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Oléoduc Doba-Kribi

Une cagnotte sous surveillance

L'exploitation de son pétrole devrait rapporter, sur 25 ans, 2 milliards de dollars à l'Etat tchadien. De quoi susciter bien des convoitises, dans un pays touché par la corruption. Le danger, clamé par les organisations non gouvernementales, que la manne pétrolière ne profite guère au peuple tchadien, mais surtout au régime en place, a été pris en compte par la Banque mondiale. Apportant son soutien financier au projet, elle met en avant " une formule sans précédent " de gestion des recettes pétrolières.
Les gisements pétroliers constituent actuellement la seule chance du Tchad d'améliorer la qualité de vie de ses citoyens : ayant fait ce constat, la Banque mondiale n'en a pas moins tiré la leçon de la gestion désastreuse des ressources pétrolières dans d'autres pays. Afin de garantir une répartition transparente et équitable de cette manne, et sous la pression de la Banque mondiale, le Tchad a donc adopté, début 1999, sous forme de loi, un Plan de gestion des revenus pétroliers. Les redevances et dividendes de l'exploitation pétrolière ne seront pas confondus avec les autres recettes de l'Etat et feront l'objet d'une ventilation donnant la priorité à la lutte contre la pauvreté. Ainsi, 10% du total sera versé à un fonds pour les générations futures, afin de préserver une part des bénéfices, au delà de la durée de vie de 25 ans donnée au projet. Soixante-douze pour-cent des fonds seront alloués à des programmes de santé publique, d'éducation, d'infrastructures routières, en eau, de développement agricole et environnemental. Enfin, la région productrice de pétrole recevra un supplément de 5% des bénéfices pour son développement propre.

Un organe de contrôle et de suivi des revenus pétroliers, composé de représentants de la société civile, de parlementaires, de magistrats et de fonctionnaires sera mis en place et des audits et rapports devront être régulièrement effectués. La Banque mondiale envisage même un contrôle international de ces fonds, mais le Président tchadien Idriss Deby a estimé récemment que les instruments prévus par la loi étaient bien suffisants, d'autant qu'aucun pays pétrolier n'est encore allé aussi loin dans la transparence et le contrôle. Pour preuve de sa bonne foi, il est même prêt à mettre en place des règles encore plus strictes et à augmenter le nombre de représentants des Ong dans le collège de surveillance. Ces précautions ne rassurent cependant pas complètement les détracteurs du régime tchadien, parmi lesquels des organisations internationales des droits de l'homme.

Une autre question se pose : quelles seront les retombées économiques immédiates pour la population tchadienne, durant la période de construction de l'oléoduc et la mise en exploitation des gisements de Doba ? Déjà, il est apparu que les populations locales nourrissaient des espoirs excessifs quant aux créations d'emplois à attendre. Pour éviter des migrations de travailleurs vers les régions concernées, des informations ont été diffusées, insistant sur le caractère provisoire des emplois pendant la phase de construction. De plus, la main d'£uvre locale doit bénéficier d'une priorité, de même que, dans la mesure du possible, les entreprises locales.



par Francine  Quentin

Article publié le 04/07/2000