Serbie
Kostunica président d'une coquille vide ?
Alors que le Monténégro a réaffirmé sa volonté d'indépendance, que le parti de Milosevic domine le parlement serbe et contrôle les rouages de l'Etat, la fonction fédérale présidentielle à laquelle aspire Vojislav Kostunica risque de se trouver vidée de sa substance. Cependant que la résistance populaire s'organise et qu'un conflit se dessine entre président légitime et président légal, à l'approche du second tour de la présidentielleà
On savait déjà que Slobodan Milosevic avait plus d'un tour dans son sac : aujourd'hui, c'est d'un second tour qu'il compte faire l'arme avec laquelle il espère remporter les élections sur le terrain constitutionnel et légal.
Confrontée au raz-de-marée en faveur de Vojislav Kostunica, la Commission électorale fédérale, pour s'assurer un semblant de crédibilité, a eu l'intelligence de reconnaître au candidat de l'opposition une confortable avance (48,96 % des suffrages contre 38,62 % à Slobodan Milosevic), lui refusant ainsi une élection à la majorité absolue dès le premier tour.
Milosevic espère donc faire de ce second tour, prévu pour le 8 octobre, une session de rattrapage qui lui laisserait le temps d'organiser une contre-attaque. Il compte aussi sur une possible division d'une opposition dont l'unité reste fragile. Par ailleurs, Momir Bulatovic, Premier ministre fédéral, avait indiqué que Slobodan Milosevic irait jusqu'au terme de son mandat en juillet 2001 et qu'il nommerait un Premier ministre.
Présidence légitime contre présidence légale
Face à ce blocage et à ces man£uvres politiques, Vojislav Kostunica revendique une victoire dès le premier tour û reconnue par l'Occident û avec 51,34 % des voix contre 36,22 % à Milosevic selon le décompte de ses partisans et refuse catégoriquement de participer à un éventuel second tour. Vendredi dernier, l'Opposition démocratique de Serbie (DOS) a dénoncé une initiative grecque visant à persuader Vojislav Kostunica de participer à ce second tour.
En réponse à l'obstination de la Commission électorale fédérale qui refuse de procéder à un nouveau décompte des bulletins devant des observateurs indépendants, l'opposition appelle à la résistance populaire dès ce lundi 2 octobre : désobéissance civile, grève générale, manifestations de rue, sit-in permanent devant le parlement fédéral jusqu'à la reconnaissance de la victoire de son leader. Il s'agit purement et simplement de paralyser le pays afin de pousser Slobodan Milosevic à abandonner le pouvoir.
Reste à savoir si la mobilisation sera suffisante pour empêcher la tenue de second tour. Belgrade a déjà connu dans le passé des mouvements de masse qui n'ont pas réussi à ébranler le régime. Si le second tour a lieu comme prévu et que Vojislav Kostunica persiste à vouloir le boycotter, Milosevic, seul candidat, sera formellement élu. La Yougoslavie risque alors de connaître une situation quasi-insurrectionnelle, avec un président légitime appuyé par le peuple et la communauté internationale face à un président prétendant incarner la légalité constitutionnelle. La victoire reviendrait «légalement», à Milosevic qui aurait alors beau jeu d'inverser les rôles en dénonçant un «coup de force» de l'opposition appuyé par l'étranger et qui pourrait en appeler, au nom de la défense de l'Etat, à une intervention de ceux qui lui restent fidèles, dans la police, le parti et l'armée.
Quelle serait l'attitude de l'armée, en dépit de ses menaces antérieures, alors que le pouvoir, en pleine déliquescence, est de plus en plus isolé et que les défections s'accumulent ?
Si la sagesse et le calme finissaient par l'emporter et que la victoire de l'opposition était finalement reconnue avant cet hypothétique second tour, qu'adviendrait-il de la fonction présidentielle fédérale alors que la volonté sécessionniste du Monténégro, dont le boycott électoral a desservi Vojislav Kostunica en le privant d'une majorité à l'assemblée fédérale, redouble d'intensité ? Milosevic se replierait probablement en Serbie dont le Parlement, qui lui reste favorable, n'a pas été renouvelé lors des récents scrutins et ferait, à l'aide de ses partisans, de la résistance passive.
Même s'il parvient à accéder au pouvoir, Vojislav Kostunica risque donc d'avoir la mauvaise surprise de prendre en mains des commandes qui ne répondent plus.
Confrontée au raz-de-marée en faveur de Vojislav Kostunica, la Commission électorale fédérale, pour s'assurer un semblant de crédibilité, a eu l'intelligence de reconnaître au candidat de l'opposition une confortable avance (48,96 % des suffrages contre 38,62 % à Slobodan Milosevic), lui refusant ainsi une élection à la majorité absolue dès le premier tour.
Milosevic espère donc faire de ce second tour, prévu pour le 8 octobre, une session de rattrapage qui lui laisserait le temps d'organiser une contre-attaque. Il compte aussi sur une possible division d'une opposition dont l'unité reste fragile. Par ailleurs, Momir Bulatovic, Premier ministre fédéral, avait indiqué que Slobodan Milosevic irait jusqu'au terme de son mandat en juillet 2001 et qu'il nommerait un Premier ministre.
Présidence légitime contre présidence légale
Face à ce blocage et à ces man£uvres politiques, Vojislav Kostunica revendique une victoire dès le premier tour û reconnue par l'Occident û avec 51,34 % des voix contre 36,22 % à Milosevic selon le décompte de ses partisans et refuse catégoriquement de participer à un éventuel second tour. Vendredi dernier, l'Opposition démocratique de Serbie (DOS) a dénoncé une initiative grecque visant à persuader Vojislav Kostunica de participer à ce second tour.
En réponse à l'obstination de la Commission électorale fédérale qui refuse de procéder à un nouveau décompte des bulletins devant des observateurs indépendants, l'opposition appelle à la résistance populaire dès ce lundi 2 octobre : désobéissance civile, grève générale, manifestations de rue, sit-in permanent devant le parlement fédéral jusqu'à la reconnaissance de la victoire de son leader. Il s'agit purement et simplement de paralyser le pays afin de pousser Slobodan Milosevic à abandonner le pouvoir.
Reste à savoir si la mobilisation sera suffisante pour empêcher la tenue de second tour. Belgrade a déjà connu dans le passé des mouvements de masse qui n'ont pas réussi à ébranler le régime. Si le second tour a lieu comme prévu et que Vojislav Kostunica persiste à vouloir le boycotter, Milosevic, seul candidat, sera formellement élu. La Yougoslavie risque alors de connaître une situation quasi-insurrectionnelle, avec un président légitime appuyé par le peuple et la communauté internationale face à un président prétendant incarner la légalité constitutionnelle. La victoire reviendrait «légalement», à Milosevic qui aurait alors beau jeu d'inverser les rôles en dénonçant un «coup de force» de l'opposition appuyé par l'étranger et qui pourrait en appeler, au nom de la défense de l'Etat, à une intervention de ceux qui lui restent fidèles, dans la police, le parti et l'armée.
Quelle serait l'attitude de l'armée, en dépit de ses menaces antérieures, alors que le pouvoir, en pleine déliquescence, est de plus en plus isolé et que les défections s'accumulent ?
Si la sagesse et le calme finissaient par l'emporter et que la victoire de l'opposition était finalement reconnue avant cet hypothétique second tour, qu'adviendrait-il de la fonction présidentielle fédérale alors que la volonté sécessionniste du Monténégro, dont le boycott électoral a desservi Vojislav Kostunica en le privant d'une majorité à l'assemblée fédérale, redouble d'intensité ? Milosevic se replierait probablement en Serbie dont le Parlement, qui lui reste favorable, n'a pas été renouvelé lors des récents scrutins et ferait, à l'aide de ses partisans, de la résistance passive.
Même s'il parvient à accéder au pouvoir, Vojislav Kostunica risque donc d'avoir la mauvaise surprise de prendre en mains des commandes qui ne répondent plus.
par Jean-Philippe Delalandre
Article publié le 02/10/2000