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Oléoduc Doba-Kribi

La défection de Elf et Shell: une affaire politique ?<br> <br>

Quelques mois avant le feu vert de la Banque mondiale, le retrait simultané de deux des trois membres du consortium pétrolier engagé dans le projet tchadien a jeté le trouble. Les arguments économiques et stratégiques invoqués par Elf et Shell pour justifier leur défection n'ont pas convaincu les Tchadiens qui ont vu, notamment dans le retrait de Elf, des raisons plus politiques. Les deux compagnies " sortantes " ont toutefois été rapidement remplacées, Exxon étant rejoint par Petronas et Chevron.
Le 8 novembre 1999, l'anglo-néerlandais Shell et le Français Elf annonçaient leur intention de se retirer du consortium formé avec l'Américain Exxon dans le projet d'exploitation du pétrole tchadien de Doba et son transport à travers le Cameroun par oléoduc. Ce revirement intervenait à un moment où la décision de la Banque mondiale était imminente et après plusieurs années de préparation du projet. Elf, par exemple, était entré dans l'affaire en 1993. Pour expliquer leur défection, les compagnies mettaient en avant la restructuration interne de Shell et la fusion en cours entre Elf et Totalfina. En bref, le Tchad ne faisait plus partie de leurs priorités stratégiques.

Dans les milieux pétroliers, on évoquait aussi des perspectives de production inférieures aux espérances et le coût du pétrole tchadien, d'une rentabilité moindre que celle des forages de Shell au Nigeria et de Elf en Angola, après la découverte d'énormes gisements dans le Golfe de Guinée. A cela s'ajoute la politique d'image de ces entreprises, en raison de la campagne menée par les organisations écologistes et des droits de l'homme, hostiles au projet, et la reprise des troubles politiques au Tibesti.

La réaction du gouvernement tchadien ne s'est pas faite attendre: la France a été accusée, via Elf, de vouloir compromettre la réalisation de l'opération. Le 16 novembre une manifestation anti-française réunissait 10 000 personnes à N'Djamena, entraînant une tension dans les relations diplomatiques entre les deux pays.

Dans un souci d'apaisement, Shell et Elf ont cependant maintenu leurs engagements envers le consortium jusqu'à ce que des remplaçants leur soient trouvés. Exxon, opérateur principal avec 40% des parts s'est activé dans ce sens et, le 31 mars 2000, un nouveau consortium était constitué avec le Malaisien Petronas qui reprenait 35% des parts et l'Américain Chevron 25%.



par Francine  Quentin

Article publié le 04/07/2000