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Etats-Unis

Le sprint final

L'élection présidentielle de l'an 2000 est considéré comme la plus serrée que les Etats-Unis aient connu depuis 40 ans. A quelques heures du scrutin, nul ne peut dire quel candidat l'emportera et avec quelle marge.
De notre correspondante à Washington.

Les sondages ont donné au cours des deux dernières semaines un avantage ténu, mais régulier à George Bush. Cet indicateur est fragile. D'abord les sondages ont aux Etats-Unis une très grande marge d'erreur. Ils sont réalisés sur de petits échantillons qui ont du mal à prendre en compte la diversité de la société américaine. Ils n'enregistrent généralement que les tendances lourdes et nous ne sommes pas dans ce cas de figure cette fois-ci. D'autre part, les sondages ne mesurent que le vote populaire. Or les élections américaines ont lieu en deux temps. L'ensemble de la population vote pour élire les « grands électeurs » de chaque Etat.

Le vainqueur emporte la totalité des « grands électeurs », quel que soit son score. On peut par exemple gagner les 54 » grands électeurs » de la Californie avec 5 000 ou 1 million de voix d'avance. Ce système peut d'ailleurs produire une situation originale : que le président élu par le collège électoral ait en fait moins de voix que le vaincu ! Cela est déjà arrivé deux fois au XIXe siècle, et il n'est pas exclu que cela se reproduise cette fois-ci. Dans la dernière ligne droite, le souci des candidats est donc de gagner des Etats, et de préférence des Etats qui rapportent. Dans ce domaine Al Gore a un avantage. Il est assuré de remporter l'Etat de New York qui rapporte 33 « grands électeurs », il devrait gagner la Californie qui représente à elle seule 20 % du collège électoral, et il est bien placé en Pennsylvanie qui détient 23 votes.

Une fin de course très serrée

Pour remonter ce handicap George Bush doit s'assurer un ou deux grands Etats comme la Floride et le Michigan. Il se peut malgré tout que l'élection se décide au finish sur la côte Ouest, où deux Etats traditionnellement démocrates comme l'Oregon et l'Etat de Washington ont un scrutin ouvert.

On a beaucoup parlé dans les derniers jours de la campagne de l'irruption du candidat écologiste Ralph Nader. En fait il a toujours été dans la course, avec un objectif clair : prendre 5% des voix, le minimum requis pour assurer un financement fédéral à son parti. Les analystes sont en désaccord sur le poids réel de sa candidature. Il est minime par rapport à celui du parti de la réforme dans les élections précédentes. Le milliardaire texan Ross Perot avait littéralement assuré la première élection de Bill Clinton en 1992, en prenant 18 % des voix, essentiellement dans le camp républicain et avait raflé 8 % des voix lors de l'élection suivante. Dans le cas présent, Ralph Nader ne jouera un rôle que s'il fait basculer l'Etat qui fera la différence.

En fait à l'issue d'une campagne au cours de laquelle aucun des candidats n'a réussi à marquer un avantage décisif l'élection peut se jouer sur très peu de chose. C'est pourquoi les candidats ont effectué ces derniers jours une course folle à travers le pays pour mobiliser leurs troupes. Cette situation réjouit les amateurs de suspens, mais elle est tout de même très étonnante. Il est en effet surprenant qu'à l'issue d'une présidence réussie, comme celle de Bill Clinton et alors que le pays connaît une vague de prospérité sans précédant, le candidat du parti sortant n'ait pas un avantage considérable dans les sondages.



par Anne  Toulouse

Article publié le 07/11/2000