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Serbie

Levée des sanctions, place aux affaires

L'Union européenne a décidé, lundi, de lever les sanctions qui frappaient la Serbie, suite logique du départ de Slobodan Milosevic, leur principale cible. La reprise de relations diplomatiques et économiques normales va permettre l'arrivée de financements internationaux pour la reconstruction d'un pays sinistré par la guerre et, par la suite, le redressement industriel d'un candidat naturel à l'entrée dans l'Union européenne. Déjà, les investisseurs se préparent.
Les Quinze avaient promis de lever les sanctions contre la République fédérale de Yougoslavie (RFY), prises en 1998 et renforcées en 1999, dès la défaite de Milosevic aux élections. Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne ont tenu parole, lundi à Luxembourg, à l'exception des dispositions touchant directement l'ex-dictateur et ses proches. De fait, les restrictions ne concernaient plus que la Serbie, le Monténégro et le Kosovo en étaient exemptés depuis septembre 1999.

La levée du principal obstacle aux relations économiques entre la Serbie et le reste du monde, le gel des financements et des investissements, va permettre aux entreprises étrangères de participer à la reconstruction des infrastructures détruites par la guerre et les bombardements de l'Otan. Les urgences portent sur les infrastructures de transports, d'énergie, de télécommunications mais aussi sur l'aide alimentaire. Pour cela, les aides financières internationales devront être au rendez-vous.

L'Union européenne entend agir vite. Une mission d'évaluation des besoins financiers, sous l'égide de la Commission européenne, devrait se rendre rapidement en Serbie et une première enveloppe de 240 millions d'euros être débloquée. Sur la période 2000-2006 une assistance financière européenne de 2,3 milliards d'euros est envisagée. Enfin, le retour de la RFY sur la scène internationale lui vaudra de bénéficier du Pacte de stabilité pour les Balkans, doté par 40 Etats et organisations internationales, de 2,4 milliards d'euros pour des projets de développement économique et de promotion de la démocratie.

Les investisseurs allemands sont prêts

Pour participer à la reconstruction, les candidats ne manquent pas. Les entrepreneurs et industriels allemands ont fait savoir qu'ils étaient d'ores et déjà prêts, avec, dans leurs cartons, d'importants projets d'investissements dans les secteurs des équipements, de l'agroalimentaire, des textiles, de la chimie ou de l'électronique. En 1997, avant le début des troubles dans la région, l'Allemagne était le premier fournisseur de la Yougoslavie, avec 524 millions de dollars d'exportations, devant l'Italie (435 millions de dollars) et largement avant la Russie, 4ème fournisseur à 225 millions de dollars, la France, 8ème fournisseur avec 134 millions de dollars ou les Etats-Unis, 9ème fournisseur à 119 millions de dollars. Les Allemands entendent bien conserver l'avantage sachant que la moitié des infrastructures sont, en Yougoslavie, d'origine allemande et que le DM y sert de monnaie de référence. Leurs concurrents les plus sérieux, en matière de « grands contrats » seront les Britanniques, les Français et les Américains. La Russie, pour sa part, offre ses ressources énergétiques.

Côté français, on regarde avec intérêt mais aussi avec prudence la situation en Serbie, au Monténégro et au Kosovo. Une mission du patronat français, en 1995, avait conclu au caractère obsolète de l'outil industriel et, pour l'instant, on ignore encore qui seront les futurs décideurs de l'économie serbe. D'autant que la question de l'importante dette extérieure du pays n'est pas réglée, alors que le budget établi par l'administration Milosevic accuse un déficit d'un milliard de dollars.

Néanmoins, les groupes français déjà en relations d'affaires avec la Yougoslavie avant 1998, tels Alcatel, Thomson, Schneider, Spie, Vivendi, ou la Société Générale devraient profiter de leur connaissance du terrain pour reprendre le chemin de la Serbie.



par Francine  Quentin

Article publié le 09/10/2000