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Sida

Vaccin: premiers tests en Afrique

Pour la première fois, des tests sur un candidat-vaccin destiné à lutter contre une souche africaine du virus du sida vont être menés sur le continent. C'est ce que viennent d'annoncer les scientifiques à la conférence de Durban.
Le vaccin n'est pas pour demain mais une étape importante vient, semble-t-il, d'être franchie avec l'annonce, faite par Seth Berkley, président de l'International Aids Vaccine Initiative ( IAVI), de la première phase d'essais cliniques d'un candidat vaccin contre le sida, dès les mois d'août 2000. Des tests de ce type ont déjà été réalisés à 25 reprises mais c'est la première fois que les chercheurs s'intéressent à une forme africaine du virus du sida.

Les essais auront lieu en deux temps. D'abord en Grande-Bretagne, où l'agence de contrôle des médicaments a donné son accord pour commencer les expérimentations dès cet été. Puis au Kenya, dans les six mois suivants. L'Université d'Oxford et celle de Nairobi collaborant sur ce projet. La phase " 1 " des tests consiste à vérifier notamment que le vaccin provoque la réponse immunitaire attendue. " Il s'aqit d'un petit mais très important pas vers la mise au point d'un vaccin préventif ", a expliqué Seth Berkley.

Détruire le virus ?

L'objectif des chercheurs est, en effet, non pas de stimuler les anticorps mais les cellules directement pour qu'elles soient capables de répondre au virus, voire de le détruire. Cette piste est d'autant plus intéressante qu'une polémique se développe depuis quelque temps autour de l'efficacité des antiviraux et des trithérapies. Les spécialistes ont mis en évidence l'existence de " cellules mémoires " qui se cachent dans des " réservoirs " indétectables et continuent de se développer pour rejaillir de plus belle à l'arrêt des traitements. D'autre part, la prise en continue d'antiviraux a des effets secondaires graves, sur le foie notamment, qui les rendent difficiles à supporter par les patients.

Actuellement, les chercheurs essaient donc de trouver les moyens de stopper la prise de médicaments momentanément pour permettre à l'organisme de souffler sans que l'état des malades ne se dégrade. Cette formule thérapeutique avec des interruptions aurait aussi l'autre avantage, " économique " celui-là, de réduire les coûts des traitements et peut-être de les rendre de cette manière plus accessibles aux personnes infectées dans les pays pauvres.

20 milliards pour le sida, 350 millions seulement pour le vaccin

Quoi qu'il en soit, les antiviraux pris en cocktail sous forme de trithérapies, qui ont permis une amélioration importante de la situation des malades des pays du Nord qui y ont accès, ne représentent donc pas la panacée en matière de traitement. En tout cas, ils n'offrent pas d'espoirs de guérison aux patients atteints par le sida auxquels il semble difficile de prescrire à vie de telles substances. Dans ce contexte, la mise au point d'un vaccin offrirait bien sûr des perspectives plus encourageantes d'endiguer l'épidémie. Surtout dans les pays en développement où elle se développe actuellement de manière quasi exponentielle. Reste que jusqu'à présent, la recherche n'avait pas été particulièrement orientée dans ce sens par les laboratoires.

Encore une fois, les perspectives de profit et de rentabilité des investissements réalisés pour obtenir des résultats concrets dans ce domaine nuançaient, pour le moins, l'intérêt que la mise au point d'un vaccin pouvait susciter. Selon le président de l'IAVI, sur les 20 milliards de dollars investis chaque année dans la lutte contre le sida, la recherche vaccinale ne bénéficiait que de 350 millions. Une goutte d'eau dans l'océan ? Presque. En tout cas, de quoi donner le change. Comme dans le cas des médicaments, les firmes pharmaceutiques craignaient d'être obligées de brader le vaccin étant donnée l'urgence sanitaire dans laquelle se trouvent les pays africains et asiatiques ravagés par l'épidémie de sida.



par Valérie  Gas

Article publié le 12/07/2000