Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d''Ivoire

Une semaine de tension

Après ce qui a été présenté à Abidjan comme une «tentative d'assassinat» contre Robert Gueï, dans la nuit du 17 au 18 septembre dernier, la transition ivoirienne s'est durcie depuis une semaine. Les activités et manifestations publiques des partis politiques sont désormais interdites. Et surtout les numéros deux et trois du pouvoir ont été brutalement limogés, le 23 septembre. Le ministre de la Sécurité, le général Lassana Palenfo, dont la villa avait été perquisitionnée dans le cadre de l'enquête sur «l'attaque» contre Robert Gueï, et le ministre des Transports, Abdoulaye Coulibaly, étaient considérés comme des personnages clés de la junte. Mais ils étaient aussi perçus comme favorables à l'ancien premier ministre Alassane Ouattara, alors que les événements des 17 et 18 septembre sont attribués à des militaires qui lui sont proches.

Dans cette atmosphère délétère, les partis politiques expriment ouvertement leur mécontentement. Le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo a dénoncé, dimanche soir, l'arrestation sur ordre de la junte d'un de ses responsables, Alphonse Douati, qui fait campagne contre la candidature du général Gueï, dans la région des montagnes (ouest), d'où ce dernier est originaire. Quant au Rassemblement des républicains (RDR) d'Alassane Ouattara et au PDCI, l'ancien parti unique, dont les relations étaient jusqu'ici exécrables, ils se sont fendus le 24 septembre d'un communiqué commun pour dénoncer le «durcissement de plus en plus marqué des militaires au pouvoir».

La junte maintient pour l'instant la date du 22 octobre, pour la tenue du premier tour de l'élection présidentielle. Mais la prochaine échéance cruciale sera l'annonce le 7 octobre de la liste des candidats retenus par la Cour suprême. L'exclusion probable de la course d'Alassane Ouattara, voire d'autres postulants de premier plan, pourrait entraîner une forte instabilité en Côte d'Ivoire, estiment de nombreux observateurs. Et beaucoup voient dans le grand nettoyage entamé par le général Gueï au sein d'une junte et d'une armée divisée une mesure de précaution.



par Christophe  Champin

Article publié le 25/09/2000