Zimbabwe
Morgan Tsvangirai: du syndicalisme à la politique<br>
L'homme qui menace pour la première fois la suprématie du président Mugabe a connu une ascension politique fulgurante. Il y a moins d'un an, Morgan Tsvangirai n'était encore que le leader de la principale confédération syndicale du Zimbabwe (ZCTU), dont il était le secrétaire général depuis 1988. Mais c'est précisément sa capacité exemplaire à mobiliser la population lors de vastes mouvements sociaux, en 1997 et 1998, qui ont amené cet ancien ouvrier du textile et contremaître dans les mines à devenir le principal opposant de la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique) au pouvoir.
Morgan Tsvangirai avait alors lancé une série de grèves générales et, fait sans précédent depuis l'indépendance, était parvenu à faire descendre des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale pour protester contre la dégradation des conditions de vie et la mise place d'une taxe impopulaire. Conforté par des institutions financières internationales très critiques sur la gestion économique du gouvernement, le patron de syndicat s'est rapidement mué en leader naturel de l'opposition à un régime de plus en plus impopulaire, en raison notamment de son intervention militaire en République démocratique du Congo (RDC). Son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), lancé en septembre 1999, a immédiatement recueilli un large soutien. Appuyé par une alliance hétéroclite entre syndicats, milieux d'affaires blancs et noirs et organisations de défense des droits de l'homme, ce novice en politique a remporté son premier combat, en février 2000, en obtenant la victoire du µnon' lors d'un référendum constitutionnel organisé par le président Mugabe. Un événement historique au Zimbabwe, puisque le chef de l'Etat n'avait jamais connu d'échec électoral depuis son arrivée aux affaires, face à une opposition qui, jusqu'à la création du MDC, ne faisait que de la figuration.
Personnage charismatique, un brin populiste, cet excellent orateur, capable de remplir les stades, se veut aussi pragmatique : "Nous croyons que le marché à un rôle à jouer, mais nous ne croyons pas au marché débridé", a-t-il lancé récemment en se proclamant fidèle à la social-démocratie. Contrairement à d'autres personnalités politiques locales, promptes à mettre en avant leur passé de combattants de la liberté, Morgan Tsvangirai reconnaît qu'il n'a pas participé à la guerre d'indépendance, même s'il a longtemps été membre de la ZANU-PF. Ses partisans ne semblent pas lui en tenir rigueur. Agé de 48 ans, Tsvangirai recueille un large soutien chez les jeunes, qui n'ont pas connu la guerre, et dans la population urbaine qui a subit de plein fouet la crise économique. Mais il entend aussi battre sur son terrain un parti au pouvoir traditionnellement bien implanté dans les zones rurales.
Membre du groupe majoritaire des Shonas, comme Robert Mugabe, il n' a pas le profil intellectuel du chef de l'Etat, qui fut longtemps enseignant. Issu d'une famille modeste, il a rapidement dû quitter l'école. Mais sa rondeur et sa simplicité, tranchent singulièrement avec la rigidité légendaire et le culte du secret de l'actuel président. D'aucuns comparent volontiers Morgan Tsvangirai au président zambien Frederik Chiluba, ex-leader syndical qui infligea une défaite historique au père de l'indépendance Kenneth Kaunda, en 1991. Mais les analystes, qui connaissent les dérives récentes du régime en Zambie, espèrent que les similitudes s'arrêteront là.
Morgan Tsvangirai avait alors lancé une série de grèves générales et, fait sans précédent depuis l'indépendance, était parvenu à faire descendre des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale pour protester contre la dégradation des conditions de vie et la mise place d'une taxe impopulaire. Conforté par des institutions financières internationales très critiques sur la gestion économique du gouvernement, le patron de syndicat s'est rapidement mué en leader naturel de l'opposition à un régime de plus en plus impopulaire, en raison notamment de son intervention militaire en République démocratique du Congo (RDC). Son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), lancé en septembre 1999, a immédiatement recueilli un large soutien. Appuyé par une alliance hétéroclite entre syndicats, milieux d'affaires blancs et noirs et organisations de défense des droits de l'homme, ce novice en politique a remporté son premier combat, en février 2000, en obtenant la victoire du µnon' lors d'un référendum constitutionnel organisé par le président Mugabe. Un événement historique au Zimbabwe, puisque le chef de l'Etat n'avait jamais connu d'échec électoral depuis son arrivée aux affaires, face à une opposition qui, jusqu'à la création du MDC, ne faisait que de la figuration.
Personnage charismatique, un brin populiste, cet excellent orateur, capable de remplir les stades, se veut aussi pragmatique : "Nous croyons que le marché à un rôle à jouer, mais nous ne croyons pas au marché débridé", a-t-il lancé récemment en se proclamant fidèle à la social-démocratie. Contrairement à d'autres personnalités politiques locales, promptes à mettre en avant leur passé de combattants de la liberté, Morgan Tsvangirai reconnaît qu'il n'a pas participé à la guerre d'indépendance, même s'il a longtemps été membre de la ZANU-PF. Ses partisans ne semblent pas lui en tenir rigueur. Agé de 48 ans, Tsvangirai recueille un large soutien chez les jeunes, qui n'ont pas connu la guerre, et dans la population urbaine qui a subit de plein fouet la crise économique. Mais il entend aussi battre sur son terrain un parti au pouvoir traditionnellement bien implanté dans les zones rurales.
Membre du groupe majoritaire des Shonas, comme Robert Mugabe, il n' a pas le profil intellectuel du chef de l'Etat, qui fut longtemps enseignant. Issu d'une famille modeste, il a rapidement dû quitter l'école. Mais sa rondeur et sa simplicité, tranchent singulièrement avec la rigidité légendaire et le culte du secret de l'actuel président. D'aucuns comparent volontiers Morgan Tsvangirai au président zambien Frederik Chiluba, ex-leader syndical qui infligea une défaite historique au père de l'indépendance Kenneth Kaunda, en 1991. Mais les analystes, qui connaissent les dérives récentes du régime en Zambie, espèrent que les similitudes s'arrêteront là.
par Christophe Champin
Article publié le 23/06/2000