Etats-Unis
Al Gore tire sa révérence
George W. Bush devient le 43e président des Etats-Unis. Le gouverneur du Texas se pose en rassembleur d'une nation éprouvée par 36 jours d'une bataille juridique acharnée. Le candidat démocrate Al Gore a vaillamment concédé une défaite sur le fil. Beau joueur, il a appelé hier soir les Américains à s'unir derrière leur nouveau président élu, en mettant de côté les querelles partisanes.
De notre correspondant à New York, Philippe Bolopion
Conforme à son personnage, Al Gore s'est comporté en bon élève. Et même en élève zélé. «Ce soir, pour le bien de l'unité de notre peuple et de la force de notre démocratie, je reconnais ma défaite, a concédé un vice-président décontracté vu les circonstances. J'accepte aussi ma responsabilité, que je mettrai toute entière au service du nouveau président élu. Et je ferai tout ce qui est possible pour l'aider à rassembler les Américains». Sans rechigner, Al Gore a courageusement fait ce qu'on attendait de lui : recoller les morceaux d'une Amérique en miettes.
«Je veux dire au président-élu Bush que ce qui subsiste de rancoeur partisane doit maintenant être mis de côté. Et que Dieu bénisse sa direction à la tête du pays, a poursuivi Al Gore. Ni lui ni moi n'avions prévu cette route longue et difficile. Certainement, aucun ne souhaitait que cela arrive. Mais cela est arrivé et maintenant, c'est fini, résolu comme cela doit l'être, par le biais des institutions respectées de notre démocratie». Respectées ? La décision de la cour suprême de Floride, dont les juges conservateurs ont décidé à une voix de majorité d'arrêter les décomptes manuels qui auraient pu sauver Al Gore, a pourtant été critiquée avec virulence.
Patriote plus que jamais, le vice-président a adressé un message au monde entier: «Je le dis à nos amis membres de la communauté internationale. N'interprétez pas cette lutte comme un signe de faiblesse de l'Amérique. La force de la démocratie américaine apparaît surtout dans les difficultés qu'elle surmonte.» Mieux, le Démocrate vaincu a trouvé l'énergie de plaisanter. «Il y a quelques instants j'ai parlé avec George W. Bush et je l'ai félicité d'être devenu le 43e président des Etats-Unis, a expliqué Al Gore. Et je lui ai promis que je ne le rappellerai pas cette fois-ci.» Car la nuit de l'élection, alors que Bush était donné gagnant, Al Gore l'avait déjà appelé pour le féliciter.
Une demi-heure plus tard, le résultat en Floride s'avérant plus serré que prévu, il rappelait le gouverneur du Texas pour revenir sur ses mots. Cette fois, le vice-président a réussi sa sortie.
Réconciliation nationale
Une heure plus tard, il s'agissait pour le nouveau président américain, George W. Bush, de réussir son entrée, lui aussi en direct sur les principales télévisions américaines. L'homme avait balisé le terrain. D'abord, il s'était bien gardé cette fois de crier victoire trop tôt, préférant laisser à Al Gore le loisir de quitter la scène élégamment. «Je n'ai pas été élu pour servir un parti, mais pour servir une nation, a expliqué sans surprise le candidat républicain. Notre nation doit s'élever (...). Je souhaite que la longue attente de ces cinq dernières semaines fasse monter le désir d'aller au-delà de l'amertume et de la partialité de ces derniers temps». Fort symboliquement, il s'est exprimé devant le parlement du Texas, où il a appris à coopérer en tant que gouverneur avec ses ennemis politiques. Le Texas, qui quelques jours auparavant battait le triste record du nombre d'exécutions de condamnés à mort (40) en un an dans un Etat américain.
«Nos votes peuvent être différents, mais pas nos espoir», a ajouté George W. Bush. Il se devait de rassembler, car sa victoire est maigre. Au niveau national, les Américains ont voté majoritairement pour Al Gore, qui remporte 337 000 voix de plus que le nouveau président, une première depuis 1888. Du côté des grands électeurs, il n'obtient la majorité que d'une seule voix, ce qui ne s'était pas vu depuis 1876. Du coup, sa victoire douteuse laisse à beaucoup un goût amer. Le militant noir des droits de l'homme Jesse Jackson a pris hier la tête d'un cortège de manifestants. En martelant que leurs votes avaient été «volés», il a promis que le combat continuait. Mais même pour le révérend, la messe est dite : le 20 janvier prochain, huit ans après le départ de son père, George W. Bush fera son entrée à la Maison Blanche.
Conforme à son personnage, Al Gore s'est comporté en bon élève. Et même en élève zélé. «Ce soir, pour le bien de l'unité de notre peuple et de la force de notre démocratie, je reconnais ma défaite, a concédé un vice-président décontracté vu les circonstances. J'accepte aussi ma responsabilité, que je mettrai toute entière au service du nouveau président élu. Et je ferai tout ce qui est possible pour l'aider à rassembler les Américains». Sans rechigner, Al Gore a courageusement fait ce qu'on attendait de lui : recoller les morceaux d'une Amérique en miettes.
«Je veux dire au président-élu Bush que ce qui subsiste de rancoeur partisane doit maintenant être mis de côté. Et que Dieu bénisse sa direction à la tête du pays, a poursuivi Al Gore. Ni lui ni moi n'avions prévu cette route longue et difficile. Certainement, aucun ne souhaitait que cela arrive. Mais cela est arrivé et maintenant, c'est fini, résolu comme cela doit l'être, par le biais des institutions respectées de notre démocratie». Respectées ? La décision de la cour suprême de Floride, dont les juges conservateurs ont décidé à une voix de majorité d'arrêter les décomptes manuels qui auraient pu sauver Al Gore, a pourtant été critiquée avec virulence.
Patriote plus que jamais, le vice-président a adressé un message au monde entier: «Je le dis à nos amis membres de la communauté internationale. N'interprétez pas cette lutte comme un signe de faiblesse de l'Amérique. La force de la démocratie américaine apparaît surtout dans les difficultés qu'elle surmonte.» Mieux, le Démocrate vaincu a trouvé l'énergie de plaisanter. «Il y a quelques instants j'ai parlé avec George W. Bush et je l'ai félicité d'être devenu le 43e président des Etats-Unis, a expliqué Al Gore. Et je lui ai promis que je ne le rappellerai pas cette fois-ci.» Car la nuit de l'élection, alors que Bush était donné gagnant, Al Gore l'avait déjà appelé pour le féliciter.
Une demi-heure plus tard, le résultat en Floride s'avérant plus serré que prévu, il rappelait le gouverneur du Texas pour revenir sur ses mots. Cette fois, le vice-président a réussi sa sortie.
Réconciliation nationale
Une heure plus tard, il s'agissait pour le nouveau président américain, George W. Bush, de réussir son entrée, lui aussi en direct sur les principales télévisions américaines. L'homme avait balisé le terrain. D'abord, il s'était bien gardé cette fois de crier victoire trop tôt, préférant laisser à Al Gore le loisir de quitter la scène élégamment. «Je n'ai pas été élu pour servir un parti, mais pour servir une nation, a expliqué sans surprise le candidat républicain. Notre nation doit s'élever (...). Je souhaite que la longue attente de ces cinq dernières semaines fasse monter le désir d'aller au-delà de l'amertume et de la partialité de ces derniers temps». Fort symboliquement, il s'est exprimé devant le parlement du Texas, où il a appris à coopérer en tant que gouverneur avec ses ennemis politiques. Le Texas, qui quelques jours auparavant battait le triste record du nombre d'exécutions de condamnés à mort (40) en un an dans un Etat américain.
«Nos votes peuvent être différents, mais pas nos espoir», a ajouté George W. Bush. Il se devait de rassembler, car sa victoire est maigre. Au niveau national, les Américains ont voté majoritairement pour Al Gore, qui remporte 337 000 voix de plus que le nouveau président, une première depuis 1888. Du côté des grands électeurs, il n'obtient la majorité que d'une seule voix, ce qui ne s'était pas vu depuis 1876. Du coup, sa victoire douteuse laisse à beaucoup un goût amer. Le militant noir des droits de l'homme Jesse Jackson a pris hier la tête d'un cortège de manifestants. En martelant que leurs votes avaient été «volés», il a promis que le combat continuait. Mais même pour le révérend, la messe est dite : le 20 janvier prochain, huit ans après le départ de son père, George W. Bush fera son entrée à la Maison Blanche.
Article publié le 14/12/2000