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Volcanisme

A quand la prochaine éruption du Merapi ?

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 29/09/2009 Dernière mise à jour le 29/09/2009 à 10:25 TU

L'un des volcans les plus actifs et dangereux au monde est ausculté 24 heures sur 24 par les scientifiques qui prennent le « pouls » de la « montagne de feu » (2 914 mètres) qui domine l'île indonésienne de Java. Le rôle de ce Centre de recherche, qui dispose de cinq stations d'observation, est crucial car « le volcan est situé au beau milieu d'une région extrêmement peuplée », avec plus d'un million de personnes vivant sous la menace d'une explosion de son dôme de lave, des nuées ardentes et des lahars (coulées de boues), explique Sri Sumarti, qui dirige à Yogyakarta une soixantaine de personnes chargées de suivre, en permanence, l'activité de la montagne.

Sur les flancs du Mérapi.(Photo : Manu Pochez / RFI)

Sur les flancs du Mérapi.
(Photo : Manu Pochez / RFI)

Tout est calme ce matin de septembre au sommet du Merapi. Des panaches de vapeurs sulfureuses s'élèvent tranquillement dans le ciel bleu. La lave solidifiée est chaude au toucher mais la terre ne gronde pas. Mais les périodes de repos du Merapi ne durent jamais très longtemps. Environ tous les 4/5 ans -un rythme court pour un volcan-, une éruption se déclenche, parfois violente : « C'est pour cela que le Merapi est le volcan le plus surveillé d'Indonésie », confirme Sri Sumarti.

Pour surveiller le Merapi, les services de Sri Sumarti utilisent surtout des sismographes qui décèlent les mouvements provoqués notamment par la montée du magma. « La sismologie est la méthode principale pour déterminer les signes précurseurs d'une éruption mais elle n'est pas la seule: l'étude des gaz, des températures, des champs magnétiques et des déformations du dôme est également importante », souligne Jean-Paul Toutain, un géophysicien responsable de la coopération franco-indonésienne de volcanologie.

Mérapi « offre des retours d'expérience fondamentaux »

Chaque année, ce chercheur basé à Toulouse stationne durant plusieurs jours sur le dôme, sur lequel ont été installés capteurs et sondes qui résistent, tant bien que mal, à la chaleur et à l'humidité. « Le Merapi est un fabuleux laboratoire à ciel ouvert, où l'on teste des nouveaux équipements et des procédures inédites », s'enthousiasme le volcanologue. « Grâce à ses fréquentes éruptions, ce stratovolcan offre des retours d'expérience fondamentaux », renchérit son collègue italien Francesco Sortino, un spécialiste italien des gaz (oxygène, soufre, azote, radon...) que relâche en permanence le Merapi.

Initiée par le célèbre vulcanologue Haroun Tazieff, la coopération franco-indonésienne permet notamment de tirer de « précieux enseignements » pour la surveillance de plusieurs volcans actifs d'Outre-mer comparables au Merapi, comme la Soufrière (Guadeloupe), le Piton de la Fournaise (Réunion) ou la Montagne Pelée (Martinique), souligne Jean-Paul Toutain.

Dernière éruption au printemps 2006

Si, malgré les progrès de leur science, les volcanologues ne peuvent prévoir quand frappera la prochaine colère du Merapi -prochains mois? deux ans? cinq ans? ...- ils estiment néanmoins être désormais « bien armés pour déclencher à temps l'alerte et évacuer les populations menacées », selon Sri Sumarti.

Les seuls flancs du Mérapi accueillent ainsi 12 000 habitants, pour la plupart des paysans qui y cultivent fruits et légumes sur une terre extrêmement fertile.

Soixante-huit éruptions ont été recensées depuis le milieu du XVIè siècle, dont certaines dévastatrices, comme en 1930 (1 400 morts) et 1994 (60 morts). La dernière éruption, au printemps 2006, avait entraîné l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Nuage de cendre sur les flancs du Merapi. 

		(Photo : Manu Pochez / RFI)