Proche-Orient
Clinton accentue la pression
Le président américain Clinton ne ménage pas sa peine pour tenter de parvenir à un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens, avant son départ de la Maison-Blanche, le 20 janvier prochain. Il met la pression sur les différentes parties et affiche un optimisme résolu quant à la possibilité d'une issue favorable, en dépit du regain de violence. Des violences qui ont fait, dimanche, de nouvelles victimes : le docteur Thabet Thabet, haut responsable du Fatah et directeur général du ministère palestinien de la Santé, a été tué par l'armée israélienne à Toulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. Un colon juif extrémiste a également trouvé la mort.
Les trois prochaines semaines seront décisives pour la paix au Proche-0rient et Bill Clinton y voit une occasion qui ne se représentera pas de sitôt, aux Israéliens et aux Palestiniens, de conclure un accord de paix. Reste à en convaincre les protagonistes car, de l'avis même du président américain, «il y a beaucoup d'ennemis de la paix au Proche-0rient, beaucoup de gens qui ont un intérêt au maintien du statu quo, de l'angoisse des Israéliens et de la misère abjecte de la population palestinienne».
C'est pourquoi, avant de quitter définitivement ses fonctions, il redouble d'activité et multiplie les entretiens téléphoniques, en dépit de l'annulation du sommet prévu à Charm el-Cheikh. Le président Clinton affirme que «le temps est venu d'en finir» et qu'attendre davantage pour parvenir à un accord ne ferait que rendre les choses plus difficiles. D'autant, ajoute-t-il, qu'on n'a jamais été aussi près de la solution.
De fait, les négociations se poursuivent. Le premier ministre israélien Ehoud Barak s'est entretenu au téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie. Toutefois, les violences continuent en Israël et dans les territoires palestiniens : un attentat à la bombe contre un autobus, jeudi, a fait 13 blessés à Tel-Aviv, tandis qu'une autre bombe, revendiquée par le Jihad islamique en Palestine, a tué deux soldats israéliens. Réaction immédiate, le gouvernement israélien a ordonné le renforcement du bouclage de la Cisjordanie et de Gaza.
Sommet annulé
Pas de rendez-vous avec l'histoire ce jeudi 28 décembre. Le plan de paix Clinton n'a reçu l'accord prélimilaire ni de la part des Palestiniens ni des Israéliens. Le président égyptien Hosni Moubarak a rencontré jeudi le président palestinien Yasser Arafat au Caire.
Les Palestiniens veulent un «accord détaillé» garantissant la «continuité géographique» de leur territoire et refusent les propositions américaines qu'ils jugent trop vagues, a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat.
Tôt jeudi matin le conseiller du Premier ministre israélien pour les affaires de sécurité avait de son côté affirmé qu'Israel ne signerait pas «un accord qui transférerait la souveraineté sur l'Esplanade des mosquées aux Palestiniens».
C'est une fois de plus la question de la souveraineté sur le Mont du Temple qui a fait achopper les préparatifs aux négociations. Le Mont du Temple est ainsi nommé par les Juifs mais on connaît ce lieu aussi sous le nom musulman d'Esplanade des mosquées. Située dans Jerusalem-est, cet endroit est un lieu saint pour les deux religions et se trouve occupé et annexé par Israel depuis 1967.
Le compromis proposé par Bill Clinton prévoyait une souveraineté palestinienne sur les quartiers arabes et israélienne sur les quartiers juifs. Quant au point névralgique du Mont du Temple, des sources évoquaient une «souveraineté en profondeur». L'esplanade devait revenir aux Arabes, le sous-sol et les vestiges du temple dont ne subsiste que le mur des Lamentations, aux Juifs. Mercredi matin les dernières demandes de précisions des Palestiniens aux Américains portaient encore sur la faisabilité de ce partage.
Comme l'avaient prévu les plus réalistes, «un accord final nécessitera encore plus d'efforts car il devrait comprendre des centaines de pages.» Un proche collaborateur d'Ehud Barak affirme que les propositions du plan Clinton «n'étaient pas détaillées.»
Les contacts vont pourtant se poursuivre, même si on n'en connait pas les détails. A la veille de ce sommet l'optimisme n'était déjà pas de mise.
La presse syrienne était quant à elle des plus négatives : «les propositions américaines portent en elles les germes de l'échec et n'aboutiront pas à des résultats même si le gouvernement israélien de Ehud Barak et l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat les acceptent», affirmait al-Baas, organe du parti au pouvoir. «Les Etats-Unis ne comprennent pas le conflit israélo-arabe, puisque les propositions qu'ils avancent ignorent totalement les principes les plus importants sur lesquels le processus de paix est basé, à savoir le retrait d'Israël jusqu'aux lignes du 4 juin 1967, y compris de Jérusalem et le droit au retour inconditionnel des réfugiés palestiniens», ajoutait al-Baas. Le retour des réfugiés est une revendication essentielle des Palestiniens. Ils plaident pour le droit au retour des quelque
3,7 millions de réfugiés palestiniens dispersés depuis 1948, pour la plupart dans les pays arabes.
De leur côté on voyait mal comment les Israéliens pouvaient l'accepter alors «que les Palestiniens sur leur territoire pourraient absorber leur diaspora » relèvait la presse de gauche en Israël. Selon un sondage publié mercredi par le Jérusalem Post, 52% des Israéliens sont hostiles à ce plan, alors que 38% y sont favorables et 10% sans opinion.
LAURE HINCKEL et
FRANCINE QUENTIN
C'est pourquoi, avant de quitter définitivement ses fonctions, il redouble d'activité et multiplie les entretiens téléphoniques, en dépit de l'annulation du sommet prévu à Charm el-Cheikh. Le président Clinton affirme que «le temps est venu d'en finir» et qu'attendre davantage pour parvenir à un accord ne ferait que rendre les choses plus difficiles. D'autant, ajoute-t-il, qu'on n'a jamais été aussi près de la solution.
De fait, les négociations se poursuivent. Le premier ministre israélien Ehoud Barak s'est entretenu au téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie. Toutefois, les violences continuent en Israël et dans les territoires palestiniens : un attentat à la bombe contre un autobus, jeudi, a fait 13 blessés à Tel-Aviv, tandis qu'une autre bombe, revendiquée par le Jihad islamique en Palestine, a tué deux soldats israéliens. Réaction immédiate, le gouvernement israélien a ordonné le renforcement du bouclage de la Cisjordanie et de Gaza.
Sommet annulé
Pas de rendez-vous avec l'histoire ce jeudi 28 décembre. Le plan de paix Clinton n'a reçu l'accord prélimilaire ni de la part des Palestiniens ni des Israéliens. Le président égyptien Hosni Moubarak a rencontré jeudi le président palestinien Yasser Arafat au Caire.
Les Palestiniens veulent un «accord détaillé» garantissant la «continuité géographique» de leur territoire et refusent les propositions américaines qu'ils jugent trop vagues, a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat.
Tôt jeudi matin le conseiller du Premier ministre israélien pour les affaires de sécurité avait de son côté affirmé qu'Israel ne signerait pas «un accord qui transférerait la souveraineté sur l'Esplanade des mosquées aux Palestiniens».
C'est une fois de plus la question de la souveraineté sur le Mont du Temple qui a fait achopper les préparatifs aux négociations. Le Mont du Temple est ainsi nommé par les Juifs mais on connaît ce lieu aussi sous le nom musulman d'Esplanade des mosquées. Située dans Jerusalem-est, cet endroit est un lieu saint pour les deux religions et se trouve occupé et annexé par Israel depuis 1967.
Le compromis proposé par Bill Clinton prévoyait une souveraineté palestinienne sur les quartiers arabes et israélienne sur les quartiers juifs. Quant au point névralgique du Mont du Temple, des sources évoquaient une «souveraineté en profondeur». L'esplanade devait revenir aux Arabes, le sous-sol et les vestiges du temple dont ne subsiste que le mur des Lamentations, aux Juifs. Mercredi matin les dernières demandes de précisions des Palestiniens aux Américains portaient encore sur la faisabilité de ce partage.
Comme l'avaient prévu les plus réalistes, «un accord final nécessitera encore plus d'efforts car il devrait comprendre des centaines de pages.» Un proche collaborateur d'Ehud Barak affirme que les propositions du plan Clinton «n'étaient pas détaillées.»
Les contacts vont pourtant se poursuivre, même si on n'en connait pas les détails. A la veille de ce sommet l'optimisme n'était déjà pas de mise.
La presse syrienne était quant à elle des plus négatives : «les propositions américaines portent en elles les germes de l'échec et n'aboutiront pas à des résultats même si le gouvernement israélien de Ehud Barak et l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat les acceptent», affirmait al-Baas, organe du parti au pouvoir. «Les Etats-Unis ne comprennent pas le conflit israélo-arabe, puisque les propositions qu'ils avancent ignorent totalement les principes les plus importants sur lesquels le processus de paix est basé, à savoir le retrait d'Israël jusqu'aux lignes du 4 juin 1967, y compris de Jérusalem et le droit au retour inconditionnel des réfugiés palestiniens», ajoutait al-Baas. Le retour des réfugiés est une revendication essentielle des Palestiniens. Ils plaident pour le droit au retour des quelque
3,7 millions de réfugiés palestiniens dispersés depuis 1948, pour la plupart dans les pays arabes.
De leur côté on voyait mal comment les Israéliens pouvaient l'accepter alors «que les Palestiniens sur leur territoire pourraient absorber leur diaspora » relèvait la presse de gauche en Israël. Selon un sondage publié mercredi par le Jérusalem Post, 52% des Israéliens sont hostiles à ce plan, alors que 38% y sont favorables et 10% sans opinion.
LAURE HINCKEL et
FRANCINE QUENTIN
Article publié le 31/12/2000