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Géologie

La chaîne himalayenne : toujours plus haut

par Dominique Raizon

Article publié le 15/05/2008 Dernière mise à jour le 26/08/2008 à 15:05 TU

Les séismes sont nombreux et meurtriers sur le pourtour du plateau tibétain, soulevé par la pénétration de l'Inde dans la plaque eurasienne. Ce travail des sols a débuté il y a 50 millions d'années. La théorie de la tectonique des plaques explique la formation de cette chaîne de montagnes par la collision de la plaque indo-australienne avec la plaque eurasienne. Tandis que la première continue à pousser la plaque eurasienne et déforme ainsi l’Asie orientale, le Tibet, coupé par de grandes failles, absorbe la déformation.

« Le violent séisme qui s'est produit lundi dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine) est lié à une poussée du plateau tibétain vers le Nord et l'Est », ont expliqué des spécialistes de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP). « Il va certainement y avoir beaucoup de répliques » de ce tremblement de terre dont la magnitude a atteint selon les sources entre 7,5 et 7,8 sur l'échelle ouverte de Richter, a souligné Paul Tapponnier, de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Les séismes sont nombreux et meurtriers sur le pourtour du plateau tibétain, soulevé par la pénétration de l'Inde dans la plaque eurasienne, qui a débuté il y a 50 millions d'années.

Carte des sites touchés par le séisme du 12 mai 2008.(Photo : NASA)

Carte des sites touchés par le séisme du 12 mai 2008.
(Photo : NASA)

La chaîne himalayenne (« demeure des neiges » en sanskrit) est un ensemble de chaînes de montagne qui s’étire sur plus de 2 400 kilomètres de long et 250 à 400 kilomètres de large. Elle sépare le sous-continent indien du plateau tibétain dans le sud de l’Asie, et abrite les plus hautes montagnes du monde puisque les 14 sommets culminent au-dessus de 8 000 mètres.

La plaque indo-australienne continuant à se déplacer

La théorie de la tectonique des plaques explique la formation de cette chaîne de montagnes par la collision de la plaque indo-australienne avec la plaque eurasienne. La portion d’océan qui les séparait a totalement disparu il y a 50 millions d’années,  engloutissant » la portion d’océan, Téthys, qui séparait les deux plaques. La plaque indo-australienne continuant à se déplacer à la vitesse constante de quelque 5 centimètres par an (contre 15 centimètres par an il y a environ 70 millions d’années ), elle s’enfonce sous la plaque eurasienne et déforme ainsi la moitié orientale de l’Asie. « En se frottant l’une contre l’autre, les plaques accumulent de l’énergie qui se libère par à-coups, en déclenchant des tremblements de terre appelés séismes », explique Philippe Bouysse, géologue, auteur de Explique-moi la Terre (éditions  Unesco/NANE).

« Lorsqu’une plaque contenant un fragment de continent plonge sous le bord d’une plaque supérieure occupée par un continent, ces deux masses continentales finissent par se rencontrer. Le continent attaché à la plaque plongeante étant trop « léger » pour s’enfoncer à l’intérieur du manteau, il se produit une collision qui casse et plisse les deux bords des continents qui viennent d’entrer en contact, créant ainsi de hauts reliefs », poursuit Philippe Bouysse.

C'est ce vaste mouvement qui a créé la chaîne himalayenne, culminant à 8 848 mètres et dont l'élévation se poursuit encore aujourd'hui. « Le Tibet est chassé vers l'Est. Il chevauche la Chine du Sud et localement le bassin du Sichuan », a indiqué Paul  Tapponnier, un spécialiste de la tectonique de cette région. La secousse du 12 mai 2008, dans la chaîne des Longmenshan au nord-ouest de la capitale du Sichuan, Chengdu, s'est produite sur une bordure du plateau tibétain « dont la géologie est particulièrement complexe », a déclaré pour sa part Robin Lacassin, directeur du département tectonique de l'IPGP.

L'Himalaya vu de l'ISS, avec le plateau tibétain au premier plan.(Photo : NASA)

L'Himalaya vu de l'ISS, avec le plateau tibétain au premier plan.
(Photo : NASA)

En 1920, dans la province du Gansu, en 1970, au Yunnan

« Il y a plusieurs grandes failles bien marquées, par exemple sur le front de l'Himalaya, ou le long de la bordure nord-ouest du Tibet. Certaines sont assez anciennes, et probablement celle qui a cassé », a ajouté ce spécialiste. Selon les premières indications, « on semble être dans un mécanisme de type chevauchant, avec un côté de la faille qui monte par rapport à l'autre », a ajouté Robin Lacassin.

De nombreux tremblements meurtriers sont survenus au 20e siècle sur le pourtour du Tibet. Le plus dévastateur fut celui, de magnitude 8,5 sur l'échelle de Richter, qui fit 230 000 morts en 1920 dans la province du Gansu (nord-ouest). En 1970, un séisme au Yunnan (sud-ouest) avait fait plus de 15 000 morts.

(Carte : Thomas Bourdeau/Geoatlas)

(Carte : Thomas Bourdeau/Geoatlas)

Pour en savoir plus :

Site de l’Institut physique du globe de Paris     

Site de la Commission de la carte géologique du monde  (CCGM)

Site du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM)