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Quinquennat

Un président pour cinq ans<br>

Ca y est, c'est parti¯! La bataille pour l'instauration du quinquennat est lancée et déjà quasiment gagnée. En quelques semaines, un débat ouvert en 1973 par Georges Pompidou a enfin trouvé son issue à l'initiative cette fois de Valéry Giscard d'Estaing, qui a su man£uvrer habilement pour faire aboutir cette vieille tentation du quinquennat, à laquelle il avait lui-même fort bien résisté en son temps.
Pendant un siècle, entre 1873 et 1973, les présidents de la République française ont vécu, diversement, avec le septennat. Depuis 27 ans, la réduction à cinq ans du mandat présidentiel a été vécue comme un sujet plutôt gênant. Depuis 1986, avec les cohabitations successives, il a pris une nouvelle dimension forte. Nombreux sont ceux qui se sont finalement prononcés pour le quinquennat, parce qu'ils considèrent qu'il sera précisément une arme efficace contre ces cohabitations. Mais tous les adversaires de la cohabitation, surtout à droite et à l'extrême droite, ne sont pas pour. Et surtout, le quinquennat, même s'il rallie désormais trois Français sur quatre selon les derniers sondages, est encore l'objet de clivages qui traversent presque tous les partis.

La conjoncture a largement favorisé la réussite du «coup» politique de Giscard. Elle a aussi donné à ce dernier la satisfaction de mettre dans l'embarras le président de la République, Jacques Chirac d'une part, qui s'était explicitement prononcé contre cette réforme, mais qui sait bien que, compte tenu de l'âge du capitaine (69 ans en 2002) celle-ci lui sera bien utile, et le Premier ministre Lionel Jospin d'autre part, qui lui, s'est toujours déclaré pour, mais qui s'est fait bel et bien prendre de vitesse. Les arrières pensées électorales des uns et des autres les obligent en tous cas à agir très vite et à chercher par tous les moyens à gagner, dans cette précipitation, l'autre bataille, celle de la paternité du projet.

Le prochain président de la République française sera donc certainement élu en 2002 pour cinq ans. Mais la réduction de deux ans de son mandat n'est dans cette affaire que la petite partie visible d'un énorme iceberg politico-constitutionnel, aux contours encore incertains. Après les prochaines élections présidentielles et législatives, commencera forcément une sérieuse remise en cause de l'équilibre des pouvoirs tel qu'il a été fixé par la constitution gaullienne de 1958, à laquelle on a toujours reproché de n'avoir pas vraiment résolu le problème de la vraie nature de la fonction présidentielle en France.



par Hugo  Sada

Article publié le 30/05/2000