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Tennis

Non, Nadal n'est pas imbattable !

par Jean-François Pérès

Article publié le 08/05/2008 Dernière mise à jour le 09/05/2008 à 16:18 TU

Nadal (à droite) réconforté par Ferrero après sa défaite au 2ème tour du tournoi Masters Series de Rome (7/5 6/1). (Photo : AFP)

Nadal (à droite) réconforté par Ferrero après sa défaite au 2ème tour du tournoi Masters Series de Rome (7/5 6/1).
(Photo : AFP)

Certes, Rafael Nadal n’était pas en pleine possession de ses moyens. Le Majorquin souffre depuis quelques jours d’une ampoule ouverte sous le pied droit, une blessure aussi bénigne que handicapante. Mais cette défaite face à Juan-Carlos Ferrero (ex-maître de la terre battue avant l’avènement de… Nadal en 2005, un adversaire à qui il n’avait pas pris le moindre set en quatre confrontations « terriennes ») est un événement à plus d’un titre.

L’infatigable gaucher, vainqueur ces deux dernières semaines à Monte Carlo et Barcelone, n’avait encore jamais perdu à Rome. Il ne s’était non plus jamais incliné dès son entrée en lice en 34 tournois majeurs disputés sur sa surface préférée, où il restait sur une série de 22 victoires d’affilée, qui elle-même succédait à une autre de 81. Ce revers n’est que son 4ème sur terre battue en 121 matchs et plus de trois ans et demi, et il stoppe une présence ininterrompue de l’Espagnol dans les finales printanières des Masters Series européens depuis avril 2005…

« La semaine dernière, quand je me plaignais du calendrier à Barcelone, je disais qu’il était impossible de jouer quatre semaines de très haut niveau d’affilée. On m’a répondu que je l’avais déjà fait deux fois. J’ai dit OK, mais vous verrez dans quelques jours pourquoi c’est impossible. » L’inamovible numéro deux mondial (depuis juillet 2005, record absolu) devait déjà savoir à quoi s’en tenir. Lundi, il pouvait à peine poser le pied au sol. Il ne s’est que très peu entraîné à son arrivée dans la capitale italienne, une heure vingt à peine avant d’entrer sur le court. Auteur d’un premier set tout à fait correct, il a ensuite paru trop diminué pour perturber le rythme d’un Ferrero en passe de retrouver son meilleur niveau, lui qui n’a plus remporté le moindre tournoi individuel depuis octobre 2003.   

« J’ai fait de mon mieux, mais ce n’était pas facile », a expliqué le vaincu après coup. Argument tout à fait recevable de la part d’un garçon peu porté sur les pleurnicheries, et qui a volontiers félicité son coéquipier de Coupe Davis, « qui a très bien joué ». Car Rafael Nadal, quel que soit son état de forme, donne toujours le meilleur de lui-même. C’est ce qui fait sa quasi-invincibilité depuis trois saisons, et rend chacun de ses faux-pas aussi spectaculaire. Ferrero ne s’y trompe pas : « Moi aussi j’étais blessé, aux adducteurs. Je ne crois pas que son état puisse justifier une dévalorisation de ma victoire. Il a joué aussi bien qu’il a pu compte tenu des circonstances. Je viens de battre le meilleur joueur du monde sur terre. C’est un moment très spécial pour moi. »   L’ancien vainqueur de Roland-Garros (2003) devient ainsi le 12ème joueur à avoir dompté l’ogre sur « sa » terre. Il se pose en outsider crédible pour la prochaine quinzaine parisienne.    

Le coup est rude, mais pas fatal

Pour Nadal, qui fêtera ses 22 ans le 3 juin, le coup est rude, mais pas fatal. Tenant du titre à Rome, il va perdre ses points et donc du terrain au classement mondial sur le numéro un, Roger Federer. Sa position de leader 2008 à la Race est menacée. Mauvaise passe conjoncturelle, serait-on néanmoins tenté de conclure. Dès sa défaite consommée, l’Espagnol a mis le cap sur les Baléares. Il va s’y reposer quelques jours et panser ses plaies avant de revenir, théoriquement, dès la semaine prochaine à Hambourg, où il espère prendre sa revanche sur le Suisse (Federer l’avait emporté en finale 2/6 6/2 6/0 l’an passé).

En conclusion, si le signal de fumée envoyé de Rome par Ferrero peut être interprété comme un encouragement par les futurs adversaires de Rafael Nadal, pas sûr que le souverain « bourre-pif » de la terre battue vacille pour autant de son trône dans les semaines à venir.