Sida
Médicaments: les laboratoires font les prix
Seule la commercialisation de médicaments génériques permet de faire baisser le prix des traitements contre le VIH. C'est ce que montre une étude que vient de rendre publique Médecins sans frontières qui dénonce la politique tarifaire des grands laboratoires.
Les grandes firmes pharmaceutiques abusent de leur monopole. C'est le principal constat que l'on peut faire à la lecture de l'étude réalisée par l'organisation humanitaire Médecins sans frontières. Pour preuve, dans les pays qui fabriquent des médicaments génériques (qui copient la formule d'un médicament de marque), les prix de vente sont largement inférieurs à ceux pratiqués dans les Etats qui achètent directement leurs molécules aux laboratoires comme Pfizer, Glaxo Wellcome, ou autres détenteurs des brevets. Les différences de tarifs peuvent atteindre plus de 80%.
Le Brésil est de ce point de vue l'exemple parfait. Dans ce pays, depuis plusieurs années on produit certaines molécules anti-VIH sous forme générique. Résultat: pour le même coût, on peut soigner quatre fois plus de patients au Brésil qu'en Ouganda. Des antirétroviraux produits localement (forme générique de la Zidovudine) coûtent 14 fois moins cher au Brésil que ceux vendus aux Etats-Unis. Ou encore, le prix d'une trithérapie y est de 192 dollars par mois alors qu'en Thaïlande, où il n'existe pas de productions de génériques sur les mêmes combinaisons de molécules, on atteint la somme de 348 dollars.
Médecins sans frontières constate également que, paradoxalement, les firmes pharmaceutiques ne vendent pas le même médicament partout au même tarif. Ainsi, Pfizer propose la capsule de Flucanozole 49 % moins cher en Thaïlande qu'au Guatemala. Les laboratoires adaptent souvent leur stratégie commerciale à l'existence ou non d'un monopole dans le pays concerné. La compétition agit directement sur les prix. Avant 1998, Pfizer vendait ainsi en Thaïlande la capsule de Flucanozole à 7 dollars. Après cette date, lorsque des laboratoires nationaux ont commencé à fabriquer la molécule, la firme a baissé ses prix pratiquement de moitié (3,6 dollars).
Les laboratoires engrangent les bénéfices
Ces chiffres parlent d'eux mêmes et lèvent une partie du voile sur la réalité des pratiques tarifaires des laboratoires. Ces derniers réalisent des marges très importantes sur la vente des médicaments, trop importantes au vu de l'urgence sanitaire provoquée par le sida dans les pays africains notamment. L'argument inlassablement invoqué par les firmes pharmaceutiques pour expliquer leur refus de baisser les prix est le nécessaire investissement réalisé en faveur de la recherche. Mais pour MSF, si on estime, en effet, que 43 % du financement du développement des médicaments aux Etats-Unis vient du privé, les bénéfices réalisés sont tellement importants que l'on peut passer outre cette excuse. Entre 1997 et 1999, la vente d'AZT, 3TC, et Combivir a ainsi rapporté à Glaxo Wellcome la modique somme de 3,8 milliards de dollars.
A Durban, le débat autour de ces questions risque d'être difficile. Peter Piot, le directeur d'Onusida affiche sa certitude que "les prix des médicaments vont baisser". Il précise sur RFI que "la question de la production de médicaments génériques dépend du gouvernement de chaque pays, en tout cas dans les pays qui ont la capacité technique d'en produire".L'engagement d'Onusida et de son directeur trouvera-t-il un écho auprès des responsables politiques nationaux et de ceux des grandes firmes pharmaceutiques, condition indispensable pour que les malades africains puissent bénéficier un jour des mêmes progrès que ceux des pays riches ? Aux Etats-Unis, les antirétroviraux ont permis de réduire la mortalité due au sida de 75 % sur trois ans.
Le Brésil est de ce point de vue l'exemple parfait. Dans ce pays, depuis plusieurs années on produit certaines molécules anti-VIH sous forme générique. Résultat: pour le même coût, on peut soigner quatre fois plus de patients au Brésil qu'en Ouganda. Des antirétroviraux produits localement (forme générique de la Zidovudine) coûtent 14 fois moins cher au Brésil que ceux vendus aux Etats-Unis. Ou encore, le prix d'une trithérapie y est de 192 dollars par mois alors qu'en Thaïlande, où il n'existe pas de productions de génériques sur les mêmes combinaisons de molécules, on atteint la somme de 348 dollars.
Médecins sans frontières constate également que, paradoxalement, les firmes pharmaceutiques ne vendent pas le même médicament partout au même tarif. Ainsi, Pfizer propose la capsule de Flucanozole 49 % moins cher en Thaïlande qu'au Guatemala. Les laboratoires adaptent souvent leur stratégie commerciale à l'existence ou non d'un monopole dans le pays concerné. La compétition agit directement sur les prix. Avant 1998, Pfizer vendait ainsi en Thaïlande la capsule de Flucanozole à 7 dollars. Après cette date, lorsque des laboratoires nationaux ont commencé à fabriquer la molécule, la firme a baissé ses prix pratiquement de moitié (3,6 dollars).
Les laboratoires engrangent les bénéfices
Ces chiffres parlent d'eux mêmes et lèvent une partie du voile sur la réalité des pratiques tarifaires des laboratoires. Ces derniers réalisent des marges très importantes sur la vente des médicaments, trop importantes au vu de l'urgence sanitaire provoquée par le sida dans les pays africains notamment. L'argument inlassablement invoqué par les firmes pharmaceutiques pour expliquer leur refus de baisser les prix est le nécessaire investissement réalisé en faveur de la recherche. Mais pour MSF, si on estime, en effet, que 43 % du financement du développement des médicaments aux Etats-Unis vient du privé, les bénéfices réalisés sont tellement importants que l'on peut passer outre cette excuse. Entre 1997 et 1999, la vente d'AZT, 3TC, et Combivir a ainsi rapporté à Glaxo Wellcome la modique somme de 3,8 milliards de dollars.
A Durban, le débat autour de ces questions risque d'être difficile. Peter Piot, le directeur d'Onusida affiche sa certitude que "les prix des médicaments vont baisser". Il précise sur RFI que "la question de la production de médicaments génériques dépend du gouvernement de chaque pays, en tout cas dans les pays qui ont la capacité technique d'en produire".L'engagement d'Onusida et de son directeur trouvera-t-il un écho auprès des responsables politiques nationaux et de ceux des grandes firmes pharmaceutiques, condition indispensable pour que les malades africains puissent bénéficier un jour des mêmes progrès que ceux des pays riches ? Aux Etats-Unis, les antirétroviraux ont permis de réduire la mortalité due au sida de 75 % sur trois ans.
par Valérie Gas
Article publié le 10/07/2000