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Proche-Orient

Mobilisation dans les pays arabes

C'est l'effervescence dans le monde arabe : tout en défendant leurs propres intérêts, les pays de la région multiplient leurs actions de soutien à la cause palestinienne. Au Yémen, deux attentats ont clairement visé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, soupçonnés d'être favorables à Israël. Résultat : Washington ferme des ambassades en Asie, Afrique et au Proche Orient.
«C'est une attaque terroriste ». Pour le secrétaire au Foreign office, Robin Cook, l'origine de l'explosion d'une bombe, vendredi matin, dans l'enceinte de l'ambassade britannique à Sanaa, au Yémen, ne fait aucun doute. Un engin explosif aurait été jeté par-dessus le mur de l'enceinte et aurait, selon les premiers éléments de lµenquête, touché un générateur diesel, limitant ainsi les dégâts. La veille, les Etats-Unis étaient « horrifiés », selon le président Bill Clinton, après l'attaque lancée contre un destroyer américain qui faisait le plein de carburant dans le port d'Aden. Le dernier bilan vendredi faisait état de sept morts, environ trente-cinq blessés et dix disparus. Un canot pneumatique chargé d'explosifs a heurté le contre-torpilleur qui devait faire route vers le Golfe afin de participer à la surveillance de l'embargo pétrolier contre l'Irak.

Washington a annoncé vendredi sa décision de fermer des ambassades dans treize pays arabes, sept pays africains et au Pakistan, pour des «raisons de sécurité ».

Le Yémen est lui aussi gagné par la vague de soutien à la Palestine et de manifestations anti-israéliennes. Dimanche dernier, de nombreuses marches de protestation ont eu lieu dans plusieurs villes yéménites. Depuis le début de l'escalade, il ne s'est pas écoulé une seule journée sans qu'aient lieu dans les pays arabes des manifestations, mettant clairement en cause le rôle des Etats-Unis et de ses partenaires, accusés d'être proches de la cause israélienne. Vendredi, la Turquie s'est jointe au concert de protestations. Quelque 2000 fidèles ont brûlé le drapeau israélien à Istanbul.

Le Caire, interlocuteur

Les initiatives se sont multipliées dans la région. Ainsi Oman a-t-il annoncé la fermeture de son bureau commercial à Tel-Aviv et celui d'Israël à Mascate, « conformément au soutien du sultanat à la cause du peuple palestinien », selon un communiqué du ministère omanais des Affaires étrangères. Oman et le Qatar sont les deux seuls pays du Golfe à abriter des représentations israéliennes. Une décision saluée par les Palestiniens qui ont appelé les pays arabes à rompre leurs liens avec Israël.

Plus spectaculaire, la visite à Bagdad du ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi. Une visite historique puisqu'il s'agit de la première d'un chef de la diplomatie iranienne en Irak depuis dix ans. Jeudi, alors qu'il se trouvait en Syrie, il a demandé aux pays arabes de faire preuve de «fermeté » à l'égard d'Israël.

De son côté la Ligue arabe a demandé la tenue d'une réunion d'urgence de la Commission des droits de l'homme de Genève. Elle est prévue le 17 octobre. L'Egypte, premier pays arabe a avoir fait la paix avec Israël, allié important de Washington, tente de se positionner en interlocuteur dans le conflit au Proche Orient. Après l'échec d'une première rencontre à Charm-el-Cheikh le 5 octobre dernier, boycottée par Israël, Le Caire a haussé le ton. Tandis que les manifestations en faveur de la Palestine se sont multipliées en Egypte, Hosni Moubarak a posé ses conditions à la tenue d'un nouveau sommet : le retrait des menaces et des ultimatums d'Israël à l'égard des Palestiniens et la mise en place d'une commission d'enquête internationale. C'est cette dernière condition, réclamée par les Palestiniens pour que toute la lumière soit faite sur le début des émeutes, qui avait provoqué l'échec du sommet de Paris, Israël ne souhaitant pas l'inclure dans le moindre accord de paix.

Enfin, réunie à Biarritz, l'Union européenne appelle à l'organisation urgente d'un sommet entre les protagonistes.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 13/10/2000