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Serbie

La victoire annoncée de Kostunica

La défaite historique de Slobodan Milosevic aux élections générales de dimanche dernier a été confirmée par l'opposition et des instituts indépendants, mais la Commission électorale (proche du pouvoir) a décidé d'attendre jusqu'à jeudi 28 septembre pour annoncer « ses » résultats. Autant dire que la tension ne risque pas de retomber dans une région que les puissances occidentales continuent de surveiller de près.
54,6 % contre 35,1 %. Les résultats presque définitifs des élections présidentielles de dimanche 24 septembre 2000 en Yougoslavie confirment la victoire éclatante de Vojislav Kostunica, face à Slobodan Milosevic, président sortant. Ce sont du moins le chiffres annoncés mardi par l'opposition démocratique serbe, qui regroupe 18 partis politiques différents. Mais la Commission électorale mis en place par le pouvoir a annoncé qu'elle rendra publics ses propres chiffres jeudi 28 septembre, tout en déclarant que ces élections ont été «libres et équitables». Ce que ne contestent pas les opposants proches de Kostunica, qui précisent cependant que cela ne concerne que la Serbie. Au Monténégro et au Kosovo, en revanche, où l'opposition n'a pratiquement pas surveiller les opérations de vote, de nombreux fraudes ont été signalées.

En fait, l'après-vote dans lequel est plongé depuis lundi matin la Yougoslavie risque de profiter au camp de Milosevic, qui ne reconnaît toujours pas sa défaite. Pour empêcher que Kostunica l'emporte dès le premier tour avec plus de 50 %, Milosevic pourrait «bourrer les urnes» au Monténégro, où le mot d'ordre de boycott a été très suivi, et au Kosovo, où seuls les Serbes ont participé au scrutin. Cela permettrait à Milosevic de gagner du temps et préparer sa riposte. Le dictateur yougoslave pourrait aussi faire un autre calcul : accepter la victoire de Kostunica aux présidentielles en Yougoslavie, et ensuite faire passer une loi dans le but de vider la présidence fédérale de tout pouvoir réel, au profit de celle de Serbie, qu'il pourrait retrouver dans quelques mois.

Nouvelle mise en garde à Milosevic

C'est aussi ce que craignent tous les gouvernements occidentaux, qui ont lancé une nouvelle mise en garde à Milosevic. Tous lui ont demandé d'accepter le verdict des urnes, et le britannique Robin Cook, en charge de la défense, a également rappelé que quinze navires britanniques croisaient toujours au large de la Yougoslavie, en Mer Adriatique. L'Union européenne a même proposé la levée des sanctions qui frappent la Yougoslavie, en cas de victoire de l'opposition démocratique. Moscou a formulé la même requête «quel que soit le vainqueur», tout en exhortant le pouvoir comme l'opposition yougoslave à garder le calme et à éviter toute confrontation.

Ailleurs en Europe centrale et orientale la victoire annoncée de Kostunica a été saluée un peu partout, à commencer par la la Tchéquie et la Slovénie. «La nation serbe a exprimé sa volonté de changement démocratique et a fait connaître son désir de mettre un terme à une politique qui a conduit à l'isolement du pays», a déclaré le ministère slovène des Affaires étrangères.

Pour sa part Vojislav Kostunica nous a déclaré : «Il y a longtemps que quelque chose s'est cassé dans l'esprit du peuple serbe. Je n'avais jamais vu une telle volonté et une telle maturité politique. On pouvait s'attendre à une victoire, mais les résultats dépassent de loin tous mes espoirs. C'était une sorte de référendum (pour ou contre Milosevic) et c'est finalement une victoire de tout un peuple, d'un nouvel état d'esprit.»




par Elio  Comarin

Article publié le 26/09/2000