Sénégal
La paix en Casamance est ajournée
Une cérémonie officielle de 50 minutes seulement, samedi 16 décembre à l'évêché de Ziguinchor, la « capitale » de la Casamance et quelques discours. La dernière « rencontre historique » entre le gouvernement sénégalais et les rebelles du MFDC ( Mouvement des forces démocratiques de Casamance) a apparemment tourné court, mais elle a permis de poser « les premiers jalons de la paix ». Une paix qui ne sera pas facile à négocier, après dix-huit années de guerre plus ou moins larvée et une demi-douzaine de cessez-le-feu jamais respectés.
Une table en T, des nappes blanches ornées de pétale de fleurs et une salle pleine à craquer. Pour la première fois depuis le début du conflit, toutes les parties se sont retrouvées sur le sol sénégalais pour discuter de la paix. D'un côté le ministre sénégalais de la défense, Youba Sambou, et de l'autre le leader charismatique des rebelles, l'abbé Augustin Diamacoune Senghor ; mais aussi deux « observateurs » de taille : la Gambie et la Guinée-Bissau.
D'emblée Diamacoune Senghor, qui dirigeait une délégation du MFDC composée de douze personnes, a mit les points sur les i. Après avoir réaffirmé son désir d'une « paix qui ne soit pas bricolée, ni bâtie sur les sables mouvants de l'irréalisme et de l'arbitraire », il a qualifié la réunion de « simple cérémonie protocolaire » qui marque « la reprise officielle des pourparlers ». Des pourparlers qui se tiendront plus tard, et - comme dans le passé - en dehors du Sénégal, selon les souhaits des « rebelles ».
Deux ailes, deux branches et deux fronts
Mais le leader du MFDC, qui avait accepté à contrec£ur que ces pourparlers se tiennent à Ziguinchor, a aussi déclaré que la paix pouvait revenir à une seule condition : que les forces armées sénégalaises se retirent sur les positions de 1982, et restent cantonnées dans trois casernes. Ce qui ne peut que détendre le climat et éviter d'autres affrontements meurtriers ; mais aussi permettre aux différents « courants » qui traversent le MFDC de s'implanter davantage, et éventuellement se mesurer entre eux. Le MFDC est en effet profondément divisé et compte actuellement deux « ailes » (une intérieure te une extérieure), deux « branches » (une politique et une combattante) et deux « fronts » ( le front sud, proche de la Guinée-Bissau et le front nord, proche de la Gambie).
D'autre part, pour la première fois l'abbé Senghor n'a pas utilisé le mot indépendance, qu'il réclame pourtant depuis près de 20 ans pour cette province qui autrefois faisait partie des possessions portugaises et est séparée du reste du Sénégal par la Gambie. Il a répété que « la Casamance ne voulait pas la guerre » et estimé que « dans la recherche de la paix , la Gambie et la Guinée-Bissau, garants et médiateurs, la France colonisateur, l'ONU et l'OUA, vu leur devoir d'arbitrage, restent incontournables », tandis que « le Sénégal ne doit pas être à la fois juge et partie ». Ce que le président Abdoulaye Wade ne devrait pas apprécier, lui qui a constamment dit que le problème casamançais devait être réglé entre Sénégalais et que le conflit ne devait pas être « internationalisé ».
Finalement, les délégations se sont séparées, sans communiqué conjoint ni déclaration commune. Mais des discussions informelles ont bien eu lieu, avant et après la rencontre. Selon le porte-parole du MFDC, Alexandre Djiba (présent à Ziguinchor alors qu'il disait il y a quelques jours qu'il n'y serait pas), « la barre avait été placée trop haut » et il ne fallait pas attendre plus de cette rencontre. Il a aussi dit que le MFDC avait aussi besoin de réunir, probablement en Gambie, son bureau national, pour harmoniser les différents positions avant la tenue de véritables négociations portant sur une douzaine de points précis, tels que le cessez-le-feu, la libération des prisonniers ou la restitution des armes.
De son côté le ministre sénégalais de la défense, Youba Sambou - lui même originaire de Casamance - s'est dit « très satisfait » de cette première rencontre « en terre sénégalaise », avant de préciser : « nous ne sommes pas allés directement dans l'examen de l'ordre du jour, nous voulons que le MFDC puisse se réorganiser, pour aller d'un seul bloc (aux futures négociations). La sensibilité diola (majoritaire en Casamance) fait qu'on marche à pas feutrés. Nous allons aller vite en ne nous hâtant pas ».
D'emblée Diamacoune Senghor, qui dirigeait une délégation du MFDC composée de douze personnes, a mit les points sur les i. Après avoir réaffirmé son désir d'une « paix qui ne soit pas bricolée, ni bâtie sur les sables mouvants de l'irréalisme et de l'arbitraire », il a qualifié la réunion de « simple cérémonie protocolaire » qui marque « la reprise officielle des pourparlers ». Des pourparlers qui se tiendront plus tard, et - comme dans le passé - en dehors du Sénégal, selon les souhaits des « rebelles ».
Deux ailes, deux branches et deux fronts
Mais le leader du MFDC, qui avait accepté à contrec£ur que ces pourparlers se tiennent à Ziguinchor, a aussi déclaré que la paix pouvait revenir à une seule condition : que les forces armées sénégalaises se retirent sur les positions de 1982, et restent cantonnées dans trois casernes. Ce qui ne peut que détendre le climat et éviter d'autres affrontements meurtriers ; mais aussi permettre aux différents « courants » qui traversent le MFDC de s'implanter davantage, et éventuellement se mesurer entre eux. Le MFDC est en effet profondément divisé et compte actuellement deux « ailes » (une intérieure te une extérieure), deux « branches » (une politique et une combattante) et deux « fronts » ( le front sud, proche de la Guinée-Bissau et le front nord, proche de la Gambie).
D'autre part, pour la première fois l'abbé Senghor n'a pas utilisé le mot indépendance, qu'il réclame pourtant depuis près de 20 ans pour cette province qui autrefois faisait partie des possessions portugaises et est séparée du reste du Sénégal par la Gambie. Il a répété que « la Casamance ne voulait pas la guerre » et estimé que « dans la recherche de la paix , la Gambie et la Guinée-Bissau, garants et médiateurs, la France colonisateur, l'ONU et l'OUA, vu leur devoir d'arbitrage, restent incontournables », tandis que « le Sénégal ne doit pas être à la fois juge et partie ». Ce que le président Abdoulaye Wade ne devrait pas apprécier, lui qui a constamment dit que le problème casamançais devait être réglé entre Sénégalais et que le conflit ne devait pas être « internationalisé ».
Finalement, les délégations se sont séparées, sans communiqué conjoint ni déclaration commune. Mais des discussions informelles ont bien eu lieu, avant et après la rencontre. Selon le porte-parole du MFDC, Alexandre Djiba (présent à Ziguinchor alors qu'il disait il y a quelques jours qu'il n'y serait pas), « la barre avait été placée trop haut » et il ne fallait pas attendre plus de cette rencontre. Il a aussi dit que le MFDC avait aussi besoin de réunir, probablement en Gambie, son bureau national, pour harmoniser les différents positions avant la tenue de véritables négociations portant sur une douzaine de points précis, tels que le cessez-le-feu, la libération des prisonniers ou la restitution des armes.
De son côté le ministre sénégalais de la défense, Youba Sambou - lui même originaire de Casamance - s'est dit « très satisfait » de cette première rencontre « en terre sénégalaise », avant de préciser : « nous ne sommes pas allés directement dans l'examen de l'ordre du jour, nous voulons que le MFDC puisse se réorganiser, pour aller d'un seul bloc (aux futures négociations). La sensibilité diola (majoritaire en Casamance) fait qu'on marche à pas feutrés. Nous allons aller vite en ne nous hâtant pas ».
par Elio Comarin avec AFP
Article publié le 18/12/2000