DDT etc par exemple. Quant aux opérations de démoustication des zones infestées (réservoirs d’eaux, puits, marais), -en vue d’agir sur les gites larvaires et détruire les lieux de reproduction-, elles doivent être renouvelées de manière quasi constante pour être efficaces. Ces interventions sont onéreuses et les résultats insatisfaisants.
Traitement anti-moustiques contre la dengue qui sévit pendant la saison des pluies.
(Photo : S. Honorine/RFI)
« Ce type de dispositif a déjà été mis en place pour lutter contre la mouche des fruits et d'autres anophèles. Il s'est avéré efficace»
Si la technique a fait ses preuves sur d’autres espèces, pourquoi tarder à l’utiliser pour Aedes aegypti ? « Pas assez de recul. Encore trop d’inconnues », répond Anna-Bella Failloux.
La prochaine étape consistera, d’ici à quelques mois, à effectuer des essais dans la nature sur des sites choisis et naturellement clos, par exemple des îles. Un assaut devrait être lancé prochainement à la réunion contre le moustique vecteur de chikungunya.
« Dans un système insulaire, il est plus aisé de surveiller le mouvement des populations d'insectes. Mais en amont, avant de mettre en place un dispositif il faut faire une étude biologique de terain très importante. »
* ! Le moustique du genre Aedes aegypti prolifère en milieu urbain et pique durant la journée. Les œufs peuvent rester en sommeil dans des réservoirs d’où l’eau s’est évaporée, par exemple dans des pneus, ceux-ci étant souvent expédiés dans le monde entier.
Autour du sujet
« Le virus a muté et passe plus facilement la barrière de l'estomac du moustique et il arrive plus rapidement dans les glandes salivaires. »
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