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Sida

Chirac relance l'idée d'un fonds<br><br> pour les malades des pays pauvres

Le président français veut remettre à l'ordre du jour le fonds de solidarité thérapeutique qui permettrait de financer l'accès aux traitements pour les malades des pays les plus pauvres. Une idée déjà défendue par Jacques Chirac il y a trois ans.
" Il ne peut pas y avoir deux manières de lutter contre le sida, les traitements au Nord et la prévention au Sud ", a déclaré Jacques Chirac à l'occasion de la conférence de Durban. Dans un message lu par la secrétaire d'Etat à la Santé, le président français a plaidé pour la mise en £uvre d'un fond de solidarité thérapeutique " vraiment universel ". Pour cela, Jacques Chirac prône l'organisation d'une conférence internationale sur l'accès aux traitements du sida. Le président français en défendra l'idée dans quelques jours devant ses partenaires du G8 (les pays les plus industrialisés) à Okinawa au Japon.

Jacques Chirac tente de relancer l'idée du Fonds de solidarité thérapeutique international (FSTI) dont il avait été le promoteur lors de la conférence d'Abidjan en décembre 1997. L'ambition affichée était alors que pour chaque malade soigné au Nord, un malade soit traité au Sud. Une ambition rapidement revue à la baisse avant que l'idée même ne sombre dans l'oubli. Seule la France a contribué à ce fonds pour lancer quelques programmes de soins, au Maroc et en Côte d'Ivoire notamment.

Trois ans après cette initiative, la question de l'accès aux traitements reste prioritaire dans la mesure où 9 malades du sida sur 10 vivent dans des pays en développement. Le prix des traitements y est pour beaucoup, mais ce n'est pas le seul obstacle. Le cas de l'Afrique du Sud en est l'exemple éloquent. Le gouvernement refuse de fournir les médicaments nécessaires aux femmes enceintes porteuses du virus VIH. Motifs invoqués : " ils sont chers et surtout leur efficacité n'est pas prouvée ". Pourtant, les traitements à l'AZT ou à la Névirapine, permettent d'éviter la contamination de la mère à l'enfant dans une très grande majorité de cas. Résultat : si l'on en croit le juge sud-africain Edwin Cameron, qui a dévoilé sa séropositivité et qui s'est lancé dans la bataille pour l'accès aux traitements antisida dans son pays, " 5000 nourissons naissent séropositifs chaque mois en Afrique du Sud parce que leurs mères n'ont pas pu recevoir de traitement ". Sur cette question, Jacques Chirac a, pour sa part, souligné que " le traitement des femmes enceintes constitue une priorité absolue ".

L'accès de tous les malades du sida aux traitements dont ils ont besoin a un coût. Le calcul en a été fait par l'institut de recherche Panos. Le rapport qui vient d'être publié par cet organisme basé à Londres évalue à 60 milliards de dollars par an le prix du traitement des séropositifs actuellement recensés à travers la planète. Soixante milliards de dollars, un chiffre qui, remarque l'Institut Panos, représente moins d'un quart du budget militaire annuel des Etats-Unis.

Permettre à tous les malades d'accéder aux soins que leur état nécessite, c'est l'un des enjeux les plus brûlants de cette 13e conférence internationale sur le sida. Une question qui interpelle les responsables politiques de chaque pays autant que les multinationales du médicament.



par Philippe  Couve

Article publié le 11/07/2000