Serbie
Kostunica face au Monténégro et au Kosovo
Normaliser les relations avec la communauté internationale, mais d'abord avec le Monténégro. Et avec le Kosovo. Avant même de prêter serment, le nouveau président yougoslave doit faire face à un premier défi: Podgorica et Pristina ont déjà engagé un véritable bras de fer avec Belgrade et répètent qu'ils comptent choisir l'indépendance.
Le président monténégrin Milo Djukanovic n'a même pas daigné se rendre à Belgrade féliciter le vainqueur de Milosevic. Autant dire que la «tâche des tâches» (selon les propres termes de Kostunica) s'annonce des plus difficiles. Djukanovic avait en effet choisi de boycotter les élections du 24 septembre, pour montrer sa volonté réelle d'indépendance vis-à-vis de Belgrade. Constamment traité en subalterne par le méprisant Milosevic (pourtant lui aussi originaire du Monténégro), le petit pays montagneux n'a jamais cessé d'exiger l'égalité avec la Serbie au sein de la Fédération yougoslave, depuis l'arrivée au pouvoir de Djukanovic, en 1998. Alors qu'il ne compte que 650.000 habitants, soit moins d'un dixième de la Serbie (8 millions).
Mais Djukanovic est un anti-Milosevic de fraîche date. Avant de devenir président du Monténégro et l'allié privilégié de l'Occident, il avait longuement fait partie des «jeunes loups» du clan Milosevic. Ce qui lui a permis d'apprendre les ruses du pouvoir et toutes les manières de s'y maintenir. Depuis il a laissé la mafia des Pouilles et de la Campanie profiter de l'embargo sur la Yougoslavie, mais aussi il a peu à peu mis sur pied sa propre clientèle. Et ce grâce à la protection de l'OTAN, qui rêve toujours de faire basculer dans son camp cette petite République qui comprend la seule portion de côte adriatique ne faisant toujours pas partie de l'alliance atlantique.
Ira-t-il jusqu'à proclamer l'indépendance totale du Monténégro ? L'arrivée au pouvoir de Kostunica a d'ores et déjà contraint Djukanovic à envisager d'autres hypothèses : «si une réponse en ce sens n'arrive pas dans un temps prévisible, il est clair que le Monténégro prendra le chemin de l'indépendance» a-t-il déclaré. Ce qui veut dire que Kostunica dispose d'un «certain temps» pour régler cette question. Pour cela il a déjà fait savoir qu'il compte donner un grand coup de pied dans l'héritage de Milosevic concernant les structures fédérales. «Je ne peux imaginer de devoir diriger ce pays avec une constitution mise en place par Milosevic» a-t-il déclaré à la veille du scrutin. Mais il fera tout pour préserver l'essentiel, à savoir la Fédération yougoslave.
Au kosovo, Rugova est crédité de 70% des intentions de vote
Au Kosovo aussi la victoire de Kostunica a aussitôt provoqué plus d'inquiétude que de soulagement, notamment chez les ultras indépendantistes proches de l'ex-UCK de Thaçi, qui ont toujours bénéficié du soutien de Madeleine Albright. « La priorité, c'est la cohésion de l'Etat dans lequel nous vivons » a dit Kostunica, en souhaitant que la République fédérale yougoslave « retrouve l'Europe », ainsi que sa place au sein de la communauté internationales, « à une condition : qu'elle y retourne droite, en respectant et défendant ses intérêts nationaux et sa dignité nationale ». Pour ce nationaliste modéré mais déterminé, il va de soi que le Kosovo demeure - et doit demeurer - une province autonome de la Serbie. Pour cela il a déjà promis aux députés du Parlement yougoslave de « ramener le Kosovo sous la souveraineté yougoslave ». Une tâche sans doute difficile, mais pas impossible.
A quelques semaines du premier vrai rendez-vous électoral au Kosovo des sondages montrent que cette « province » n'a toujours pas basculé du côté des extrémistes albanais de l'ex-UCK, des « combattants » au passé marxiste-léniniste avant de devenir les plus fidèles alliés des Etats-Unis. Des liens anciens avec la mafia kosovare qui prospère en Europe occidentale assurent au clan de Thaçi des moyens financiers considérables et de nombreuses armes qui n'ont jamais été rendues aux administrateurs de l'ONU. Mais, sur le plan électoral, ils n'ont apparemment pas d'avenir : les nombreux crimes commis par ces « combattants » depuis la fin de la guerre ont provoqué un rejet important de la part de la population civile, qui continue de soutenir le parti de Ibrahim Rugova, la Ligue démocratique, créditée de 70% des suffrages. Or, Rugova, déjà élu à deux reprises président du Kosovo du temps de Milosevic, ne parle d'indépendance totale du Kosovo que depuis un an, vraisemblablement pour ne pas se laisser distancer par les « durs » de l'UCK.
Autant dire que Kostunica dispose, au Kosovo comme au Monténégro, d'une marge de man£uvre considérable. A condition toutefois que les extrémistes o les opportunistes de tous bords ne reçoivent une fois de plus le soutien inconditionnel de tous ceux qui, en Occident, ne souhaitent pas que les Balkans retrouvent leur place naturelle au sein de l'Europe. Un véritable changement constitutionnel devrait permettre au nouveau président yougoslave de satisfaire les velléités du Monténégro ; et au Kosovo il pourrait faire un premier geste, en libérant le millier de « terroristes albanais » toujours détenus en Serbie depuis la guerre. Avant d'affronter le la question de l'avenir d'une province que l'ONU ne peut indéfiniment administrer.
Mais Djukanovic est un anti-Milosevic de fraîche date. Avant de devenir président du Monténégro et l'allié privilégié de l'Occident, il avait longuement fait partie des «jeunes loups» du clan Milosevic. Ce qui lui a permis d'apprendre les ruses du pouvoir et toutes les manières de s'y maintenir. Depuis il a laissé la mafia des Pouilles et de la Campanie profiter de l'embargo sur la Yougoslavie, mais aussi il a peu à peu mis sur pied sa propre clientèle. Et ce grâce à la protection de l'OTAN, qui rêve toujours de faire basculer dans son camp cette petite République qui comprend la seule portion de côte adriatique ne faisant toujours pas partie de l'alliance atlantique.
Ira-t-il jusqu'à proclamer l'indépendance totale du Monténégro ? L'arrivée au pouvoir de Kostunica a d'ores et déjà contraint Djukanovic à envisager d'autres hypothèses : «si une réponse en ce sens n'arrive pas dans un temps prévisible, il est clair que le Monténégro prendra le chemin de l'indépendance» a-t-il déclaré. Ce qui veut dire que Kostunica dispose d'un «certain temps» pour régler cette question. Pour cela il a déjà fait savoir qu'il compte donner un grand coup de pied dans l'héritage de Milosevic concernant les structures fédérales. «Je ne peux imaginer de devoir diriger ce pays avec une constitution mise en place par Milosevic» a-t-il déclaré à la veille du scrutin. Mais il fera tout pour préserver l'essentiel, à savoir la Fédération yougoslave.
Au kosovo, Rugova est crédité de 70% des intentions de vote
Au Kosovo aussi la victoire de Kostunica a aussitôt provoqué plus d'inquiétude que de soulagement, notamment chez les ultras indépendantistes proches de l'ex-UCK de Thaçi, qui ont toujours bénéficié du soutien de Madeleine Albright. « La priorité, c'est la cohésion de l'Etat dans lequel nous vivons » a dit Kostunica, en souhaitant que la République fédérale yougoslave « retrouve l'Europe », ainsi que sa place au sein de la communauté internationales, « à une condition : qu'elle y retourne droite, en respectant et défendant ses intérêts nationaux et sa dignité nationale ». Pour ce nationaliste modéré mais déterminé, il va de soi que le Kosovo demeure - et doit demeurer - une province autonome de la Serbie. Pour cela il a déjà promis aux députés du Parlement yougoslave de « ramener le Kosovo sous la souveraineté yougoslave ». Une tâche sans doute difficile, mais pas impossible.
A quelques semaines du premier vrai rendez-vous électoral au Kosovo des sondages montrent que cette « province » n'a toujours pas basculé du côté des extrémistes albanais de l'ex-UCK, des « combattants » au passé marxiste-léniniste avant de devenir les plus fidèles alliés des Etats-Unis. Des liens anciens avec la mafia kosovare qui prospère en Europe occidentale assurent au clan de Thaçi des moyens financiers considérables et de nombreuses armes qui n'ont jamais été rendues aux administrateurs de l'ONU. Mais, sur le plan électoral, ils n'ont apparemment pas d'avenir : les nombreux crimes commis par ces « combattants » depuis la fin de la guerre ont provoqué un rejet important de la part de la population civile, qui continue de soutenir le parti de Ibrahim Rugova, la Ligue démocratique, créditée de 70% des suffrages. Or, Rugova, déjà élu à deux reprises président du Kosovo du temps de Milosevic, ne parle d'indépendance totale du Kosovo que depuis un an, vraisemblablement pour ne pas se laisser distancer par les « durs » de l'UCK.
Autant dire que Kostunica dispose, au Kosovo comme au Monténégro, d'une marge de man£uvre considérable. A condition toutefois que les extrémistes o les opportunistes de tous bords ne reçoivent une fois de plus le soutien inconditionnel de tous ceux qui, en Occident, ne souhaitent pas que les Balkans retrouvent leur place naturelle au sein de l'Europe. Un véritable changement constitutionnel devrait permettre au nouveau président yougoslave de satisfaire les velléités du Monténégro ; et au Kosovo il pourrait faire un premier geste, en libérant le millier de « terroristes albanais » toujours détenus en Serbie depuis la guerre. Avant d'affronter le la question de l'avenir d'une province que l'ONU ne peut indéfiniment administrer.
par Elio Comarin
Article publié le 08/10/2000