Serbie
Recomposition politique en perspective
Des élections législatives anticipées auront lieu en Serbie le 19 décembre prochain. C'est l'un des bastions fidèles à Milosevic qui pourrait céder la place à des élus de l'opposition.
Le nouveau pouvoir yougoslave met les bouchées doubles pour essayer de tourner la page de l'ère Milosevic. Le Parlement de Serbie devrait être dissous pour permettre l'organisation d'un nouveau scrutin, prévu le 19 décembre prochain. Une décision qui devrait permettre d'éviter la bataille qui s'annonçait rude entre une institution largement acquise à Milosevic et un pouvoir fédéral sans grande influence en Serbie.
La constitution yougoslave délègue en effet l'essentiel des compétences législatives et exécutives à chacune des deux républiques qui compose la Fédération, la Serbie et le Monténégro. Les organes fédéraux ne contrôlent que la défense, la politique étrangère et û théoriquement û la politique monétaire et les douanes. Même dans ces deux derniers domaines, le Monténégro s'est largement émancipé du cadre fédéral au cours des deux dernières années. Les douanes monténégrines ont coupé les ponts avec Belgrade et, depuis novembre 1999, le mark allemand est monnaie légale au Monténégro. Le conseil monétaire de la petite république fixe au jour le jour légal du dinar, la monnaie yougoslave, qui s'établit actuellement à 40 pour un mark, tandis que la Banque centrale yougoslave le donne toujours au taux irréel de 6 pour un !
Pour l'instant, l'Opposition démocratique de Serbie (DOS) ne dispose que de 4 sièges dans cette assemblée, alors que le Parti socialiste de Milosevic (SPS) allié à la Gauche yougoslave (JUL), en compte 110 et les ultra-nationalistes du Parti radical serbe (SRS), membre de la coalition gouvernementale sortante, 83, soit une large majorité des 250 sièges. Le mandat des députés serbes devait normalement prendre fin au printemps 2001.
Vers un gouvernement d'experts ?
Président élu, Vojislav Kostunica risquait de n'avoir que des compétences extrêmement limitées. Premier enjeu, il lui faut s'assurer de la fidélité du Parlement fédéral. Pour cela, les 50 députés monténégrins du Parti socialiste populaire (SNP), l'opposition pro-serbe dans la petite république se révèlent incontournables. Hier encore, fidèle soutien de Slobodan Milosevic, le SNP n'a pas tardé à se rallier au nouvel homme fort de Belgrade, mais le futur Premier ministre yougoslave sera-t-il issu de ses rangs ? La constitution prévoit en effet que, si le Président fédéral est serbe, le Premier ministre doit être monténégrin. Nommer un cadre du SNP à ce poste serait pourtant prendre le risque d'une rupture avec le Président monténégrin Milo Djukanovic. Une solution de compromis pourrait passer par la nomination d'un «gouvernement d'experts».
La convocation de nouvelles élections législatives en Serbie permettrait enfin à la nouvelle majorité de s'assurer du contrôle des institutions de cette république. Un accord sur la dissolution du Parlement serbe est intervenu lundi, mais le Président de cette République, Milan Milutinovic, homme-lige de Slobodan Milosevic, élu en novembre 1997, doit encore ratifier la convocation de ce nouveau scrutin.
La DOS peut déjà se prévaloir du contrôle de quasiment toutes les municipalités de Serbie, après le scrutin municipal organisé le 24 septembre, en même temps que les élections présidentielles et législatives. Dimanche 8 octobre, la DOS a aussi confirmé sa domination au sein du Parlement régional de Voivodine, où un second tour était nécessaire pour désigner les 120 députés. La Coalition Voivodine, membre de la DOS et favorable à une plus grande autonomie de la province ainsi qu'à une régionalisation de la Serbie, obtient un triomphe absolu dans cette assemblée.
Ainsi, les derniers bastions institutionnels du régime de Slobodan Milosevic s'effondrent-ils les uns après les autres. Cela donnera justement tout loisir à la nouvelle majorité de simplifier des institutions particulièrement complexes. Déjà dimanche, le leader de la DOS Zoran Djindjic, en visite au Monténégro, a estimé que «les institutions communes devraient être réduites à la défense, de façon à améliorer la stabilité régionale avec une petite armée, la politique étrangère, et la politique monétaire, fondée sur une monnaie convertible». Ces déclarations représentent une perche importante tendue aux dirigeants monténégrins, qui souhaitent une transformation de l'actuelle Fédération en une confédération de deux Etats souverains.
La constitution yougoslave délègue en effet l'essentiel des compétences législatives et exécutives à chacune des deux républiques qui compose la Fédération, la Serbie et le Monténégro. Les organes fédéraux ne contrôlent que la défense, la politique étrangère et û théoriquement û la politique monétaire et les douanes. Même dans ces deux derniers domaines, le Monténégro s'est largement émancipé du cadre fédéral au cours des deux dernières années. Les douanes monténégrines ont coupé les ponts avec Belgrade et, depuis novembre 1999, le mark allemand est monnaie légale au Monténégro. Le conseil monétaire de la petite république fixe au jour le jour légal du dinar, la monnaie yougoslave, qui s'établit actuellement à 40 pour un mark, tandis que la Banque centrale yougoslave le donne toujours au taux irréel de 6 pour un !
Pour l'instant, l'Opposition démocratique de Serbie (DOS) ne dispose que de 4 sièges dans cette assemblée, alors que le Parti socialiste de Milosevic (SPS) allié à la Gauche yougoslave (JUL), en compte 110 et les ultra-nationalistes du Parti radical serbe (SRS), membre de la coalition gouvernementale sortante, 83, soit une large majorité des 250 sièges. Le mandat des députés serbes devait normalement prendre fin au printemps 2001.
Vers un gouvernement d'experts ?
Président élu, Vojislav Kostunica risquait de n'avoir que des compétences extrêmement limitées. Premier enjeu, il lui faut s'assurer de la fidélité du Parlement fédéral. Pour cela, les 50 députés monténégrins du Parti socialiste populaire (SNP), l'opposition pro-serbe dans la petite république se révèlent incontournables. Hier encore, fidèle soutien de Slobodan Milosevic, le SNP n'a pas tardé à se rallier au nouvel homme fort de Belgrade, mais le futur Premier ministre yougoslave sera-t-il issu de ses rangs ? La constitution prévoit en effet que, si le Président fédéral est serbe, le Premier ministre doit être monténégrin. Nommer un cadre du SNP à ce poste serait pourtant prendre le risque d'une rupture avec le Président monténégrin Milo Djukanovic. Une solution de compromis pourrait passer par la nomination d'un «gouvernement d'experts».
La convocation de nouvelles élections législatives en Serbie permettrait enfin à la nouvelle majorité de s'assurer du contrôle des institutions de cette république. Un accord sur la dissolution du Parlement serbe est intervenu lundi, mais le Président de cette République, Milan Milutinovic, homme-lige de Slobodan Milosevic, élu en novembre 1997, doit encore ratifier la convocation de ce nouveau scrutin.
La DOS peut déjà se prévaloir du contrôle de quasiment toutes les municipalités de Serbie, après le scrutin municipal organisé le 24 septembre, en même temps que les élections présidentielles et législatives. Dimanche 8 octobre, la DOS a aussi confirmé sa domination au sein du Parlement régional de Voivodine, où un second tour était nécessaire pour désigner les 120 députés. La Coalition Voivodine, membre de la DOS et favorable à une plus grande autonomie de la province ainsi qu'à une régionalisation de la Serbie, obtient un triomphe absolu dans cette assemblée.
Ainsi, les derniers bastions institutionnels du régime de Slobodan Milosevic s'effondrent-ils les uns après les autres. Cela donnera justement tout loisir à la nouvelle majorité de simplifier des institutions particulièrement complexes. Déjà dimanche, le leader de la DOS Zoran Djindjic, en visite au Monténégro, a estimé que «les institutions communes devraient être réduites à la défense, de façon à améliorer la stabilité régionale avec une petite armée, la politique étrangère, et la politique monétaire, fondée sur une monnaie convertible». Ces déclarations représentent une perche importante tendue aux dirigeants monténégrins, qui souhaitent une transformation de l'actuelle Fédération en une confédération de deux Etats souverains.
par A Podgorica, Jean-Arnault Dérens
Article publié le 10/10/2000