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Autriche

Un coup d'accélérateur à l'Europe politique <br>

L'Europe va se retrouver dans une situation inédite et paradoxale. Après avoir décidé de rompre tout contact bilatéral avec l'Autriche, les 14 gouvernements groupés seront bien obligés d'avoir des relations de travail avec elle au sein des institutions communautaires. Car rien ne permet aujourd'hui à l'union européenne d'écarter l'Autriche de la tenue des conseils des ministres et des réunions de chefs d'état et de gouvernement. En tout cas tant que ce pays ne commet pas de violation grave et persistante des valeurs démocratiques.

Mais si les dirigeants autrichiens siègent formellement aux côtés de leurs partenaires, la réalité des décisions prises risque d'être profondément affectée. D'abord parce que le travail de préparation réalisé de façon informelle et souvent bilatérale justement se fera sans les autrichiens. Ensuite parce qu'on imagine mal les conseils avancer sur de difficiles sujets dans un climat aussi tendu. C'est donc un ralentissement de la marche en avant de l'Europe que l'on peut redouter. A moins bien sûr que les dirigeants autrichiens en quête de respectabilité ne fassent tout pour se faire oublier.

Deux dossiers en priorité risquent de souffrir de la crise. L'élargissement et la réforme institutionnelle, deux questions liées et soumises à un calendrier relativement court. Puisque la réforme est censée aboutir à un nouveau traité en décembre prochain qui rendrait possible le premier élargissement en 2002. Mais paradoxalement cette crise pourrait en parallèle donner un coup d'accélérateur à l'Europe politique. Car pour la première fois il est apparu que les européens faisaient d'une question de pure politique intérieure nationale, en l'occurrence la formation d'un gouvernement, une affaire commune. L'entrée de l'extrême droite dans un cabinet ministériel a été considérée comme un dossier intérieur européen. De quoi relancer le débat de fond entre souverainistes et fédéralistes sur les rôles respectifs des états et de l'Europe. L'occasion aussi de réaliser pour beaucoup de citoyens que des pans entiers de décisions sont déjà passés dans les enceintes communautaires. Une situation que la généralisation des votes à la majorité va encore accentuer.

En France les dirigeants les plus pro européens en profitent d'ailleurs pour réclamer la rédaction d'une constitution européenne qui préciserait les droits et devoirs de chacun, les valeurs sur lesquelles la communauté européenne ne transige pas et les règles qui président à l'appartenance à cet ensemble. L'affaire autrichienne aurait alors eu le mérite de placer à plusieurs titres les dirigeants devant des responsabilités qu'ils n'osaient pas jusqu'ici affronter.



par Valérie  Lainé

Article publié le 07/02/2000