Serbie
Milenko Dereta<br>«<i>Milosevic peut encore nous surprendre</i>»
Clairement engagé dans l'opposition, Miljenko Dereta est le président du mouvement « Initiatives citoyennes » qui, depuis 1996, essaie de contribuer à la construction d'une société civile en Serbie. Entretien.
RFI : Que se passe-t-il à Belgrade ?
Milenko Dereta: Slobodan Milosevic a montré qu'il n'est toujours pas prêt à accepter des résultats catastrophiques pour lui. Nous espérions qu'il aurait malgré tout la sagesse de faire un pas pour sauver la paix civile du pays, mais il semble que cela ne soit pas le cas. Il va lutter jusqu'au dernier policier pour essayer de sauver son pouvoir. Dans le même temps, la tension monte dans l'opinion serbe, la population est, elle aussi, de plus en plus déterminée à aller jusqu'au bout, et ce sont les citoyens eux-mêmes qui font pression sur les dirigeants de l'opposition, pour qu'ils n'acceptent pas le marchandage proposé par la commission électorale fédérale. Nous savons que Vojislav Kostunica a gagné, aucune négociation n'est possible. Slobodan Milosevic est pris de court par le mouvement civique qui est en train de se développer. Les décisions ne dépendent plus de lui.
RFI: Mais il peut toujours compter sur sa police ?
M.K.: Pour le moment. Mercredi après-midi après-midi, des policiers ont démonté l'estrade qui avait été dressée devant le bâtiment du Parlement fédéral pour la manifestation du soir, pour la fête de la victoire. A cause de cette provocation, je crois que les gens vont venir encore plus nombreux . Le peuple serbe veut montrer sa force et sa détermination. Mais la fidélité de la police n'est pas assurée. Déjà, la semaine dernière, à Novi Sad, des policiers ont refusé d'intervenir contre des manifestants. Au bout du compte, les policiers sont aussi des citoyens comme les autres, qui vivent dans les mêmes villes, dans les mêmes immeubles que les gens qu'ils devraient réprimer. De plus en plus de policiers comprennent que le régime est condamné, et ils pensent à leur avenir.
RFI:Quelle carte Milosevic peut-il encore jouer ?
M.K.: Si le second tour avait finalement lieu, sa défaite serait plus cuisante. Il en est bien conscient. Pourquoi, dans ces conditions, a-t-il voulu un second tour ? Qu'espère-t-il faire dans la petite semaine de délais qui lui resterait ? Changer une fois de plus la constitution? Faire ses valises et partir dans un pays qui lui offrirait la sécurité ? Je ne sais pas à quoi pense Milosevic. Il a toujours su trouver des solutions auxquelles les gens normaux n'auraient pas pu penser. Il peut encore nous surprendre.
RFI: Il conserve pourtant de toute manière le contrôle du Parlement fédéral...
M.K.: Pour l'instant. Les Monténégrins du Parti socialiste populaire (SNP) sont des politiciens assez réalistes et opportunistes. En raison du boycott choisi par Milo Djukanovic, le SNP dispose du groupe parlementaire le plus important dans l'assemblée fédérale. Le SNP est arrivé au pouvoir avec Slobodan Milosevic, mais il pourrait virer sa cuti, pour essayer de ne pas être entraîné dans l'effondrement du régime.
RFI: L'opposition saura-t-elle rester unie ? Ne doit-on pas craindre que des attitudes différentes se fassent jour à propos de l'enjeu du second tour?
M.K.: Les politiciens de l'opposition ont, eux aussi, perdu très largement le contrôle de la situation... L'ampleur de la victoire et le réveil des citoyens de Serbie ont des conséquences bien particulières. Tout dirigeant de l'opposition qui essaierait de jouer sa propre partition organiserait son suicide politique. La victoire oblige l'opposition à rester unie.
Milenko Dereta: Slobodan Milosevic a montré qu'il n'est toujours pas prêt à accepter des résultats catastrophiques pour lui. Nous espérions qu'il aurait malgré tout la sagesse de faire un pas pour sauver la paix civile du pays, mais il semble que cela ne soit pas le cas. Il va lutter jusqu'au dernier policier pour essayer de sauver son pouvoir. Dans le même temps, la tension monte dans l'opinion serbe, la population est, elle aussi, de plus en plus déterminée à aller jusqu'au bout, et ce sont les citoyens eux-mêmes qui font pression sur les dirigeants de l'opposition, pour qu'ils n'acceptent pas le marchandage proposé par la commission électorale fédérale. Nous savons que Vojislav Kostunica a gagné, aucune négociation n'est possible. Slobodan Milosevic est pris de court par le mouvement civique qui est en train de se développer. Les décisions ne dépendent plus de lui.
RFI: Mais il peut toujours compter sur sa police ?
M.K.: Pour le moment. Mercredi après-midi après-midi, des policiers ont démonté l'estrade qui avait été dressée devant le bâtiment du Parlement fédéral pour la manifestation du soir, pour la fête de la victoire. A cause de cette provocation, je crois que les gens vont venir encore plus nombreux . Le peuple serbe veut montrer sa force et sa détermination. Mais la fidélité de la police n'est pas assurée. Déjà, la semaine dernière, à Novi Sad, des policiers ont refusé d'intervenir contre des manifestants. Au bout du compte, les policiers sont aussi des citoyens comme les autres, qui vivent dans les mêmes villes, dans les mêmes immeubles que les gens qu'ils devraient réprimer. De plus en plus de policiers comprennent que le régime est condamné, et ils pensent à leur avenir.
RFI:Quelle carte Milosevic peut-il encore jouer ?
M.K.: Si le second tour avait finalement lieu, sa défaite serait plus cuisante. Il en est bien conscient. Pourquoi, dans ces conditions, a-t-il voulu un second tour ? Qu'espère-t-il faire dans la petite semaine de délais qui lui resterait ? Changer une fois de plus la constitution? Faire ses valises et partir dans un pays qui lui offrirait la sécurité ? Je ne sais pas à quoi pense Milosevic. Il a toujours su trouver des solutions auxquelles les gens normaux n'auraient pas pu penser. Il peut encore nous surprendre.
RFI: Il conserve pourtant de toute manière le contrôle du Parlement fédéral...
M.K.: Pour l'instant. Les Monténégrins du Parti socialiste populaire (SNP) sont des politiciens assez réalistes et opportunistes. En raison du boycott choisi par Milo Djukanovic, le SNP dispose du groupe parlementaire le plus important dans l'assemblée fédérale. Le SNP est arrivé au pouvoir avec Slobodan Milosevic, mais il pourrait virer sa cuti, pour essayer de ne pas être entraîné dans l'effondrement du régime.
RFI: L'opposition saura-t-elle rester unie ? Ne doit-on pas craindre que des attitudes différentes se fassent jour à propos de l'enjeu du second tour?
M.K.: Les politiciens de l'opposition ont, eux aussi, perdu très largement le contrôle de la situation... L'ampleur de la victoire et le réveil des citoyens de Serbie ont des conséquences bien particulières. Tout dirigeant de l'opposition qui essaierait de jouer sa propre partition organiserait son suicide politique. La victoire oblige l'opposition à rester unie.
par Propos recueillis par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 28/09/2000