Proche-Orient
Activité diplomatique tous azimuts
Alors qu'expire l'ultimatum lancé le 7 octobre par Ehoud Barak à Yasser Arafat, la communauté internationale déploie une intense activité diplomatique pour tenter de conjurer le scénario-catastrophe d'une nouvelle guerre israélo-arabe.
Le scénario de la catastrophe qui se prépare au Moyen-Orient est tellement clair que la diplomatie mondiale tourne à plein régime pour l'éviter. Les douze jours dramatiques qui se sont écoulés depuis la visite d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquée sont en quelque sorte la bande-annonce d'une version réelle d'Armaggedon.
Rarement, les perspectives d'un conflit ont été aussi nettement dessinées. Les seules comparaisons qui viennent à l'esprit n'incitent pas à l'optimisme : la deuxième guerre du Golfe en 1991, consécutive à l'invasion du Koweït, et la guerre du Kosovo en 1999. Dans ces deux cas, le caractère inéluctable du drame était évident pour tous, acteurs comme observateurs. Là aussi, des efforts diplomatiques désespérés avaient tenté d'enrayer la marche inexorable vers la guerre. La comparaison a pourtant ses limites. Dans le cas de la guerre du Golfe, comme dans celui de la guerre du Kosovo, il serait inexact d'affirmer que tout le monde a tenté d'éviter le pire. Saddam Hussein et Slobodan Milosevic, d'un côté (afin de conforter leur régime) et les Etats-Unis de l'autre (pour affirmer leur statut de superpuissance planétaire) ont voulu aller jusqu'au conflit et, s'agissant de Washington, ont torpillé tous les efforts diplomatiques visant à prévenir l'éclatement de la guerre.
La situation est radicalement différente aujourd'hui. Hormis une partie de la population palestinienne désespérée au point de croire sincèrement qu'elle n'a plus rien à perdre alors qu'elle sera la première victime d'une guerre, et d'une fraction belliciste de l'opinion israélienne qui n'a jamais cessé de croire qu'Israël ne peut survivre qu'en état de guerre permanente avec ses voisins arabes, nul ne veut de cette guerre qui se profile à un horizon dangereusement rapproché. Le président Clinton moins que quiconque, qui a tant investi ces derniers mois pour arracher une paix globale et définitive au Moyen-Orient.
Kofi Annan en tournée au Proche-Orient
Bill Clinton qui, en dépit des pressions intérieures le poussant à soutenir clairement Israël, a donné pour instruction à son ambassadeur à l'ONU de s'abstenir sur la résolution condamnant l'Etat hébreu au lieu d'opposer son veto à ce texte soutenu par les quatorze autres membres du Conseil de sécurité. Une position inconfortable puisque sa propre épouse, Hillary Clinton, candidate au poste de sénateur à New York où le vote juif est décisif, a vivement condamné la décision prise par son président de mari. Clinton envisagerait d'ailleurs de se rendre lui-même au Proche-Orient pour co-présider un ultime sommet Arafat-Barak avec le président égyptien Hosni Moubarak, même si rien n'est confirmé à ce stade. Le discours tenu à Washington est d'ailleurs un peu brouillé : Madeleine Albright, la secrétaire d'Etat, tout en estimant qu'il appartient à Arafat de faire les gestes demandés par Ehoud Barak, a affirmé qu'il n'y avait «pas de solution militaire» à la crise.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est envolé pour le Proche-Orient afin d'y rencontrer Ehoud Barak et Yasser Arafat, tandis que les Nations Unies s'activent sur tous les fronts pour tenter d'obtenir la libération des soldats israéliens capturés par le Hezbollah. La crise donne à la Russie l'occasion de faire son retour sur la scène diplomatique proche-orientale. Dépêché par Vladimir Poutine, le ministre russe des affaires étrangères Igor Ivanov s'est rendu à Damas et à Beyrouth, en attendant de poursuivre en Israël et dans les Territoires palestiniens. Les anciennes relations entre Moscou et Damas, qui s'étaient distendues ces dernières années, ne demandent qu'à se raffermir : c'est l'intérêt bien compris tant d'Assad junior que de Poutine.
Tandis que les observateurs tiennent la comptabilité des affrontements, des morts et des blessés pour tenter de jauger les chances d'une solution diplomatique à l'aune de la tension sur le terrain, les leaders de la région et des grandes puissances, ainsi que leurs diplomates savent bien que ces supputations ne valent plus grand chose. La zone dangereuse a été atteinte depuis plusieurs jours déjà, et à l'expiration de l'ultimatum adressé à Yasser Arafat, au Liban et à la Syrie par Ehoud Barak, ce n'est pas l'éclatement d'incidents plus ou moins graves ou leur absence qui décideront de la paix ou de la guerre, mais la volonté politique des dirigeants d'inverser ou non le puissant courant qui les emporte depuis douze jours.
Rarement, les perspectives d'un conflit ont été aussi nettement dessinées. Les seules comparaisons qui viennent à l'esprit n'incitent pas à l'optimisme : la deuxième guerre du Golfe en 1991, consécutive à l'invasion du Koweït, et la guerre du Kosovo en 1999. Dans ces deux cas, le caractère inéluctable du drame était évident pour tous, acteurs comme observateurs. Là aussi, des efforts diplomatiques désespérés avaient tenté d'enrayer la marche inexorable vers la guerre. La comparaison a pourtant ses limites. Dans le cas de la guerre du Golfe, comme dans celui de la guerre du Kosovo, il serait inexact d'affirmer que tout le monde a tenté d'éviter le pire. Saddam Hussein et Slobodan Milosevic, d'un côté (afin de conforter leur régime) et les Etats-Unis de l'autre (pour affirmer leur statut de superpuissance planétaire) ont voulu aller jusqu'au conflit et, s'agissant de Washington, ont torpillé tous les efforts diplomatiques visant à prévenir l'éclatement de la guerre.
La situation est radicalement différente aujourd'hui. Hormis une partie de la population palestinienne désespérée au point de croire sincèrement qu'elle n'a plus rien à perdre alors qu'elle sera la première victime d'une guerre, et d'une fraction belliciste de l'opinion israélienne qui n'a jamais cessé de croire qu'Israël ne peut survivre qu'en état de guerre permanente avec ses voisins arabes, nul ne veut de cette guerre qui se profile à un horizon dangereusement rapproché. Le président Clinton moins que quiconque, qui a tant investi ces derniers mois pour arracher une paix globale et définitive au Moyen-Orient.
Kofi Annan en tournée au Proche-Orient
Bill Clinton qui, en dépit des pressions intérieures le poussant à soutenir clairement Israël, a donné pour instruction à son ambassadeur à l'ONU de s'abstenir sur la résolution condamnant l'Etat hébreu au lieu d'opposer son veto à ce texte soutenu par les quatorze autres membres du Conseil de sécurité. Une position inconfortable puisque sa propre épouse, Hillary Clinton, candidate au poste de sénateur à New York où le vote juif est décisif, a vivement condamné la décision prise par son président de mari. Clinton envisagerait d'ailleurs de se rendre lui-même au Proche-Orient pour co-présider un ultime sommet Arafat-Barak avec le président égyptien Hosni Moubarak, même si rien n'est confirmé à ce stade. Le discours tenu à Washington est d'ailleurs un peu brouillé : Madeleine Albright, la secrétaire d'Etat, tout en estimant qu'il appartient à Arafat de faire les gestes demandés par Ehoud Barak, a affirmé qu'il n'y avait «pas de solution militaire» à la crise.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est envolé pour le Proche-Orient afin d'y rencontrer Ehoud Barak et Yasser Arafat, tandis que les Nations Unies s'activent sur tous les fronts pour tenter d'obtenir la libération des soldats israéliens capturés par le Hezbollah. La crise donne à la Russie l'occasion de faire son retour sur la scène diplomatique proche-orientale. Dépêché par Vladimir Poutine, le ministre russe des affaires étrangères Igor Ivanov s'est rendu à Damas et à Beyrouth, en attendant de poursuivre en Israël et dans les Territoires palestiniens. Les anciennes relations entre Moscou et Damas, qui s'étaient distendues ces dernières années, ne demandent qu'à se raffermir : c'est l'intérêt bien compris tant d'Assad junior que de Poutine.
Tandis que les observateurs tiennent la comptabilité des affrontements, des morts et des blessés pour tenter de jauger les chances d'une solution diplomatique à l'aune de la tension sur le terrain, les leaders de la région et des grandes puissances, ainsi que leurs diplomates savent bien que ces supputations ne valent plus grand chose. La zone dangereuse a été atteinte depuis plusieurs jours déjà, et à l'expiration de l'ultimatum adressé à Yasser Arafat, au Liban et à la Syrie par Ehoud Barak, ce n'est pas l'éclatement d'incidents plus ou moins graves ou leur absence qui décideront de la paix ou de la guerre, mais la volonté politique des dirigeants d'inverser ou non le puissant courant qui les emporte depuis douze jours.
par Olivier Da Lage
Article publié le 09/10/2000