par Dominique Raizon
Article publié le 05/05/2009 Dernière mise à jour le 25/05/2009 à 12:30 TU
Selon une étude internationale conduite par des scientifiques français de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), la crue annuelle de l'Amazone -qui, avec le Nil, est l'un des deux plus grands fleuves du monde (*1)- a atteint ces dernières semaines un niveau jamais enregistré. L'IRD, qui a pour mission de développer des projets scientifiques centrés sur les relations qu'entretient l'homme avec son environnement en zone intertropicale, a mis au point le programme Hybam, un dispositif pour étudier notamment l'impact du changement climatique sur l'hydrologie du bassin amazonien. Le niveau d'eau exceptionnellement élevé cette année est, selon les chercheurs, en lien direct avec le changement climatique et « la variabilité climatique actuelle va entrainer une augmentation des extrêmes (crues et bas niveaux), a expliqué Jean-Louis Guyot, directeur scientifique de l'observatoire. Pas forcément une augmentation du débit moyen de l'Amazone ». Les scientifiques prévoient un nouveau pic en ce début de mois de mai. (*2)
L'Observatoire d'Obidos (*3) est installé au nord-ouest de Santarem, capitale de l'Etat amazonien du Para, à quelque 800 kilomètres de l’estuaire. C'est lors d'une mission de contrôle et d’observation effectuée le 22 avril 2009 à la station que les chercheurs français et brésiliens de l’IRD ont observé cette crue historique du fleuve, qui correspond à un débit d'eau de l'ordre de 280 000 mètres cubes par seconde (alors que son débit moyen est de 185 000 m3/s.
Un programme, baptisé Hybam, a pour objectif principal d'améliorer les connaissances acquises depuis le début du XXème siècle sur l'hydrologie et la géochimie du bassin amazonien; il vise également à « évaluer les apports du fleuve à l'océan et à déterminer l'impact des changements climatiques, comme par exemple El Niño, sur la variabilité du régime hydrologique et sédimentaire du bassin », explique l'IRD.
Forte crue du Rio Solimoes et pluies torentielles
La principale raison de cette crue historique, selon les scientifiques français, devrait être imputée à la forte crue de printemps du Rio Solimoes, dont les eaux ont gonflé deux mois plus tôt que de coutume. Ces eaux en provenance du Pérou et de Colombie se jettent dans l'Amazone et leur volume est venu s'ajouter à celui apporté par les pluies torentielles qui s’abattent sur la région nord du bassin amazonien depuis l'hiver dernier.
Températures de surface des océans en hausse
Les experts expliquent qu'avec l'élévation des températures de surface des océans, qui se révèlent anormalement élevées sur l’Atlantique tropical nord, on assiste à un « maintien de la convection et de la vapeur d’eau aux basses latitudes, près de l’Equateur », ce qui provoque ainsi de fortes pluies -tandis qu'à l’inverse, soulignent les experts, « le bassin de La Plata (qui regroupe le sud du Brésil et du Paraguay ainsi que le nord de l’Uruguay) connaît [quant à lui] une sécheresse exceptionnelle ».
Maisons isolées par les inondations à Maraba (Nord Brésil), le 3 mai 2009.
(Photo : REUTERS/Paulo Whitake)
(*1) Le fleuve Amazone draine une surface de 6 950 000 km² soit 40 % de l'Amérique du Sud
(*2) La précédente crûe record de 810 cm datait des 29 et 30 mai 2006, survenant après une sécheresse historique en 2005.
(*3) Des scientifiques français de l'IRD et ceux de cet immense territoire qui comprend le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, la Colombie et le Venezuelas travaillent ensemble à lObidos : cette station hydrologique est financée par les organismes de recherche des pays cités.
Pour en savoir plus :
Consulter les sites
- de l'IRD sur la Dynamique hydrologique et géochimique du bassin amazonien
- de l'IRD sur le Bassin amazonien sous influence de la Nina
- de la Nasa
- de Futura-sciences / L'écoulement du fleuve Amazone s'est inversé
Autour de l'Amazonie
10/12/2008 à 09:45 TU