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Serbie

La Yougoslavie se trouve un gouvernement

Après d'interminables négociations, le nouveau président yougoslave, Vojislav Kostunica est parvenu à former un gouvernement de coalition dirigé par Zoran Zizic.
De notre correspondant dans les Balkans

La Yougoslavie a enfin un gouvernement. Après de longues tractations, le Parlement fédéral a accordé sa confiance à l'équipe conduite par Zoran Zizic, vice-président du Parti socialiste populaire (SNP) monténégrin, par 136 contre 19, alors que les deux chambres du Parlement fédéral comptent 178 sièges. Le précédent gouvernement fédéral était déjà dirigé par un cadre du SNP, Momir Bulatovic, mais ce parti a rompu son alliance avec les Socialistes de Slobodan Milosevic pour s'entendre avec l'Opposition démocratique de Serbie (DOS). Au sein de l'Assemblée fédérale, la DOS et le SNP disposent des deux plus importants groupes parlementaires, car le SNP ayant été, au Monténégro, la seule formation d'importance à prendre part aux élections du 24 septembre, il a obtenu quasiment tous les mandats revenant à la petite république. La DOS et le SNP se sont donc partagés les portefeuilles ministériels.

Homme clé du nouveau gouvernement, l'économiste d'opposition Miroljub Labus, vice-Premier ministre, aura pour tâche essentielle d'améliorer les relations économiques de son pays avec l'étranger. Il pourra compter sur l'appui du nouveau ministre des Affaires étrangères, Goran Svilanovic, leader de l'Alliance civique de Serbie (GSS), une des composantes de la DOS. Autre ténor de l'opposition, le très populaire maire de Nis, dans le sud du pays, obtient le portefeuille de l'Intérieur. Le SNP conserve les portefeuilles qu'il détenait déjà dans le précédent gouvernement, notamment ceux des Finances et de la Défense. Répondant aux revendications exprimées par des secteurs de l'opposition de plus en plus importants, le Président fédéral Vojislav Kostunica a d'ailleurs exclu, samedi, la perspective de purges massives dans l'Armée et la police.

Premier objectif : le retour de la Yougoslavie dans les instances internationales

Zoran Zizic a prononcé un discours programme devant le Parlement fédéral, insistant avant tout sur sa principale priorité, le retour de la Yougoslavie dans les institutions internationales. Il a également évoqué le développement des relations avec l'Union européenne, mais aussi avec les pays voisins de la Yougoslavie, notamment ceux issus de l'éclatement de l'ancienne Yougoslavie. Zoran Zizic a ainsi mentionné l'établissement de liens diplomatiques avec la Bosnie-Herzégovine. Autre chantier majeur de la nouvelle équipe yougoslave, la reconstruction du pays, et la restructuration de son économie. le gouvernement s'efforcera de mettre en £uvre un programme de privatisations et de modernisation de l'économie. Zoran Zizic s'est aussi prononcé en faveur de l'établissement de «relations harmonieuses» entre la Serbie et le Monténégro. A propos du Kosovo, il a souhaité une résolution de la crise basée sur les résolutions internationales et le respect de l'intégrité territoriale de la Yougoslavie, en réclamant une application «intégrale» de la résolution 1244 des Nations Unies. Aux yeux du nouveau Premier ministre, l'attitude actuelle des forces de l'OTAN dans la province et de la Mission des Nations unies au Kosovo «sont en totale contradiction avec cette résolution». Par contre, Zoran Zizic a expliqué que la coopération avec le Tribunal pénal international de La Haye «ne sera pas une priorité de son gouvernement ». La constitution de ce gouvernement de coalition a suscité la colère des réformateurs monténégrins, groupés autour du président de la petite République, Milo Djukanovic. La DOS, pour sa part, peut s'estimer satisfaite de la part du lion qu'elle obtient au sein du gouvernement, même si des voix sans cesse plus nombreuses au sein de l'opposition commencent à s'interroger sur la portée réelle des changements intervenus en Serbie.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 06/11/2000