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Environnement

Une pollution durable et importante est <i>«improbable»</i>

Le Ievoli Sun a coulé avec 6 000 tonnes de produits chimiques parmi lesquelles 4 000 tonnes de styrène. Quels sont les risques de pollution ? Explications du docteur Robert Garnier, du centre anti-poison de l'hôpital Fernand Widal, à Paris.
Qu'est-ce que le styrène ? « Le styrène est un hydrocarbure. C'est un solvant, un produit réactif qui est surtout utilisé pour faire des matières plastiques diverses, la plus évidente c'est le polystyrène. Les gens qui fabriquent ou réparent leurs bateaux ou leurs planches à voile utilisent des résines polyester dont le solvant est le styrène. C'est un produit qui a les propriétés des solvants. Il peut, quand on est exposé à des concentrations élevées massives, donner des troubles de conscience. Il est irritant ».

Quels sont les risques de pollution marine ? « Maintenant il est dans les cales du navire, au fond de l'eau. Mais il peut réapparaître parce qu'il est plus léger que l'eau. Si les cuves fuient, il va remonter en surface. Comme c'est un produit volatile, il va commencer par s'évaporer. La plus grande partie va passer dans l'air. De ce point de vue là, je ne suis pas trop inquiet parce que ce qui va se volatiliser dans l'air va rapidement se disperser. Les concentrations que l'on va atteindre dans l'air seront trop faibles pour parler de risque préoccupant ».

Est-ce un polluant dangereux ? « On est en pleine mer, il y a du vent, donc il est peu probable que l'on ait des concentrations élevées de styrène, sauf pour les gens qui se trouveraient à proximité des nappes et de la zone de dégazage. Avoir des effets toxiques du styrène semble très improbable. Par ailleurs ce qui ne va pas s'évaporer rapidement va être polymérisé, et va former une matière plastique inerte sous forme de film. Il y en a une toute petite partie qui risque d'être absorbée par des êtres vivants dans l'eau, des coquillages, des crustacés, des animaux de la mer etcà Cµest quelque chose que l'on peut manger si les poissons l'ont mangé. Mais vu les propriétés physiques et chimiques du produit, il semble improbable que l'on ait une pollution importante et durable. Cela n'a rien à voir avec une pollution comme celle de l'Erika où l'on avait des hydrocarbures lourds qui étaient très persistants, très lentement biodégradables ».



par Propos recueillis par Sylvie  Berruet

Article publié le 02/11/2000