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Serbie

Les enjeux des élections législatives de Serbie

Les élections législatives anticipées de Serbie, ce samedi, devraient confirmer la défaite de Slobodan Milosevic et de son parti le SPS. Les sondages préélectoraux anticipent une victoire de la DOS, la coalition de 18 partis qui a conduit Vojislav Kostunica à la tête de la présidence de la Yougoslavie (Serbie et Monténegro) en septembre dernier.
Les électeurs de Serbie se rendent aux urnes pour que leur pays retrouve la santé économique et sorte de l'impasse. Le nouvel homme fort de la Serbie sera le flamboyant Zoran Djindjic. Ancien maire de Belgrade (1996-1997), féroce opposant de Slobodan Milosevic, il est dors et déjà désigné pour devenir le futur premier ministre de la république de Serbie.

Au delà des résultats de ce scrutin législatif, c'est l'ampleur et l'importance des problèmes qui se poseront au futur gouvernement de Serbie qui retiennent l'attention.

La tâche principale de la Serbie en tant que composante de la fédération sera de rétablir un dialogue avec le Monténégro. Celui-ci réclame un statut égal à celui de la Serbie au sein d'une fédération aux règles réactualisées. Mais si la Serbie et le Montenegro ne souhaitent plus cohabiter au sein d'une même fédération -donc en cas d'indépendance de la petite république dirigée depuis 1998 par le président Milo Djukanovic- le poste de Vojislav Kostunica perdrait toute sa légitimité. Plus de fédération, plus de président de la fédération. Il se retrouverait exactement dans la même posture que Mihail Gorbatchev à la fin de l'Union soviétique : détenteur d'un pouvoir vide.

Redresser l'économie

La République fédérale de Yougoslavie (RFY) fonctionne sur la base de plusieurs pouvoirs qui doivent être les uns et les autres valides pour qu'un certain équilibre soit réalisé.
Le pouvoir fédéral (entre les mains de Vojislav Kostunica et de la DOS) a la haute main sur la diplomatie, la politique monétaire et la défense de la Yougoslavie. La Serbie et le Monténégro disposent chacun d'un président, d'un parlement et d'un gouvernement.

Pour l'instant les électeurs de la DOS attendent que les alliés Kostunica et Djindjic fassent le nécessaire pour redresser l'économie. Celle-ci est dévastée par les guerres et les années de sanctions internationales. Les bombardements de l'Otan en 1999 ont encore aggravé la situation, détruisant notamment des infrastructures et des usines en sommeil, mais qui auraient pu aujourd'hui redémarrer.

C'est enfin sur le terrain des relations interethniques que le gouvernement serbe devra faire preuve de prudence et d'ouverture afin d'éviter de nouvelles partitions (Hongrois de Voivodine, Musulmans du Sandjak). D'inspiration démocratique, l'ensemble de la DOS, composée de 18 partis, inspire généralement confiance sur ce sujet.

La guerilla albanaise dans le sud de la Serbie concerne aussi le futur gouvernement serbe, surtout parce qu'il a le contrôle de la puissante police serbe, composée de 100 000 hommes et déjà déployée dans cette zone tendue.



par Laure  Hinckel

Article publié le 22/12/2000